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Biographie
Manimal a vu le jour en juin 2003, à Toulouse. Ce groupe est né de la rencontre de plusieurs activistes de la scéne française, puisque le line-up est composé de Vidda (ex-Yog Sothot, ex-Atride, ex-Clamor), Ludo (ex-Clamor, Leiden), Fabrice (Sailenth), et enfin Brice et Julien (Psykup). Leur style se veut d'abord extrême, quelque part entre le Death Metal et le Hardcore avec beaucoup de groove dans leurs compositions. Manimal revient sur le devant de la scène en 2012 avec Multiplicity.
Le Manimal n'est plus. Son règne bestial touche à sa fin et lui aura valu le respect de toute la jungle métal. Le manimal aura touché de sa patte artistique puissante (et velue) les sommets de la chaîne alimentaire musicale française, il n'aura eu de cesse de violenter à coups de (g)riffs généreux et toujours gracieux un public depuis longtemps conquis.
Rattrappé par des réalités économiques (c'est dur de survivre dans la jungle), ou peut être une envie de faire autre chose, d'aller se repaître ailleurs, là n'est pas la question aujourd'hui. Concentrons nous plutôt sur le dernier cri du manimal, ce fameux cri qui précède le dernier coucher de soleil sur la savane façon Mufasa dans le roi Lion. Installez vous confortablement, faites péter les décibels et sortez les mouchoirs...
Tout ce que touche Ju' et Vidda depuis un certain temps se transforme inéxorablement en bombe atomique, sans vouloir faire de la lèche, ces deux là (ainsi que ceux qui les accompagnent) ont une patte artistique inimitable qui fait rudement plaisir, suscitant nombre de sentiments et comportements indescriptibles chez le métalleu en manque de sensation. C'est dit. A l'annonce de ce dernier effort avant une mort programmée, le doute était permis quant à la qualité et l'intérêt d'un dernier opus. En général, quand un groupe termine sa carrière, un best of pourri, un live ou un album bâclé et puis s'en va. Mais c'était sans compter sur la générosité et la fidélité légendaires du manimal envers sa meute. Un nouvel album Multiplicity, de quoi ravir les fans qui n'avaient plus rien eu entre leurs cros depuis 2006. Six longues années, pour finalement accoucher ni plus ni moins que de leur meilleur album à ce jour. Et ce n'est ni la triste annonce de sa disparition, ni le temps passé à espérer un nouvel album qui a suscité chez moi un tel enthousiasme envers le manimal, c'est vraiment bel et bien un dernier cri de qualité.
Neuf chansons, neuf personnages, pour neuf personnalités et ambiances singulières, ce Multiplicity aux allures de kaléidoscope musical affiche sa complexité à travers des compositions hétérogènes, pour un résultat différent de ce qu'on pouvait trouver sur Succube ou Eros&Thanatos. Exit les compositions coup de poing parfois déroutantes des albums précédents (qui avaient pourtant fait la renommée de l'animal), ici tout est beaucoup plus travaillé, les rythmiques hallucinantes sont toujours présentes mais plus discrètes, plus nuancées, et pour la première fois (à mon sens) une nouvelle composante fait son apparition chez le combo toulousain : l'aspect "durabilité dans le temps des compos". Moins barges, plus efficaces, plus variées, mieux écrites et moins de fioritures. C'est bien simple, en deux semaines d'écoute, la lassitude n'est toujours pas au rendez vous. Quant au plaisir, il est bien là ! Chaque titre est un voyage unique dans l'univers torturé du manimal, blasts, riffs ravageurs, bridges monstrueux et groove omniprésent, tant de choses savoureuses qui régaleront et mettront d'accord tout ceux qui avaient faim depuis six ans.
Et cette production ! Le père Vidda a fait un travail énorme, jamais un album du manimal n'avait sonné aussi bien ! Aucune faiblesse n'est à retenir pour ce dernier opus, tout y est impeccable : jamais Ju' n'avait aussi bien chanté, jamais les riffs et rythmiques n'avaient été aussi puissants, et jamais l'ensemble n'avait fait mouche de cette façon. Le niveau de composition est assez exceptionnel, et les petites surprises font rudement plaisir : un duo très convaincant sur Laura, un groove de folie sur Ben et Corey, et cette petite pépite folk douce amère en guise de dernière chanson. Forcément tout fan qui se respecte en redemande, et c'est là malheureusement qu'intervient le paquet de Kleenex...
Voilà, c'est la fin, le manimal est venu, il s'est repu, et se dirige désormais vers le panthéon du métal français, dans la catégorie tristement peuplée des "formations peu connues mais talentueuses". Le manimal aura sû partir avec panache, la tête haute, la rage aux tripes et le verbe fort. Un excellent dernier album, une valeur sûre à se procurer d'urgence.
Une chose est sûre, la savane risque fort de s'ennuyer en son absence... Fait chier...
A écouter : Tout.
Du latin suc « sous », et cubare « coucher » : « qui couche sous », succube est une créature démoniaque qui a l’apparence d’une femme. Des légendes révèlent qu’elles séduisaient leur mari (veuf), leur faisant croire à leur réincarnation. L’accouplement se manifestait pour la victime sous l’apparence d’un rêve ou d’un cauchemar…
Succube, ou le requiem pour un rêve… Au commencement il y a ce cri, puis l’épreuve: 10 morceaux, soit 42 minutes de métal éreintant. Eros&Thanatos, 1er album du combo, se rythmait en paradoxes, ici, la dualité semble se décliner. Même si l’album paraît copieux, voire indigeste aux premiers abords, des mélodies entraînantes telles des petites comptines espiègles et acides se dénotent dés la première écoute. « Cet air me colle à la peau », dans la mélodie du bonheur... Les niveaux de lectures fourmillent, dans les mises en abîmes, les atmosphères qui jonglent, les clins d’œil aux films, ou bien encore les rôles interprétés. A ne plus savoir très bien où se cache la fiction du réel, le jeu de l’envie, le fantasme de l’irréalisable, la muse du démon. Les personnages évoluent, se mutent et s’enchaînent tour à tour à une vitesse phénoménale. Les textes seuls ne suffisent plus, l’intonation, la verve utilisée par les voix donne une autre dimension. On a droit dans Buffet Froid par exemple à trois voix différentes pour un seul et même mot « transpire ». Un chant qui s’acoquine à toutes les sauces. Difficile de saisir l’auto persuasion, le second degré ou le simple témoignage dans tout ce beau bordel.
L’approfondissement concernant les univers, les atmosphères ne se limitent pas qu’au chant. On constate une recherche concernant les nappes de guitares. Elles s’affirment, s’affinent, et se complexifient. Les mélodies dans les passages plutôt calmes ne se ressemblent jamais, que ce soit dans night must fall, où nous avons affaire à des sonorités limites indus dans certains riffs, ou dans straw dogs où ils virevoltent massivement. La rythmique elle aussi s’articule avec éloquence, plus aboutie, plus pertinente. Manimal mûrit c’est incontestable, mais clairement la formation n’est pas prête à adoucir ses mœurs, vu l’énergie et l’agressivité de leur son.
Mon seul (tout petit) bémol toutefois, se porte sur le rendu du son justemfent qui s’avère être un peu inégal sur certain morceau, ceci dit rien de bien méchant. Juste parce que j’aime à pinailler. Probablement le manque de temps pour peaufiner le tout. Après c’est indéniable Manimal détient ce son unique. On aime ou on n’aime pas.
On ne peut évoquer Succube sans citer les apparitions d’Elodie Cassarino (sœur de Julien). Sous forme d’interludes, elle apparaît féerique, irréelle, dramatique, onirique et sensuelle. Des chants lyriques fascinants, des phrasés envahis d’émotions, ou même des éclats de rires démoniaques, le tout en italien. Ce choix de langue serait-il un clin d’œil à l’œuvre de la renaissance italienne Eros et thanatos ? Ou simplement la façon la plus imagé de représenter la ténébreuse Succube? En tous les cas, on ne peut que complimenter un tel choix, car la présence d’Elodie insuffle à cet album une touche surnaturelle.
Jouch, incontournable pour la conception de pochettes, réalise encore une fois l’artwork du groupe, jouant la carte de la sobriété. Les tonalités pourpres et ébènes, nous présente deux rangées de fauteuils vides. Comme une invitation à prendre place à un spectacle. Mais nous ne saurons pas de quel spectacle il s’agit. Film ? Pièce de théâtre ? Performance ? … En ouvrant le digipack le doute se creuse, … Un tunnel ou parking sous terrain, une fantomatique silhouette féminine, une bobine de film, plusieurs écrans télé de vidéosurveillance et une mèche de cheveux sur un fauteuil (clin d’œil à l’artwork du premier album). On croirait un festin nu en Truman show.
Tous les détails mêlés les uns aux autres confèrent à cet album une véritable touche cinématographique très réussie, ce qui n'est pas pour me déplaire. Vraisemblablement la vie n’est pas un long film tranquille … Sur ce, faîtes de beaux rêves avec ou sans Succube…
Quelques infos sur la tracklist (chaque titre est un film) 1) Le monstre est vivant, Titre original : it's alive. Réalisé par Larry Cohen, Avec Sharon Farrell, Andrew Duggan, John P. Ryan, Genre : Epouvante-horreur 2) After Hours. Réalisé par Martin Scorsese, Avec Griffin Dunne, Rosanna Arquette, Verna Bloom, Genre : Comédie 3) Straw dogs. Réalisé par Sam Peckinpah, Avec Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, Genre : Drame, Thriller. 4) La mélodie du bonheur, Titre original : The Sound of music. Réalisé par Robert Wise, Avec Julie Andrews, Christopher Plummer, Richard Haydn, Genre : Comédie musicale. 5) Le choix des armes. Réalisé par Alain Corneau, Avec Yves Montand, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Genre : Policier 6) Night must fall. Réalisé par Karel Reisz, Avec Albert Finney, Mona Washbourne, Susan Hampshire, Sheila Hancock, Genre: Thriller 7) Angel heart. Réalisé par Alan Parker, Avec Mickey Rourke, Robert De Niro, Lisa Bonet, Genre : Fantastique, Thriller 8) Cadavres exquis, Titre original : Cadaveri eccelenti. Réalisé par Francesco Rosi, Avec Marcel Bozzuffi, Charles Vanel, Lino Ventura, Genre : Divers 9) Buffet froid. Réalisé par Bertrand Blier, Avec Gérard Depardieu, Bernard Blier, Jean Carmet, Genre : Comédie dramatique 10) Tous les matins du monde. Réalisé par Alain Corneau, Avec Gérard Depardieu, Jean-Pierre Marielle, Anne Brochet, Genre : Drame
A écouter : La mélodie du bonheur, Le choix des armes, Buffet Froid
Le calme avant l’écoute… Un vif sursaut, ça démarre, inadmissible, le cœur battant, cash, sans répit, attaquons dans le fiévreux, le lard de l’émotion, c’est comme ça que débute cet album, c’est …. Surprenant, pulsatif, aride, sans pour autant laisser de côté le sensible… Le tout s’emballe, sans complexe, tourbillons symphoniques d’étoiles filantes ardentes… Des saveurs vont et viennent, des sensations, des sentiments bourrés d’oxymores, tout est dans le paradoxal, à perdre haleine, de l’arrogance et de l’utopie. Souffrir, jouir, s’épanouir, et mourir heureux ? …
Nous voilà face à la chose appelée « Manimal ». Un combo toulousain, tout frais (depuis juin 2003) composé de plusieurs vieux férus de scène, on y retrouve des ex Yog Sothot, Clamor, et actuel Psykup, Leiden, Sailenth … Niveau style, ils se définissent eux même dans une veine death, hardcore, trash et funk… ça promet !
Oui, mais moi Manimal, c’est avant tout ce nom là, « Manimal », nom de cette série culte des années 80, qui mets en scène Jonathan Chase, un éminent savant capable de se transmuter en n'importe quel animal à tout moment. Un surhumain, disposant d’une ouïe de félin, du regard de l'aigle, ... Comment oublier cet épiderme de "Manimal" qui se met à faire ses espèces de grosses cloques, où comment ne pas penser à la pousse de ces plumes (ou les poils selon l’animal) à vitesse surréaliste quand il se transforme? Un surhumain assurément effrayant pour ceux qui ne le connaissent pas, courtisant avec l’au-delà, un vrai démon ; et pour ceux qui le connaissent un symbole de justice, une espèce de divinité humaine/ animale. Y aurait il un lien, entre ce groupe de fous, et cet homme animal ? Hum… à creuser…
Pour en savoir plus je me suis penché sur le mythe « Eros et Thanatos » une œuvre de la renaissance italienne, puisque ici il s’agit du titre de l’album. J’invite d’ailleurs tous ceux qui ont envie de comprendre cet album plus en profondeur, à se plonger vivement dans ce mythe assez surprenant. Un mythe très riche en significations, c’est pour cela que je préfère faire l’impasse ici, ça serait vraiment fastidieux de raconter tout ça. Je noterais simplement juste une phrase de Leonard de Vinci qui dit « Seule la mort permet à l’intériorité le franchissement vers l’extérieur, seule la mort va permettre un accès au dehors ». Cela résume un peu un bout de l’histoire, et en ré écoutant ces 11 morceaux je commence à y voir plus clair dans cette obscurité, quoi que...
Pluralité de sensations revendicatives, le son est tantôt extrême, dans un hardcore brut, ou un death libertaire, tantôt mélodieux, nous livrant toute une panoplie de savoureux lyrismes exutoires. On semble ne pas vouloir faire dans la demie mesure, chez les Manimal. Comme si on était balancé de part et d’autres de deux entités aux antipodes, à une vitesse pharamineuse, c’est virulent, sans gène, mais sans pour autant nous laisser victime, c’est là où le bas blesse. Ces bougres ont réussi pour un premier album un putain de pari étonnant : mettre en musique de la violence salvatrice, noire mais sûrement pas nihiliste. Autre chose, autrement, ou comment faire un joli croche patte aux clichés liés au brutal. C’est majestueux. Décalé et insupportable, j’adore !
Après si l’on regarde plus dans la « technique », le chant est audacieux, surprenant, déroutant, ça peut plaire, comme le contraire, car la palette fait des clins d’œil à des horizons contradictoires. Je trouve ça, assez culotté, de leur part, mais j’aime cette insolence face aux carcans laborieux des étiquettes qui s’embourbent. D’ailleurs, je suis à moitié surprise de découvrir Joe chanteur de Gojira en guest au milieu d’un morceau. Faut dire que l’album a été enregistré au studio des Gojira, alors autant participer un petit coup, et ce n’est surtout pas pour nous déplaire. Après bah, musicalement parlant, c’est heu … Un bon gros son bien structuré. A grand coups de mandales, ça avoine. C’est fou, tout en restant très fluide, et efficace. Il n’y a pas de fioritures que ce soit dans les riffs, les lignes de basse, voire les sons de batteries. Un son métal souvent extrême, ultra maîtrisé, qui s’amuse un peu, mais pas trop non plus. Ca reste homogène même si les bougres flirtent de ci de là, ce qui permet de réaliser une musique limpide ou aucun passage laborieux n’a sa place. La teinte Manimal, à mon avis, prend pour le coup toute son ampleur grâce aux capacités assez hallucinantes de Julien (chant), qui joue de ces cordes vocales avec un sacré tempérament. Disons que la puissance et la force des compos atteignent une autre dimension avec ce chant alambiqué. J’ose à peine imaginer la folie que ça doit être sur scène. Ô mon dieu …
Je n’ai même pas parlé de l’artwork ! Pareillement au son, sobriété, efficacité, du travail chiadé jusqu’au bout. C’est beau, précieux, malsain, j’aime beaucoup ces tonalités, ces paradoxes... Après Eros et Thanatos n’est pas le genre de musique que je pourrais apprécier à tous moment, mais les moments où je me plonge avec ivresse dedans, j’en ressorts vraiment, vraiment « autre ».
Eros et Thanatos, pour moi, n’est pas du tout un album qu’on écoute, c’est un album à méditer.
A écouter : Eros et Thanatos , dead meat , je te saigne.
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