Biographie

Menomena

Trio Indé formé au tournant de l'an 2001 à Portland, Menomena a fait petit à petit son trou depuis la parution de l'original I Am The Fun Blame Monster! (anagrame de The First Menomena Album) après seulement un peu plus de deux ans d'exitence. A noter que les membres ont pour particularité de n'avoir aucun instrument attitré lors des phases d'enregistrement, ce qui n'arrange probablement rien au coté quelque peu bricolé de leur musique. Aujourd'hui fort de trois albums (dont un, Under An Hour, a été composé en accompagnement d'une performance de danse) de mieux en mieux accueillis, d'un style et d'un personalité singulière (cf leurs divers clips), le groupe s'impose de plus en plus comme une des foramtions à suivre en matière d'indie ambiancé.

Chronique

I Am The Fun Blame Monster! ( 2003 )

Menomena, est un petit peu le vilain petit canard de l’Indie / Post Rock. A première vue, pas un puriste de l’envolée arpégée n’en voudrait : Indie déglingué, pas franchement clone de GY!BE dans l’âme et en fin de compte difficilement logeable dans une case, le groupe a de quoi intriguer, il faut bien dire. Suite à une adolescence emplie de démos bricolées mais passée dans l’ombre, I Am The Fun Blame Monster! est la première tentative d’envol pour le groupe originaire de l’Oregon.

Regardé comme une curiosité par quelques mélomanes avertis depuis sa plus tendre enfance, Menomena décolle donc avec ce que l’on prendra d’abord pour la maladresse du débutant. On cherche l’accroche, la mélodie qui permettra l’envolée magnifique et au lieu de ça nous voici avec une ligne de basse rondelette accompagnée par une batterie qui pourrait être un jouet d’enfant, que rattrapent pêle mêle et à l’arrachée une voix espiègle et un piano simpliste probablement échappé d’une comptine… Il doit y avoir erreur de casting se dit-on alors. Pire, ces types savent à peine jouer ensemble pour nous proposer ces fameuses nappes ambiancées que nous sommes venus chercher.
Pourtant, au  bout de l’incrédulité, arrive une évidence. Alors que rien ne semble devoir fonctionner, notre pied lui a déjà tout compris et commence à battre la mesure en rythme sur les compositions décalées du combo pendant que l’esprit s’évade sans le moindre effort. Effectivement, l’erreur de casting est là : Menomena n’a pas  grand-chose à faire dans le monde du Post Rock étiré, triste et/ou mielleux, ni nulle part ailleurs, probablement. Il ne faut finalement que peu de temps pour s’en rendre compte.

Commence alors un tout nouveau disque. Débarrassées de préjugés faussés, les écoutes suivantes se font nettement plus claires. On est touché par la simplicité éhontée avec laquelle ce groupe de rien du tout joue au sens premier du terme (avec nos émotions). Ca sent la langue tirée, la mutinerie enfantine, les sucreries douces amères. Menomena sont de sales gosses et osent tout avec le culot merveilleux qu’est celui de nos têtes blondes, grillant les fusibles de l’indie et faisant sourire avec malice le Post Rock, conscients de nous jouer un mauvais tour. Les trois américains font se côtoyer un brin de dissonance ("The late great libido"), une touche de mélancolie ("Oahu") et une pincée de groove tantôt délicat et grave ("Rose"), tantôt effronté ("Cough coughing" qui ouvre l’album) – parfois au sein d’un même morceau ("Trigga hiccups") - avec une fausse austérité qui pourrait être celle de Xiu Xiu. Guitare et basse croisent ici saxophone, batterie, xylophone, clavier dans une joyeuse communion, un peu à la manière d’une de ces fêtes d’anniversaire de notre enfance, patchworks de petites histoires d’un après midi, où chacun attend invariablement le moment crucial de l’arrivée pourtant sans surprise du gâteau. Et il arrivera bien entendu. "The monkey’s back" se présente alors, comme un dernier ped de nez. Un titre étiré de près de 9 minutes, bien loin des formats très pop de ses 8 devancières, introduit sur un ton ouvertement jazz et qui se développera sur un mode autrement plus dense que le reste de l’album en allant jusqu’à faire fleurir du riff et de la distorsion si longtemps retenus, et nous offrir une montée purement Post Rock là où on ne l’attendait pour le coup absolument plus. L’art même du contrepied.

Menomena creuse son sillon là où nous ne les aurions jamais vus, découpe, recolle, gribouille et semble tout faire pour, toujours, feinter l’auditeur. C’est tout du moins ce que l’on aimerait croire. La vérité est probablement ailleurs et autrement plus simple pour ce groupe qui, si on y regarde bien, développe tout simplement son art singulier du son, fidèle à ce qu’il est. Soit juste foncièrement décalé et badin, sans la moindre trace de vulgarité ou de révolte. Enfantin vous dis-je…

A écouter : Pour sa fraicheur