Maybeshewill est un groupe unique en son genre. On peut l’affirmer à l’écoute de leur musique qui ne correspond à aucune étiquette fixe. Si les influences de Post Rock et de Math rock sont bien présentes, l’identité propre de Maybeshewill est infiniment plus complexe. Fair Youth, le dernier né des Anglais de Leicester, était attendu de pied ferme par une communauté de fans déjà bien présente et il faut bien l’avouer, si l’on a tous eu cette sensation de plaisir et d’impatience au moment où l’on insère le CD dans le lecteur, la crainte d’être déçu reste pesante.
Les musiciens possèdent un style unique dans lequel des montées en puissance cataclysmiques sont opérées grâce à une alchimie très précise entre la saturation des guitares, la clarté des notes du piano et le martèlement de la batterie. Ces explosions n’ont d’égales que leurs redescentes vertigineuses qui plongent dans un univers calme et chaud. Cette intensité qui emporte nécessairement le cœur est la marque de fabrique d’un groupe qui n’a pas le temps de dorloter l’auditeur. Tout s’enchaîne très vite avec une aisance qui laisse pantois. Le calme succède à la tempête et ainsi va le monde comme la musique de Maybeshewill…
Après avoir traversé des passages de colère, de mélancolie ou de contemplation dans les albums précédents, Maybeshewill fait passer ici un message d’innocence. Étonnant … et efficace. Les phases survoltées ont fait place au calme, bien que les variations soient toujours présentes. Ici point de violence, les guitares se désaturent, le piano est largement mis en exergue, bref le quintet s’est calmé. La référence à la jeunesse dans le titre de l’album est très claire et diablement bien représentée. L’apparition d’instruments à vent donne une ambiance particulière à l’album, ces longues plages sonores détendent et font sourire, les variations se font sans accélération. L'utilisation du violon et de l’accordéon vient renforcer ces sensations de calme et de pureté. Même les morceaux plus rapides sont vite rattrapés par de longs arpèges rêveurs (Waking Life, Permanence). La douceur que dégage cet album surprend et peut même faire reculer un auditeur qui s’est habitué à prendre d’énormes morceaux de puissance dans les dents (To the Sky From a Hillside dans l’album I Was Here For A Moment, Then I Was Gone). Ce côté plus « accessible » est entièrement assumé et l’image d’un enfant joueur et souriant correspond parfaitement à cet album surprenant.
Avoir la capacité de faire des choix est une qualité rare et indéniable chez les groupes qui ont atteint un certain degré de notoriété au sein d’une scène particulière. S’étant taillé une place dans le monde du post-rock grâce à l’explosion de sensations fortes, la surprise de cet album est de taille. Fair Youth est un album de qualité, bien équilibré et qui a un parti pris original et intéressant. Si le talent de Maybeshewill était encore à prouver, ce n’est maintenant plus le cas, ils montrent un savoir-faire incroyable dans la création d’ambiances uniques et envoûtantes. Fair Youth est la création d’un groupe mature qui n’hésite pas à explorer de nouveaux horizons.
A écouter : Waking Life - Permanence