Même s'il n'existe que depuis 2001, Malkovich est loin d'être un nouveau venu sur la scène hardcore européenne. En quatre ans, le groupe a effectué plus d'une centaine de concerts à travers l'Europe, s'est constitué une discographie plus qu'honorable, et a signé sur un label qui compte dans ses rangs Converge ou Give Up The Ghost. Le moins qu'on puissait faire était de s'y intéresser. Force est de constater que le dernier album, A Criminal Record, justifie assez bien la confiance que Reflections Records a placée en lui.
Affublé d'un nom dont la référence n'échappera à personne, Malkovich met un point d'honneur à ne pas reproduire les clichés à l'infini. L'artwork, superbement réalisé par Thomas (guitare), rompt totalement avec l'iconographie en vigueur dans le milieu. Sur un fond orange, les arbres et les petits personnages, dessinés dans un style très naïf rappelant South Park, sont loin de nous informer sur le style pratiqué par nos bataves. Autre curiosité, les titres sont remplacés par des numéros. Passe encore s'ils suivaient l'ordre croissant des plages de l'album, mais ceux-ci sont organisés totalement en dépit du bon sens (bonne chance pour les retenir). Il est inutile de chercher ici une quelconque explication abstraite ou artistique que Malkovich se défend d'avoir, mais plutôt pragmatique, le groupe ayant tout simplement la flemme de donner des noms.
Sur le plan musical, A Criminal Record est assez déconcertant et nécessite plusieurs auditions avant d'en apprécier la valeur. Il convient surtout de ne pas se laisser dérouter par l'ambiance rustique qui semble présider à l'écoute de l'album. Même nanti d'une production très garage, Malkovich ne nous fera jamais croire qu'ils sont aussi rustiques qu'ils veulent bien le laisser paraître. En effet, sous des dehors rugueux, le groupe pratique un hardcore moderne à l'éventail très large, aussi bien inspiré par Refused ("021") et Give Up The Ghost ("020") que par des groupes beaucoup plus rock n'roll tels que les Hives ("018", "026") ou les Queens of the Stone Age. Excepté "017", les titres ne tournent pas autour de tempo très rapides mais plutôt mid tempo. On y sent une sorte de nonchalance, la possibilité d'aller plus vite sans toutefois la volonté d'en abuser. L'ensemble repose sur une assise rythmique très solide, une basse relativement présente malgré les deux guitares, un jeu de batterie très simple - mais jamais linéaire - et efficace, bien que le son de caisse claire alourdisse un peu trop les morceaux. Une oreille plus attentive discernera des accords très travaillés, souvent dissonnants, et même quelques mélodies ("022", "025", "028", "029") achevant de nous convaincre que l'on n'a pas affaire à des brutes épaisses.
Il est vrai, pourtant, que Hugo fait tout pour nous prouver le contraire. Sa voix screamo, dont le timbre oscille entre celui de Dennis Lyxzen et de Wes Eisold, habille les morceaux d'une agressivité qui en fait le fil conducteur de l'album. Souvent à la limite de la rupture, il parvient, toutefois, à nous montrer sa capacité à susciter de plus légères émotions ("029").
Au final, Malkovich nous offre une production sympathique et de bonne qualité, séduidante par sa spontanéité et son énergie. A Criminal Record est à conseiller aussi bien aux amateurs de hardcore rock n' roll qu'aux partisans d'un hardcore plus new school et devrait susciter bon nombre de réactions positives.
A télécharger : "017", "029"
A écouter : "017", "029", "028"