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Biographie

Mantar

Mantar est un duo de Sludge fondé à Hambourg en Allemagne en 2012. Très rapidement Erinc (Batterie / Chant) et Hanno (Guitare / Chant) enregistrent deux titres en 2013, se font remarquer par Svart Records et sortent l'album Death By Burning à la croisée d'influences Doom Metal, Black Metal, Punk et Stoner en 2014. Le groupe signe chez Nuclear Blast Records et annonce la sortie de leur deuxième album, Ode To The Flame, en avril 2016. Très productif et régulier, Mantar accouche d'un nouveau long format deux ans plus tard, The Modern Art Of Setting Ablaze, toujours distribué par Nuclear Blast.

16 / 20
11 commentaires (16.45/20).
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The Modern Art Of Setting Ablaze ( 2018 )

Réglé comme un coucou suisse le duo hambourgeois pond une nouvelle collection de titres bouillants, incandescents, creusant toujours plus le sillon d’un sludge/punk belliqueux et blackisé, sans pour autant bouleverser les habitudes qui nous enjaillent depuis la branlée Death By Burning. On sentait tout de même une sensible évolution avec Ode To The Flame, où la guitare s’autorisait quelques inspirations bienvenues et effets de manche opportuns, tendant davantage vers le noir metal, notamment sur les atmosphères. The Modern Art Of Setting Ablaze traîne ses guêtres en des contrées similaires mais s’évertue à pousser le bouchon vocal, optimisant l’accent keupon (et teuton) d’un retour en forme et à fond.

Mantar a décidément une certaine affinité avec l’élément préféré des pyromanes, central et décliné sur chaque itération, soit autant de manières de dompter le bouzin, des brûlures au quatrième degré plein les paluches. Ce troisième album n’attend rien ni personne pour foutre le feu, érigeant cette pratique au rang d’art moderne, attisée par un frappeur/fracasseur toujours aussi bûcheron et un guitariste possédé, pourvoyeur de crasse vocale amplifiée. 

Faux calme avant la tempête The Knowing introduit doucement le propos non sans menace sous-jacente, pour rapidement sombrer dans l’Age de l’Absurde, affichant une densité accrue. L’ambiance est chargée de souffre et de sang carbonisé, Seek + Forget casse des gueules à base de lourd metal enduit d’urgence punk, et ainsi nous crachâmes naturellement son refrain, avec force et vigueur. Plus loin l’incursion nordique et mythologique Midgard Serpent (Seasons of Failure) nous embarque dans les aventures à dos de serpent-monde, sur lequel les riffs épiques viennent se percuter, bien que le gigantesque bestiau demeure impassible, faisant même état d’une certaine sagesse. Musicalement le ton sera quasi identique au sein de la Dynasty of Nails, les clous étant précautionneusement rouillés, démonstration d’un taf de composition fourni et audacieux. On remarque alors que Mantar s’est définitivement attelé à associer toutes ses sensibilités sur environ chaque morceau, via une six cordes fluctuante, jonglant habilement entre parties absolument écrasantes, accélérations thrash/punk voire speed metal par instants (les démentiels Obey The Obscene et Anti Eternia), s’obstinant à fixer un décor d’arrière-plan résolument noir, en tout cas peu enclin au positivisme. Les Allemands prennent soin de nous achever dans l’alternance des éléments pré-cités, par un Teeth of the Sea forcément carnassier bien que pas spécialement indispensable, puis The Funeral sonnera le glas final dans une ambiance post-apocalyptique où quelques sonorités organiques viendront chercher des noises à nos consciences, imprimant durablement le sceau d’un hurleur qui jamais ne faiblit, en symbiose avec un batteur qui continuellement nous enfonce la tête dans le marécage fumant.

Machine implacable, Mantar persiste et saigne abondamment dans la voie qu’elle a elle-même tracé, bénéficiant en prime d’un rendu encore au top. La fusion des éléments pour n’en constituer qu’un gagne en cohérence malgré une légère sensation d’essoufflement ou de redite sur la fin du pavé. Le duo n’en est pas moins une espèce à part entière, une hydre dont la puissance de feu et le caractère insubmersible se consolident à chaque sortie.

A écouter : au milieu des flammes.
15 / 20
4 commentaires (16.88/20).
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Ode To The Flame ( 2016 )

 Pourquoi faire compliqué quand on peut faire très simple ? Ce n'est pas le nouveau slogan d'Apple ou d'une énième compagnie de la silicon vallée mais de la machine implacable Mantar, bien décidée à laisser son empreinte, ou plutôt la trace de son poids, sur le monde des musiques lourdes. Et il faut bien l'avouer, après un premier uppercut du droit nommé Death By Burning, on craignait de voir notre duo d'Allemands préférés se ramollir tandis que leur signature chez Nuclear Blast avait fait couler beaucoup d'encre.

Pas de gros bouleversement ici : des riffs aiguisés et gras, une structure rentre dedans, des lignes de chant arrachées, le tout joué avec une rage et une sincérité qui ne s'altèrent pas tout au long des 10 morceaux que compte Ode To The Flame. En somme, la subtilité est laissée de côté au profit d'une énorme dose de groove, de puissance et de fureur. Le refrain on ne peut plus direct de "Era Borealis", qu'on imagine taillé pour le live, est d'ailleurs un brillant exemple d'efficacité. Mais comment diable font-ils ? La réponse est élémentaire: Mantar ne prête allégeance à aucun seigneur, aucune Eglise et se trimbale avec sa propre armurerie, alternant les coups de masse Sludge, les lacérations Noise Rock, les piétinements Hardcore et les percées Heavy Metal au sein d'un même morceau. J'en veux pour preuve "Oz" et son atmosphère unique, à mi-chemin entre l'inquiétant et l'ultra-violence pachydermique. 

N'allez pas croire pour autant que nous allons faire face à des brutes se contentant d’aligner tatanes sur tatanes puisque le groupe a transformé le malaxage douloureux de crânes en véritable science. Les dix brûlots de cet album sont, malgré un format de groupe handicapant (une batterie, une guitare et une voix), bien composés et aucune démonstration de force n'est superflue. Toujours simple mais jamais simpliste, Mantar passe de la violence libératrice à la lourdeur punitive en n'oubliant jamais de noyer tout cela sous une tonne de groove, entraînant à sa suite l'auditeur dans la bataille ("Cross The Cross" et "Born Reversed" devraient d'ailleurs devenir de futurs hymnes de combat). 

Nous sommes donc rassurés : Mantar n'a pas vraiment changé. Comme sur son premier album, les riffs pleuvent, les mâchoires sont éclatées et Ode To The Flame s'écoute comme se vit un combat clandestin : des ecchymoses plein la tronche, le poing explosé mais toujours tendu et sans aucun regret. Le groupe a les dents longues et poursuit la perfection de sa recette de la tarte aux gnons...s'ils continuent sur cette lancée, les critiques gastronomiques ne devraient plus pouvoir avaler que de la soupe. 

A écouter : L'épée enflammée au poing
16.5 / 20
8 commentaires (17.19/20).
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Death By Burning ( 2014 )

En activité depuis 2012 seulement, le duo allemand surgit au milieu d’une horde d’autres duos pas nécessairement allemands mais officiant dans un rock lourd, poisseux, métallisé ou carrément sludge/doom. Une tendance illustrée notamment et récemment par les anglais de Royal Blood, venus s’exhiber devant les masses au Grand Journal. Avec Mantar on tape dans une catégorie au-dessus, en termes de consistance et de fraîcheur. Surtout, les hambourgeois n’en n’ont que foutre de la propreté, enregistrent leur premier album Death By Burning en direct, et font par là-même preuve d’une intégrité exemplaire.

L’inquisition en filigrane, c’est l’occasion de cracher de la bile anticléricale (Spit) en adoptant une voix blackisée, glaireuse, incantatoire et spirituelle, tout ça en même temps, à la manière de Cobalt. Partageant moins d’affinités avec les américains sur le fond, Mantar s’élance corps et âme en territoires stoner/doom-metal, parfois sludgecore (Swinging The Eclipse), ce qui a pour effet de donner un intéressant contraste avec le chant. L’alchimie est donc bien présente entre les deux protagonistes, les nombreux breaks et variations s’enchaînent avec souplesse, on peut compter à l'aise un moment de bravoure par titre, Astral Kannibal en tête, véritable montagne russe de sensations aériennes et pesantes finement amalgamées, induisant un feeling blues organique et furieusement groovy. L’excellente construction de l’album se confirme lorsqu’on atteint les ultimes et renversants White Nights et March Of The Crows dans une veine plus ambiant, précédés par la superbe transition The Berserker’s Path, suivie de The Huntsmen aux envolées de guitare fulgurantes, bien aidées par une production aux petits oignons.

Inspiré autant par Black Sabbath, les Melvins, Darkthrone, que Motörhead, Taint ou Cobalt, Mantar se dégage de la masse par cette capacité effarante à inventer des riffs qui font mouche, calés sur une assise rythmique thermonucléaire. Comme une sorte de pot-pourri, un patchwork musical de ce qui constitue les musiques metallo-punkisantes actuelles et passées, Death By Burning n’offre pas une bête compilation déguisée de toutes ces influences, il ressemble plutôt au fruit d’un travail de composition acharné, d’où résulte une jouissante spontanéité, affichant un état d’esprit qui colle pas mal à celui des Melvins tiens. Les allemands envoient la purée dès leur premier long et prennent soin d’écraser préalablement tous les jeunes inconscients désireux de monter un duo de rock lourd destiné à faire swinguer la ménagère.

Disque dispo à l'écoute sur bandcamp ou spotifouille.

A écouter : Ya!