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Biographie

Martyrdod

Formation suédoise de crust/metal originaire de Gothenburg, Martyrdöd est un quatuor au sein duquel évolue notamment Mickael Kjellman (Skitsystem, Sanctuary In Blasphemy).
A ce jour la formation a enregistré trois albums et signe son retour en 2009 avec Sekt alors que deux des membres du groupe sont entre temps allé élargir leurs horizons avec Agrimonia.

Chronique

15.5 / 20
1 commentaire (16/20).

Sekt ( 2009 )

Martyrdöd n’est pas la moitié d’un groupe extrême. Rien qu’à voir le lineup on se doute que les suédois ne sont pas vraiment là pour faire de la musique d’ascenseur et discuter point de croix. Donc, quand le supergroupe reprend du service en l’an 2009, dur de s’attendre à autre chose qu’à une nouvelle vomissure crust sauce scandinave à la face du monde. Un disque sans compromis, un pavé plus tassé que de raison qui sent l’épuisement : c’est ce que doit être Sekt. On parle quand même de Martyrdöd hein…

Les suédois ne maintiennent pas bien longtemps le suspens quant à leurs intentions en ouvrant sur "Livets strängar dödsackord". Aussi brièvement introduit qu’indélicat et abrasif ce titre s’encaisse tout du long, dans la grande tradition de la sauvagerie Martyrdöd, plus qu’il ne s’écoute. Ce D-Beat sur-gavé de (Death) Metal est reconnaissable entre mille malgré sa linéarité exemplaire. En un mot : fort en caractère et plutôt carrément jouissif. Et pourtant cette fois, Martyrdöd, dès l’ouverture, va de passer la seconde. Enfin. Oui, trois fois oui!!
Le quatuor lâche son créneau de la sauvagerie pure pour nous servir une compo plus élaborée que la moyenne, doublée, visiblement, d’un travail d’ambiance. Certes ce premier titre est une véritable déclaration de guerre mais les suédois, non contents de déjà posséder une force de frappe hors norme et de qualité constante, semblent désormais bien décidés à user de stratégie au cours de leurs raids.
Sekt va être une vraie boucherie.

Ce démarrage quasi inattendu n’a pas pour autant pour objectif de faire oublier l’excellent In Extremis, loin de là. Sekt est un album intenable (insupportable?), et nos furieux n’ont toujours pas abandonné leur Crust préhistorique n’hésitant d’ailleurs pas à hausser le ton dès "Nåd", se faisant encore plus rapides et brutaux. Les amateurs prennent le mur de son en pleine face, muscles tendus, arc-boutés afin de laisser passer l’orage alors que les coups pleuvent, les autres… sont, eux, déjà loin vaincus ou écœurés.
Déclamation titubante chantée - oui, chantée - à l’arrachée ("Kärleksmässan", "Sekt"), soli ("6 grader till helvetet", "Sekt"...), petit pas chaloupé et envolée sortie d’Ultima Thulée comme une touche de raffinement au cœur du carnage "Död åt vek punk", mid-tempo écrasant, dévastateur et dégoulinant de noirceur tout droit hérité de l’expérience Agrimonia ("Vanmakt"), insertion de guitares ambiancées ("Stormfödd")… à mesure que Sekt avance, on ne finit plus de noter chez Martyrdöd une progression à tous les niveaux. La classe version crust, assurément - j’assume l’ambigüité du concept. L’association des quatre suédois est devenue un monstre, une entité intelligente dotée d’une férocité sans pareil et d’un savoir faire peu commun. Une nouvelle couche de ténèbres vient combler le manque laissé par un degré de sauvagerie faussement en baisse. Agrimonia, encore une fois.
Un peu plus d’une demi-heure après avoir démarré avec pertes et fracas, Sekt vient mourir à nos pieds sur un râle immonde. C’est moins urgent et rock’n’roll que par le passé mais la démonstration de force est impressionnante.

En ouvrant son concept à la modernité Martyrdöddevient clairement une formation désormais promise à jouer les tous premiers rôles sur la scène extrême suédoise. Se transformer, grandir sans dévier d’un centimètre de la voie des débuts, sans se trahir, est le grand tour de force de cet album. L’écoute est épique, certes, mais ce genre de brulot hyper inspiré n’est pas si courant qu’il en a l’air, même sous le ciel scandinave. Ca vaut bien quelques minutes de bordel, non?

A écouter : d(ans l)'urgence