Mantar
Sludge

The Modern Art Of Setting Ablaze
Chronique
Réglé comme un coucou suisse le duo hambourgeois pond une nouvelle collection de titres bouillants, incandescents, creusant toujours plus le sillon d’un sludge/punk belliqueux et blackisé, sans pour autant bouleverser les habitudes qui nous enjaillent depuis la branlée Death By Burning. On sentait tout de même une sensible évolution avec Ode To The Flame, où la guitare s’autorisait quelques inspirations bienvenues et effets de manche opportuns, tendant davantage vers le noir metal, notamment sur les atmosphères. The Modern Art Of Setting Ablaze traîne ses guêtres en des contrées similaires mais s’évertue à pousser le bouchon vocal, optimisant l’accent keupon (et teuton) d’un retour en forme et à fond.
Mantar a décidément une certaine affinité avec l’élément préféré des pyromanes, central et décliné sur chaque itération, soit autant de manières de dompter le bouzin, des brûlures au quatrième degré plein les paluches. Ce troisième album n’attend rien ni personne pour foutre le feu, érigeant cette pratique au rang d’art moderne, attisée par un frappeur/fracasseur toujours aussi bûcheron et un guitariste possédé, pourvoyeur de crasse vocale amplifiée.
Faux calme avant la tempête The Knowing introduit doucement le propos non sans menace sous-jacente, pour rapidement sombrer dans l’Age de l’Absurde, affichant une densité accrue. L’ambiance est chargée de souffre et de sang carbonisé, Seek + Forget casse des gueules à base de lourd metal enduit d’urgence punk, et ainsi nous crachâmes naturellement son refrain, avec force et vigueur. Plus loin l’incursion nordique et mythologique Midgard Serpent (Seasons of Failure) nous embarque dans les aventures à dos de serpent-monde, sur lequel les riffs épiques viennent se percuter, bien que le gigantesque bestiau demeure impassible, faisant même état d’une certaine sagesse. Musicalement le ton sera quasi identique au sein de la Dynasty of Nails, les clous étant précautionneusement rouillés, démonstration d’un taf de composition fourni et audacieux. On remarque alors que Mantar s’est définitivement attelé à associer toutes ses sensibilités sur environ chaque morceau, via une six cordes fluctuante, jonglant habilement entre parties absolument écrasantes, accélérations thrash/punk voire speed metal par instants (les démentiels Obey The Obscene et Anti Eternia), s’obstinant à fixer un décor d’arrière-plan résolument noir, en tout cas peu enclin au positivisme. Les Allemands prennent soin de nous achever dans l’alternance des éléments pré-cités, par un Teeth of the Sea forcément carnassier bien que pas spécialement indispensable, puis The Funeral sonnera le glas final dans une ambiance post-apocalyptique où quelques sonorités organiques viendront chercher des noises à nos consciences, imprimant durablement le sceau d’un hurleur qui jamais ne faiblit, en symbiose avec un batteur qui continuellement nous enfonce la tête dans le marécage fumant.
Machine implacable, Mantar persiste et saigne abondamment dans la voie qu’elle a elle-même tracé, bénéficiant en prime d’un rendu encore au top. La fusion des éléments pour n’en constituer qu’un gagne en cohérence malgré une légère sensation d’essoufflement ou de redite sur la fin du pavé. Le duo n’en est pas moins une espèce à part entière, une hydre dont la puissance de feu et le caractère insubmersible se consolident à chaque sortie.
Dans la continuité. Qu'est ce que c'est bon. Je ne l'ai pas encore assez écouté. Ma note est donc une très bonne première impression.