Une fève des calligraphistes pour commencer. The Profit Feeds au lieu de The Prophet Feeds, titre véritable choisi par Masakari. Vu l'artwork moche mais révélateur, on aurait pu s'en douter. Pas totalement une erreur, ni un lapsus car, qu'importe au final, la différence entre les deux forces - religieuse et économique - n'est pas si énorme et l'objectif d'aliénation reste le même.
Après le surpuissant Eden Compromised 7", Masakari passe la surmultipliée. Un gatefold comme carte de visite avec une interprétation originale du darwinisme en illustration intérieure, mais surtout un lit de braises dont la brutale incandescence surprendra dès la première écoute. Pas de révolution chez Masakari, on est en terrain connu. Le soucis unique de tirer les premiers et sans trop de fioritures, tendance générale d'un crust ricain depuis deux ou trois ans qui a décidé de revenir a quelque chose de plus instinctif quand la scène européenne continue à se trancher les veines. Dix psaumes comme autant de bûches qui éclatent à la gueule dès "XVI Rapid Dominance" pour une déferlante de rage d-beat cisaillée de blast qui mettra sur le cul pour peu qu'on ne cherche pas autre chose chez Masakari ("X Pain Conceived as a Tool").
On ne cantonnera pas toutefois le quintet de Cleveland dans le registre bûcheron du Grand Nord, d'autant plus que la mélodie occupe une grande part de The Prophet Feeds. Des tournures acides et agressives pour un ensemble assez touffu rappelant aisément Tragedy ou His Hero Is Gone, devenant plus saisissantes et même plus personnelles lors des changements de registre, quand le tempo ralentit ("Outro") ou même s'arrête comme sur l'épilogue de "XIV The Voiceless".
Le vent souffle dans les voiles de Masakari qui, entre sa grande tournée européenne et ce premier album, enchaîne les bons coups. The Prophet Feeds constitue une bonne séance de rattrapage si vous les avez ratés sur la route.
Tracklist : 1. XVI Rapid Dominance*, 2. X Pain Conceived as a Tool, 3. XI Nausea, 4. XII Abandoned, 5. VIII Echoes, 6. XIV The Voiceless, 7. IX Tempt Providence, 8. XIII Salvation Reigns, 9. XV Echelon, 10. Outro
@twk : Je tiens à te signaler que c'est toi qui fait baisser la note du skeud avec ton 13/20. Pour ma part je l'ai trouvé excellent. Après, je vois pas trop le rapport entre ne pas être à la mode et dessiner des trucs moches. Entre les deux il y a quand même une marge. Des illustrations dans le genre de Masakari, il y en a à la pelle dans le punk.
@twk 2 : Il n'y a rien de chiant dans le fait d'avoir une discussion argumentée. On est d'accord qu'il est préférable d'avoir une pochette qui dit quelque chose qu'une vide de sens. Toutefois, dans le punk un artwork avec un message çà reste quand même le minimum syndical et je trouve que trop de formations s'en contentent. Un peu comme si elles avaient la crainte de démontrer une ambition artistique ou de n'être pas comprise. Pour ma part je préfère l'illustration qui m'interpellera, qui ne se dévoilera pas au premier regard, qui me poussera à en savoir davantage. Je ne trouve pas que l'artwork soit secondaire dans un album, pour moi c'est un tout. Une illustration bâclée gâtera mon plaisir. J'y survivrais mais il me manquera quelque chose. Je ne suis pas dessinateur, je suppose que çà représente pas mal de boulot, mais bon je trouve quand même que Masakari s'est pas foulé. Après ce n'est que mon avis.