Malokarpatan
Black Metal

Stridžie Dni
Chronique
Puisant son inspiration dans les coutumes de la Slovaquie occidentale, Stridžie dni est une interprétation musicale des mythes imprégnant le monde rural. À l'image de ce folklore, les Slovaques dépeignent un univers plein d’ambiguïtés, mêlant le grotesque au macabre.
Dans un esprit à la fois festif et mélancolique, le bouffon joue avec le dramaturge sans pour autant succomber au lourdingue "Farfadet Metal" ainsi qu'à sa panoplie de binious fardés. A contrario, on sent que si le trio maîtrise son sujet il sait aussi jouer de son sérieux en incluant extraits de films burlesques et autres samples aux sonorités étranges. En décalage avec l'univers souvent austère du Black Metal Malokarpatan fait preuve d'un second degrés assumé, même si cela n’altère en rien la crédibilité de sa musique.
Autre point fort de l'album : la production. Outre la profondeur acoustique, le son est doté de cette teinte vieillotte qui nous replonge dans les enregistrements Black/Heavy des années 80. Guitares lo-fi, batterie caverneuse, cris résonants... Tout concorde pour créer une ambiance particulière. On se représente fort bien le groupe reclus au fin fond d'une cave, imbibé de gros rouge et donnant libre cours à une inspiration enivrée de mythes fantaisistes. La musique des Slovaques recèle une telle aura que, sans saisir le sens des paroles, on se laisse porter par la griserie ambiante et les rêveries qui s'y joignent.
Malgré une morosité prégnante au sein des morceaux, le trio parvient aisément à embarquer l'auditeur dans ce périple onirique grâce à son sens du rythme ou ses ambiances soignées. Le très péchu O víne, kterak učený Hugolín Gavlovič z Horovec vyprával et ses riffs Heavy Metal irrésistibles fait partie de ces titres très cadencés qui sauront créer l'adhésion.
Passant relativement inaperçu lors de sa sortie, cet opus mérite pourtant d’être connu et reconnu ! Avec ce premier album Malokarpatan nous convainc sans peine de son talent, révélant déjà une forte personnalité. Plus qu'un simple hommage à la scène Black/Heavy des eighties, cette œuvre au caractère bien trempé vient ressusciter le passé en lui insufflant une sorte d'extravagance vivifiante. Une façon de prouver que les legs du passé peuvent toujours faire l'objet d'une réappropriation.