M&T@L

Jazz Rock

France

IK

2016
Type : Album (LP)
Labels : Durance
Tracklist
1- Creeping Death2- Master Of Puppets
3- The Day That Never Comes
4- Jump In The Fire
5- Seek and Destroy
6- To Live Is To Die
7- For Whom The Bell Tolls
8- Jump In The Fire (radio edit)
9- For Whom The Bell Tolls (radio edit)

Chronique

par Chris

Reprendre Metallica sur la longueur d’un album n’est, à première vue, pas vraiment synonyme d’originalité et de prise de risque. Reprendre Metallica avec un trio de Jazz Rock, sans guitare, éveille une certaine curiosité. Reprendre Metallica sans vraiment le reprendre, en utilisant uniquement certains éléments de ses morceaux pour construire une musique inspirée et aventureuse, donne à IK un intérêt qui dépasse très largement celui du simple hommage. C’est là que se trouve le talent du bassiste Laurent David et de ses compères, le batteur Maxime Zampieri et le saxophoniste Thomas Puybasset, qui ont réussi à nous offrir un disque aussi surprenant qu’efficace, parvenant à créer une oeuvre qui se suffit presque à elle-même. Née des riffs forgés par le quatuor californien mais assez vivante pour les utiliser comme des catalyseurs plutôt que comme des références, la musique du trio synthétise deux styles qui ne sont pas si éloignés que cela, sans jamais céder à un quelconque cliché. Evidemment, la qualité technique des trois hommes s’impose rapidement à nous, mais jamais de façon gratuite. L’objectif de ce disque est d’emmener les morceaux originaux là où l’on n’aurait jamais pensé les voir, les débarrassant du cadre qui peut enfermer leurs auteurs et les faire un tant soit peu tourner en rond (j’imagine que vous avez écouté Harwired… To Self Destruct).

Musique improvisée par excellence, le Jazz n’a pourtant jamais hésité à piocher dans le répertoire d’une musique populaire très formatée, comme lorsque le saxophoniste John Coltrane métamorphosait, avant d'y mettre le feu, le My Favorite Things issu de La Mélodie du bonheur. Plus récemment, un pianiste comme Brad Mehldau n’a pas hésité à aller voir ce qu’il se passait du côté de Radiohead ou de Nirvana, donnant une relecture passionnante de titres pourtant passés dans le patrimoine musical mondial. C’est clairement cet état d’esprit qui a animé M&T@L, qui a choisi de s’attaquer à des morceaux marquants, et pour la plupart anciens, du plus grand groupe de Thrash de l’histoire. Le recul pris par le trio par rapport aux titres originaux est flagrant dès Creeping Death, qui prend une direction quasi-méditative avant de laisser le volant à un groove qui vous fera tout autant headbanger que l’écoute du Live Shit : Binge&Purge. A base de ruptures et de contre-temps, M&T@L nous laisse ainsi constamment sur nos gardes, attentifs aux nombreux détails et trouvailles qui parsèment IK. Une inventivité qui se vérifie sur tous les morceaux, d’un flamboyant Master of Puppets à un Jump In The Fire dont le solo de basse inaugural mène à une leçon de groove imparable. 

Parfois méconnaissables pendant une très grande partie de leur durée (Seek and Destroy), les titres s’enchaînent, utilisant d’abord l’énergie de leurs modèles plutôt que leurs mélodies. Tiré du répertoire « récent » de Metallica, The Day That Never Comes dévoile une subtilité et une délicatesse presque émouvantes, avant de basculer dans une ambiance nettement plus pesante et oppressante. Car le trio maîtrise avec autant de brio les moments d’intimité que ceux de déchaînement, donnant l’impression de pouvoir s’exprimer dans tous les registres. L’un des grands moments de l’album, To Live Is To Die, en est l’exemple parfait, transformant le monumental morceau de …And Justice For All en un inquiétant voyage duquel on sortirait indemne, mais changé. Incontournable pour tous les bassistes fans de Metallica, comme c’est le cas de Laurent David, For Whom The Bell Tolls vient conclure IK avec la plus fidèle des relectures de ce disque. Comme un symbole de la nécessité, après avoir largement pris ses aises, de revenir s’abreuver à la source.

16

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