Manque de cohesion dans l'ensemble, Manes me decoit toujours beaucoup depuis leur 2 premiers albums somptueux. Et puis merde, c'est quoi ce vieux rap en francais?
Manes
Electro Rock

How The World Came To An End
1) Deeprooted
2) Come To Pass
3) I Watch You Fall
4) Cancer In Our Midst Plague One
5) Last Lights
6) Nobody Wants The Truth
7) My Journal Of The Plague Years
8) Cure All
9) Transmigrant
10) Son Of Night Brother Of Sleep
Chronique
Manes est un de ces groupes scandinaves qui, à l'instar d'Ulver pour ne citer que le plus évident, a su prendre un virage à 180 degrés dans sa carrière avec une belle réussite artistique. Du black glauque originel à l'electro rock jazzy de Vilosophe, la surprise fut de taille. Après avoir sorti un EP intitulé View l'an passé, Manes revient cet année avec le premier volet d'un dyptique conceptuel, How The World Came To An End.
Dans la lignée de Vilosophe, cet opus privilégie les ambiances interlopes grâce notamment à des plages en apesanteur où le chant comme l'orchestration dessinent un paysage noctambule. Avec des mélodies ciselées avec soin, où la basse demeure le canevas élastique des compositions, Manes offre des textures sonores habillées de samples et de boucles mécaniques encastrées dans les toiles électro. Mais, le groupe propose aussi de nouvelles incursions, en particulier dans le hip hop sur Come To Pass, sur un fond musical sautillant. C'est l'une des bonnes surprises de ce disque, le morceau fonctionnant remarquablement bien. Sur ce disque, les guitares sont très en retrait, n'intervenant qu'à propos pour mieux laisser s'évader l'auditeur à travers de longues plages atmosphériques réhaussées de claviers. Les accents lancinants d'un morceau comme I Watch You Fall démontrent ainsi toute la capacité du groupe de créer des ambiances surprenantes et même envoûtantes.
Le chant, en anglais ou français, est discret, oscillant entre envolées hauts perchés, murmures légers, choeurs fantômatiques et même phrasé parlé (Son Of Brother Night To Sleep). Il se dégage de cet album foisonnant de trouvailles musicales une impression d'unité. L'atmosphère de How The World... s'inscrit en parallèle d'un autre disque majeur sorti le même jour, le Year Zero de Nine Inch Nails. La différence, outre une ambiance musicale plus vaporeuse, réside dans la froideur hantée de l'album , ses lignes de chants si particulières et ses pulsations irrégulières, de l'electro bruitiste au mid-tempo spectral de Last Lights. Cette froideur apparente n'exclue pas une certaine sensualité de l'ensemble, qui doit autant aux rythmes à l'occasion syncopés qu'aux intervenants au chant.
Sans jamais sacrifier à la facilité, Manes est aussi capable de donner de bonnes inspirations rock, comme Nobody Wants The Truth qui renvoit aux vibrations du précédent album. C'est aussi le cas de My Journal Of Plague Years, et son clavier hypnotisant, qu'on jurerait extraite de Vilosophe, par son ambiance assombrie. Sans se révolutionner, Manes poursuit néanmoins avec inspiration le chemin musical amorcé il y a déjà 4 ans. Le groupe y ajoute des ouvertures trip hop récurrentes, et des phrasés rappés en français qui ne dépareillent pas, se fondant idéalement dans le propos musical. Capable ainsi de mêler de multiples influences y compris jazz, Manes perpétue une tradition de musique originale et avant-gardiste tout en demeurant accessible.
Habile, atypique et maîtrisé, ce How The World Came To An End témoigne de la maturité du combo norvégien. Sans être aussi définitif que Vilosophe, à l'atmosphère unique, cet album fait d'ores et déjà partie des belles réussites 2007. Loin des modes et des figures imposées, Manes livre une oeuvre imaginative et enrichissante, propice aux rêveries de l'auditeur. Classieux indéniablement.
Des extraits de l'album sur le myspace du groupe.
Les critiques des lecteurs
Manque de cohesion dans l'ensemble, Manes me decoit toujours beaucoup depuis leur 2 premiers albums somptueux. Et puis merde, c'est quoi ce vieux rap en francais?
Je le trouve très surprenant ce Manes. Je m'attendais vraiment à une vulgaire redite. Au lieu de ça, le groupe se révèle à mon sens encore plus intelligent, dans le sens où il montre une faculté à se renouveller de manière posée et très travaillée.
How The World Same To An End (quel titre!) est vraiment une synthèse hyper cohérante et réellement originale d'influences très nombreuses. L'idée d'exploiter certains thèmes de manière indépendante, avant d'y faire référence de manière enrichie dans les morceaux suivants, même si elle n'est pas nouvelle, prend vraiment une sacrée ampleur. Et puis cette voix bon sang...
Après, moi ce chant ragga, je le trouve plutôt bien intégré dans le contexte.
Non vraiment, très bonne surprise que ce disque.