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Biographie

Maïeutiste

Maïeutiste est un groupe de Black Metal très ambitieux nourri d'influences diverses comme la Folk, le Doom Metal ou le Jazz. Le groupe débute en 2006 à Saint-Etienne et sort rapidement une démo nommé Socratic Black Metal avant de retomber dans l'oubli. Il faut attendre 2014 pour que Jean-François Wujek (Batterie), Grey (Guitare), Жертва (Guitare), Keithan (Guitare / Chant), Eheuje (Chant) et Temüdjin (Basse) redonnent des nouvelles et annoncent la sortie d'un premier album. Celui-ci voit le jour en 2015 chez Les Acteurs de l'Ombre Productions.

Veritas ( 2019 )

Maieutiste est de ces groupes qui prennent leur temps. Une démo en 2007, un premier album en 2012, et un retour cinq ans plus tard avec cet album, Veritas, toujours sous la houlette du label Les Acteurs de l’Ombre Productions. En même temps, si on connait un peu la musique très ambitieuse du sextet, (resserré en quatuor avec notamment le départ de leur chanteur en 2019) on comprend que cela nécessite pas mal de temps de composition, avec les aléas de line-up à prendre en compte et on ne sera pas étonné qu’ils leur faillent plusieurs années pour revenir avec de nouveaux titres.

Sur Maïeutiste on était resté sur un Black Metal complexe, ambitieux, nourri d’influences, avec quand même beaucoup de cohérence et des écoutes successives pour vraiment s’imprégner des morceaux, des ambiances et comprendre là où le groupe voulait en venir. Mais ces qualités derrière leur musique, pouvaient aussi être leur défaut, à perdre l’auditeur/trice. à trop vouloir en faire, surtout qu’il se montrait difficile d’accès dès le départ. Mais Veritas semble avoir resserré le propos. Une ou deux écoutes vous le confirmeront : Maïeutiste est désormais plus lisible, plus compréhensible. Il est presque étonnant de trouver leur musique plus facile d’accès, toute proportion gardée, car l’on parle de Black Metal Progressif. C’est justement dans ce terme-là, que le groupe se montre plus intéressant, plus mature, plus sûr de lui. Effectivement on trouve toujours des éléments Death Metal ou Doom dans leur musique, mais c’est surtout que les passages acoustiques, atmosphériques, pagan presque serait-on tenté de dire, son bien mieux incorporés dans la composition, semblent couler de source. On est bien moins à se dire « le morceau Doom, le passage untel » pour laisser l’ensemble se dérouler naturellement, sans faire trop attention aux références, mais plus prendre leur musique comme un tout.

C’est sans doute qu’il se dégage de Veritas une vraie ambiance homogène, plus que par le passé, malgré les qualités indéniables d’avant et qu’on prend plaisir à parcourir cet opus, d’un bout à l’autre, d’y revenir régulièrement pour son talent d’écriture et pour les différentes ambiances qu’il déploie. Alors forcément on déniche des passages qui appellent des références comme sur Infinitus qui fera penser aux vieux Opeth ou Vocat qui évoque par exemple du Doom / Death Metal à la My Dying Bride ou le côté épique et mystérieux d’un Enslaved. C’est tout pour le name dropping, et encore, il est très difficile de dire que Maïeutiste ressemble à tel ou tel groupe. Le plus important, est de s’immerger dans Veritas. Ses chœurs religieux, avec cette guitare acoustique sur Infinitus sont magnifiques et ensorcelants, le riff épique avec son refrain Enslaved font de l'ouverture sur Veritas - I, un titre hyper accrocheur, mémorable, magique même, tout comme Universum mêlant un peu tout ce que sait faire le groupe : les dissonances, les constructions biscornues, le côté flamboyant avec les voix épiques et les soli, tout en restant un morceau réellement accrocheur. Et c’est sans compter les gros pavés de fin d’album totalisant plus de « trente » minutes, plus dense que sur le début d’album. On y trouve donc deux pistes, Vocat et sa thématique plus Doom Metal, mais qui brasse tellement large qu’il serait abusé de la restreindre ainsi. On y retrouve ce dont on parlait plus tôt, l’aspect majestueux, épique, païen à la Enslaved, les ambiances plus dramatiques Doom / Goth, le truc pesant, affligé, ténébreux mais tellement classe. Et puis Veritas - II s’ouvre sur une acoustique lumineuse, chaleureuse, tranchant radicalement avec le reste avant de bifurquer sur du Black Metal dense, frontal, mais plongé dans un clair/obscur nuancé et appréciable. Au final le morceau de dure que cinq minutes, suivit d’un blanc de 7/8 minutes pour finir sur des chœurs féminins dans une atmosphère anxiogène.

Maïeutiste n'as pas chômé et offre une œuvre dense, protéiforme, à qui voudra bien s'y frotter. Son final est peut-être étrange, mais il est vivement conseillé de s’y frotter, pour tout ce qu’il propose. Ses influences musicales, sa production lisible, sa complexité décomplexée, ses ambiances, et tout l’énorme boulot qu’on imagine derrière pour créer ce genre de morceaux en font de sévères atouts pour s'y intéresser. Mais gardez à l’esprit que ce n’est pas parce que techniquement l’album est impressionnant, qu’on ne peut pas y trouve une sensibilité, une beauté. Quand l’obscurité embrasse la grâce.

Maïeutiste ( 2014 )

Presque huit ans qu'on n'avait pas eu de nouvelles de Maïeutiste. Une démo en 2007 puis plus rien. C'est même avec grande surprise que je découvre le groupe toujours actif en 2015 et un retour sur le devant de la scène grâce à la sortie d'un album éponyme chez Les Acteurs de l'Ombre.

Huit années, ça laisse le temps de travailler pleinement sur son disque et des idées, Maïeutiste n'en manque clairement pas tant cet album se révèle extrêmement ambitieux. Basiquement : dix titres (dont les 3 de la démo retravaillés), 76 minutes au compteur et certaines pièces qui oscillent entre les 9 et 11mn. Si pour certains gros groupes le Black Metal se résume à claquer des titres catchy de 3mn vite assimilés, ici, on comprendra illico que ce n'est pas le cas. On s'armera donc de courage et patience avant d'affronter la bête, presque autant que lorsque l'on a à faire à un disque d'Arcturus, même si les français ne jouent pas exactement sur le même tableau. Et pourtant, on pourrait presque qualifier Maïeutiste d'Avant-Garde Black Metal tant les genres abordés et la manière de le faire s'y rapproche. 

Les influences sont nombreuses et se fondent dans la masse. Du Doom aux éléments Folk en passant par la grandiloquence d'un Deathspell Omega (The Eye Of Maieutic Art) ou du pur Black / Thrash à la Deströyer 666 (Reflect - Disappear), Maïeutiste ose un metal noir recherché, racé, s'éloignant des conventions du Black Metal traditionnel. On y découvre ici et là du Enslaved (...In The Mirror...) autant dans le riffing que dans les chants clairs épiques, de l'Ambient / Folk rituel sur Purgatoire ou du Black / Doom typé Agalloch (The Fall). On se surprend même à trouver par légères touches du Jazz sur la fin d'Absolution avec sa basse feutrée d'une grande classe et même la présence d'un saxophone parfaitement intégré. 

Le plus important c'est que l'ensemble garde une grande cohérence, dans les ambiances et le déroulement des pistes bien sûr, mais forment surtout un vrai disque de Black Metal et pas juste un mélange d'idées mal agencées. Malgré des compositions très soignées et très travaillées, Maïeutiste donne parfois l'impression de vouloir en faire trop. Chaque titre semble avoir été minutieusement réfléchi, pensé dans ses moindres recoins (l’impressionnant Death To Free Thinkers), et que se soit au niveau des structures, des arrangements (Death To Socrates) ou de la progression des titres, ses qualités évidentes peuvent aussi devenir ses défauts, au risque de se montrer trop opaque et de perdre parfois l'auditeur en route.

Maïeutiste livre un album extrêmement ambitieux et intéressant. Sa durée, ses influences multiples, ses nombreux détails font qu'on y découvre de nouvelles choses à chaque écoute. Très difficile d'accès au départ, il ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais n'en a nullement la volonté. Il se révèle uniquement à ceux qui feront l'effort de s'y investir et c'est sans doute cela sa plus grande force.

Socratic Black Metal ( 2007 )

Maïeutiste quintet lyonnais, délivre avec cette première démo intitulée Socratic Black Metal un Black Metal brut et acéré et ce, dès les premières secondes de Introduction In The Mirror. Le riffing typiquement Black / Thrash est efficace et fait inévitablement penser à Darkthrone. Leurs influences ne s'arrêtent pas là et l'on pourrait également citer une bonne partie de la scène norvégienne ou Silencer pour ces hurlements possédés et virulents. Rythmiquement ça va vite et les ruptures de tempo évitent une trop grande linéarité dans les plans qui se succèdent avec fluidité et sans accrocs. On ne peut que constater la maîtrise instrumentale du groupe dont les structures et l’enchaînement de plans sont recherchés. En outre, la qualité sonore est au rendez-vous, ce qui, même si l'on a à faire avec un groupe de Black underground, est toujours plus plaisant à l'écoute pour distinguer ce que les musiciens jouent.

Maïeutiste tire son épingle du jeu selon deux points : en premier lieu par sa variétés de plans et ses influences qui ne se limitent par à un Black Metal archaïque. En effet, on retrouve des envolées épiques à la fin de Introduction In The Mirror ou des influences Punk / Thrash que l'on devine sur Reflect / Disappear par exemple, qui évitent au groupe de sombrer dans un style trop classique. La thématique principale de ces trois titres donne également un personnalité propre au son de Maïeutiste, car le groupe s'inspire des théories de Socrate (d'où le titre) ou l’élévation de la pensée, par le biais de la maïeutique, soit une démo intelligemment construite dans cet apparent chaos musical. Les lyonnais semblent donc avoir fait leurs preuves sur ce Socratic Black Metal, reste à concrétiser cela sur un prochain album de plus longue durée.

A écouter :