Man On Man
Rock / Shoegaze

Man On Man
01. Stohner
02. Daddy
03. It's So Fun (To Be Gay)
04. Beach House
05. 1983
06. Baby, You're My Everything
07. Two At A Time
08. Lover
09. Please Be Friends
10. Kamikaze
11. It Floated
Chronique
On n’a pas fini d’entendre parler des albums créés pendant / à cause des confinements successifs et de l’impact du covid sur la création musicale et artistique de manière générale. Ce qui est cool dans le cas précis, c’est que ça a permis au duo et couple Roddy Bottum et Joey Holman de livrer un très chouette album d’Indie Rock / Shoegaze.
Pendant la pandémie, Joey et Roddy quittent les rues animées de Brooklyn pour une longue traversée des Etats-Unis et rejoindre le soleil et la côte Californienne. Cet isolement permet, un peu involontairement, mais sans doute nécessaire, un processus créatif et artistique qui leur permet d’écrire et se concentrer sur la musique. Naissent onze titres qui parlent assez logiquement d’amour, d’anxiété, de romance et est un témoignage de leur vécu à propos de cette période.
Man On Man ne se cache pas, il est la manifestation et la célébration de l’amour entre Roddy et Joey, un acte, une déclaration, un amour plus fort que l’homophobie ambiante. A ce titre, It’s So Fun (To Be Gay) en est un joli manifeste, un rayon de soleil Pop tubesque et un hymne à la culture queer. Pratiquement chaque morceau évoque leur relation de manière intime et touchante avec les morceaux Lover (« You would make a perfect husband, A companion, in private and in public ») ou le très évocateur Baby You’re My Everything (« Brother, lover, next of kin, Baby, you’re my everything, From on high, from on low, It’s a sign, this we know ») par exemple, quand ils n’évoquent pas explicitement leur vie sexuelle (« He pulled my shorts down, He knelt before his swelling king ») sur le morceau électrique Daddy ou bien (« You know sucking really makes me feel good, It’s just that when we’re fucking, I feel more understood ») sur 1983. A l’inverse, Stohner évoque leur départ vers la Californie (« I like it when you’re driving, And it’s nighttime and it feels so right, I like it when you drive »), Beach House leur résidence à Oxnard (« Some more time on the west coast, Come what may come our way ») et Kamikaze leur peur du covid (« "I’ve been thinking, you’ve been thinking Is this virus worse than the disease? »).
La musique donne corps (et cœur) à toute cette tendresse à travers un Indie Rock qui flirte entre la Pop et le Shoegaze avec beaucoup de délicatesse. Le début de l’album est très Rock / Shoegaze avec un Stohner assez épais et fuzzy mais toujours rêveur, notamment grâce aux voix mélodieuses et en retrait, tout comme Daddy entrainant en diable, groovy à mort et avec un refrain imparable. 1983 pourra par exemple faire penser à du Sonic Youth avec un Rock un peu noisy, Pop, mélodique, bardé de guitares grinçantes. Two At A Time possède un côté Power Pop enjoué et réjouissant pas très loin d’un Weezer et globalement on pensera à Pinback sur quelques titres également (Beach House). Roddy étant claviériste chez Faith No More on trouve aussi plusieurs compositions avec du piano / synthé (Please Be Friend, It Floated) aux allures de ballade romantique ou bien les très beaux et nostalgiques Baby You’re My Everything ou Kamikaze.
En définitivement Man On Man est un disque réellement touchant et éminemment politique. On sent que la relation entre Roddy et Joey est belle, forte et sincère et cet album en est un joli écrin. Un bel amour mis en musique, un disque réconfortant, optimiste et un doigt d’honneur aux homophobes. L’Amour plus fort que la haine.