Excellent!!! Tout fonctionne à merveille sur ce disque, rien dire de plus.
Je me demande encore comment j'ai fait pour ne pas l'écouter pendant au moins 5 ans!
Le calme avant l’écoute… Un vif sursaut, ça démarre, inadmissible, le cœur battant, cash, sans répit, attaquons dans le fiévreux, le lard de l’émotion, c’est comme ça que débute cet album, c’est …. Surprenant, pulsatif, aride, sans pour autant laisser de côté le sensible… Le tout s’emballe, sans complexe, tourbillons symphoniques d’étoiles filantes ardentes… Des saveurs vont et viennent, des sensations, des sentiments bourrés d’oxymores, tout est dans le paradoxal, à perdre haleine, de l’arrogance et de l’utopie. Souffrir, jouir, s’épanouir, et mourir heureux ? …
Nous voilà face à la chose appelée « Manimal ». Un combo toulousain, tout frais (depuis juin 2003) composé de plusieurs vieux férus de scène, on y retrouve des ex Yog Sothot, Clamor, et actuel Psykup, Leiden, Sailenth … Niveau style, ils se définissent eux même dans une veine death, hardcore, trash et funk… ça promet !
Oui, mais moi Manimal, c’est avant tout ce nom là, « Manimal », nom de cette série culte des années 80, qui mets en scène Jonathan Chase, un éminent savant capable de se transmuter en n'importe quel animal à tout moment. Un surhumain, disposant d’une ouïe de félin, du regard de l'aigle, ... Comment oublier cet épiderme de "Manimal" qui se met à faire ses espèces de grosses cloques, où comment ne pas penser à la pousse de ces plumes (ou les poils selon l’animal) à vitesse surréaliste quand il se transforme? Un surhumain assurément effrayant pour ceux qui ne le connaissent pas, courtisant avec l’au-delà, un vrai démon ; et pour ceux qui le connaissent un symbole de justice, une espèce de divinité humaine/ animale. Y aurait il un lien, entre ce groupe de fous, et cet homme animal ? Hum… à creuser…
Pour en savoir plus je me suis penché sur le mythe « Eros et Thanatos » une œuvre de la renaissance italienne, puisque ici il s’agit du titre de l’album. J’invite d’ailleurs tous ceux qui ont envie de comprendre cet album plus en profondeur, à se plonger vivement dans ce mythe assez surprenant. Un mythe très riche en significations, c’est pour cela que je préfère faire l’impasse ici, ça serait vraiment fastidieux de raconter tout ça. Je noterais simplement juste une phrase de Leonard de Vinci qui dit « Seule la mort permet à l’intériorité le franchissement vers l’extérieur, seule la mort va permettre un accès au dehors ». Cela résume un peu un bout de l’histoire, et en ré écoutant ces 11 morceaux je commence à y voir plus clair dans cette obscurité, quoi que...
Pluralité de sensations revendicatives, le son est tantôt extrême, dans un hardcore brut, ou un death libertaire, tantôt mélodieux, nous livrant toute une panoplie de savoureux lyrismes exutoires. On semble ne pas vouloir faire dans la demie mesure, chez les Manimal. Comme si on était balancé de part et d’autres de deux entités aux antipodes, à une vitesse pharamineuse, c’est virulent, sans gène, mais sans pour autant nous laisser victime, c’est là où le bas blesse. Ces bougres ont réussi pour un premier album un putain de pari étonnant : mettre en musique de la violence salvatrice, noire mais sûrement pas nihiliste. Autre chose, autrement, ou comment faire un joli croche patte aux clichés liés au brutal. C’est majestueux. Décalé et insupportable, j’adore !
Après si l’on regarde plus dans la « technique », le chant est audacieux, surprenant, déroutant, ça peut plaire, comme le contraire, car la palette fait des clins d’œil à des horizons contradictoires. Je trouve ça, assez culotté, de leur part, mais j’aime cette insolence face aux carcans laborieux des étiquettes qui s’embourbent. D’ailleurs, je suis à moitié surprise de découvrir Joe chanteur de Gojira en guest au milieu d’un morceau. Faut dire que l’album a été enregistré au studio des Gojira, alors autant participer un petit coup, et ce n’est surtout pas pour nous déplaire. Après bah, musicalement parlant, c’est heu … Un bon gros son bien structuré. A grand coups de mandales, ça avoine. C’est fou, tout en restant très fluide, et efficace. Il n’y a pas de fioritures que ce soit dans les riffs, les lignes de basse, voire les sons de batteries. Un son métal souvent extrême, ultra maîtrisé, qui s’amuse un peu, mais pas trop non plus. Ca reste homogène même si les bougres flirtent de ci de là, ce qui permet de réaliser une musique limpide ou aucun passage laborieux n’a sa place. La teinte Manimal, à mon avis, prend pour le coup toute son ampleur grâce aux capacités assez hallucinantes de Julien (chant), qui joue de ces cordes vocales avec un sacré tempérament. Disons que la puissance et la force des compos atteignent une autre dimension avec ce chant alambiqué. J’ose à peine imaginer la folie que ça doit être sur scène. Ô mon dieu …
Je n’ai même pas parlé de l’artwork ! Pareillement au son, sobriété, efficacité, du travail chiadé jusqu’au bout. C’est beau, précieux, malsain, j’aime beaucoup ces tonalités, ces paradoxes... Après Eros et Thanatos n’est pas le genre de musique que je pourrais apprécier à tous moment, mais les moments où je me plonge avec ivresse dedans, j’en ressorts vraiment, vraiment « autre ».
Eros et Thanatos, pour moi, n’est pas du tout un album qu’on écoute, c’est un album à méditer.
L'un de mes albums préférés all time