Pouvoir émerger en évoluant dans des genres vieux de plusieurs décennies n'est pas forcément aisé pour un groupe. Bardés de références, nos zicos du jour ont simplement laissé parlé la passion et les amplis sans chercher à réinventer quoi que ce soit.
Avec ce premier long format du nom de Moloch, Masses laisse de côté le « Plus c'est long plus c'est bon » et va droit au but avec ses titres qui dépassent rarement les trois minutes. Juchés entre le Post-Punk, le Deathrock et d'autres variantes du Rock sombre, les quatre Australiens évoquent Bauhaus, Joy Division, parfois Sonic Youth dans les guitares (Revenant). Sortez une prod' garage, des six-cordes froides et gonflées au chorus, de l'écho dans les micros et nous voilà en plein revival. Et si des gars comme feu In Solitude ou Beastmilk savent habilement remettre ces sonorités au goût du jour, ça ne reste pas donné à tout le monde. Mais ce serait compter sans ce duo masculin et féminin au chant qui fait tout le sel de cet opus. D'un côté, ce James au timbre totalement en accord avec les genres sus-cités, à la fois sombre et animé par une énergie contagieuse (notamment sur le beaucoup trop court Crosses); de l'autre Nellie qui fait contrepoids de ses vocalises rassurantes et chaleureuses qui hantent le sublime Sirens. Une complémentarité qui enrichit bien des morceaux, servant parfois la hargne Punk (Providence), ou des mélodies plus enjouées comme sur Moloch et son refrain presque Pop (noire).
Sans surprise, rien de révolutionnaire avec ce disque marqué par son amour du passé. Celui-ci a tout de même le mérite de proposer son lot de titres intéressants, immédiats, et souvent trop courts pour nous rassasier complètement. En l'espace de 26 minutes, Masses déploie sa verve sur Paranoid ou The Centre Cannot Hold, titres équilibrés par The Wall et Sirens. Ce dernier place d'ailleurs Nellie sur le devant de la scène, qui lorsqu'elle s'empare du micro adoucit une atmosphère dominée par l'amertume dans la voix de James. Mais on retiendra également le final qu'est Eternal et ses envolées en duo lors du refrain, une piqûre de rappel suffisamment efficace pour s'abreuver encore une fois de ce premier effort décidément entêtant.
Mêlant un amour de l'old-school et son aspect brut et direct, le quatuor de Melbourne livre un Moloch qui s'écoute avec plaisir pour ses morceaux sans détours et ses clins d’œil non-dissimulés aux fantômes du Rock sombre.
L'album est en téléchargement libre sur bandcamp.