Mantar
Sludge

Ode To The Flame
01. Carnal Rising
02. Praise The Plague
03. Era Borealis
04. The Hint
05. Born Reversed
06. Oz
07. I, Omen
08. Cross The Cross
09. Schwanenstein
10. Sundowning
Chronique
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire très simple ? Ce n'est pas le nouveau slogan d'Apple ou d'une énième compagnie de la silicon vallée mais de la machine implacable Mantar, bien décidée à laisser son empreinte, ou plutôt la trace de son poids, sur le monde des musiques lourdes. Et il faut bien l'avouer, après un premier uppercut du droit nommé Death By Burning, on craignait de voir notre duo d'Allemands préférés se ramollir tandis que leur signature chez Nuclear Blast avait fait couler beaucoup d'encre.
Pas de gros bouleversement ici : des riffs aiguisés et gras, une structure rentre dedans, des lignes de chant arrachées, le tout joué avec une rage et une sincérité qui ne s'altèrent pas tout au long des 10 morceaux que compte Ode To The Flame. En somme, la subtilité est laissée de côté au profit d'une énorme dose de groove, de puissance et de fureur. Le refrain on ne peut plus direct de "Era Borealis", qu'on imagine taillé pour le live, est d'ailleurs un brillant exemple d'efficacité. Mais comment diable font-ils ? La réponse est élémentaire: Mantar ne prête allégeance à aucun seigneur, aucune Eglise et se trimbale avec sa propre armurerie, alternant les coups de masse Sludge, les lacérations Noise Rock, les piétinements Hardcore et les percées Heavy Metal au sein d'un même morceau. J'en veux pour preuve "Oz" et son atmosphère unique, à mi-chemin entre l'inquiétant et l'ultra-violence pachydermique.
N'allez pas croire pour autant que nous allons faire face à des brutes se contentant d’aligner tatanes sur tatanes puisque le groupe a transformé le malaxage douloureux de crânes en véritable science. Les dix brûlots de cet album sont, malgré un format de groupe handicapant (une batterie, une guitare et une voix), bien composés et aucune démonstration de force n'est superflue. Toujours simple mais jamais simpliste, Mantar passe de la violence libératrice à la lourdeur punitive en n'oubliant jamais de noyer tout cela sous une tonne de groove, entraînant à sa suite l'auditeur dans la bataille ("Cross The Cross" et "Born Reversed" devraient d'ailleurs devenir de futurs hymnes de combat).
Nous sommes donc rassurés : Mantar n'a pas vraiment changé. Comme sur son premier album, les riffs pleuvent, les mâchoires sont éclatées et Ode To The Flame s'écoute comme se vit un combat clandestin : des ecchymoses plein la tronche, le poing explosé mais toujours tendu et sans aucun regret. Le groupe a les dents longues et poursuit la perfection de sa recette de la tarte aux gnons...s'ils continuent sur cette lancée, les critiques gastronomiques ne devraient plus pouvoir avaler que de la soupe.