Aussi sereine qu’envoûtante, cette première œuvre de Mai est un véritable enchantement pour les oreilles. Portée tout du long par les frêles épaules de Johanna, la belle a su s’entourer de collaborateurs de choix tels que Doriant Dumont bien sûr, mais également Bardi Johannsson (Lady&Bird, Bang Gang), Fred Fortuny (Autour de Lucie) et enfin Stephane Alf Briat, plus connu pour avoir travaillé avec Phoenix et surtout Air. De ces derniers il sera question sur Still Need A Kiss et plus encore sur la seconde piste qu’est "Like In A Film" : accords secs et arpèges électriques se donnent la réplique, apaisés par une batterie toute en quiétude, bercés par des arrangements electro’ aux chœurs majestueux. Une orchestration répétée, déclinée, renouvelée, toujours pleine de rêverie incarnée de la plus pure des manières par le timbre gracieux et fragile de Johanna. Une musicalité dont l’esthétique pourraint interpeller les inconditionnels de l’œuvre de Keren Ann et feu-Oto Efekt, pour la francophonie, tout comme ceux plus enclin à se délecter de l’orfèvrerie nordiste des Mùm et autres Sigur Ros. A ce point, Mai paraît être un agréable compromis entre ces différentes cultures.

Néanmoins, la demoiselle et ses comparses ne semblent pas non plus vouloir atteindre la perfection. Bien que la production le laisse entendre, ces artistes ne rechignent pas à briser cette plénitude, notamment de manière flagrante avec la pop/folk eighties de "Silly". Une piste qui laisse elle-même entrevoir quelques éreintements shoegazien, eux-mêmes soulignés par la triple intervention de Dorian ("Will You Find Me", "Only Sleep", "Inside"). Un style qui trouve finalement son ultime déclinaison sur "You Should Come", son violoncelle se faisant l’écho d’un Boy In Static.

Avec ce premier effort, Mai parvient donc à confirmer avec aisance tous les espoirs placés en lui, ou plutôt en elle. Minutie des arrangements, fusion des genres, alternance des rythmiques/durées évoqueront à certains le talent incomparable de Sparklehorse ainsi que de sa protégée Sol Seppy, tout en contribuant en définitive à ne jamais lasser l’auditeur, enfin presque...