Marvin

Noise Rock

France

Hangover The Top

2010
Type : Album (LP)
Labels : Africantape

Chronique

par Senti

A l'heure où j'écris ces quelques lignes désormais obsolètes, Marvin doit remplir les stades de foot, jouer sur les plateaux TV dominicaux et avoir sa propre sonnerie pour smartphones dernier cri. Ou pas. Mais parfois, c'est tout à fait ce qu'on pourrait croire tant Marvin semble susciter une forme de jalousie auprès de certains irréductibles pisse-froids. C'est un fait, le trio montpelliérain agit comme un aimant sur un public toujours plus nombreux et glane les retours dithyrambiques de toutes parts. Cette grosse dose de sympathie et ces agréables retombées, Marvin est allé les chercher au forceps et à la sueur, en enquillant les concerts sauvages et les séances de répétition jusqu'à la crampe. Je crois bien que ce deuxième album - sorti en 12"/CD sur Africantape (Aucan, Extra Life) avec un superbe visuel - balaye d'un revers le seul bémol exprimé dans la précédente chronique, à savoir ce sentiment pas forcément désagréable de toujours tirer sur les mêmes ficelles comme un élève bien appliqué.

Fred, Greg et Emilie, aidés de leur insatiable optimisme, se sont décidés à écarter les murs de leur piaule d'étudiant. L'espace et l'air qu'ils se sont donnés, ils peuvent désormais pleinement en profiter. Hangover The Top est le genre d'album, qui sans donner son aval à n'importe quoi, sait se laisser adroitement porter par tous les préfixes que l'on peut voir ou entendre avant le mot ROCK. Noise, kraut, post, punk, electro, [...], hard ? Voilà, mais on peut encore enrichir la liste. "Roquedur", l'excellente ouverture aux faux airs de Superbeatnik, justifie pleinement les bandanas affichés sur scène et met immédiatement le doigt sur ce désir de ne fermer aucune porte. Un désir qui semble être en réalité une nécessité à l'expansion de Marvin, ou en allant plus loin, une mutation pulmonaire vitale pour ne pas crever la bouche ouverte, asphyxié par un air devenu trop vicié.
Dès lors. Beau comme un sou neuf et les doigts branchés dans la prise, Marvin joue toujours du Marvin pur jus, à grandes lampées de claviers KORG MS-20 (il y en a maintenant deux) et de vocoder, mais d'une manière infiniment plus libertaire et désinvolte, matérialisée par l'apparition d'une voix qui hurle son avidité d'affranchissement et d'indépendance. Avec un humour décapant jamais vulgaire, des clins d'œil jusque dans les noms/thèmes des morceaux ("Conan le Bästard") et une technicité nettement revue à la hausse, Marvin exécute une danse moderne et épique à l'esprit fédérateur intact qui n'a pas son pareil dans l'hexagone. Il n'y a finalement que le dernier titre de ce disque over the top, une reprise de Brian Eno ("Here Come The Warms Jets" - 1974), qui peut laisser dubitatif. Mais là encore, la référence à ce morceau mariant une flopée d’anciennes et nouvelles tendances de l'époque, est loin d'être anodine. C'est exactement ce que Marvin réalise, aujourd'hui.

16

Tracklist : 1.Roquedur 2.Au 12 3.Dirty Tapping 4.Reste Bien Tranquille 5.Conan Le Bastard 6.Good Radiations 7.Moustache 34 8.Fear 9.Here Come The Warm Jets (Brian Eno cover)

Les critiques des lecteurs

Moyenne 14
Avis 1