Un premier album c'est toujours un peu délicat. Trouver sa place au sein de la myriade d'étiquettes de la planète metal, se décider sur la direction artistique d'une prod' qui rendra hommage aux compositions, enregistrer et mixer le dur labeur de plusieurs années, et, bien évidemment, tourner le plus vite possible. Autant de paramètres à prendre en compte qui ne facilitent jamais la tâche d'une jeune formation. Pourtant à ce jeu là, Mahestrya s'en sort plutôt bien...

Si la première écoute suggère une sorte de croisement death moderne / prog - certains diront djent mais c'est réducteur - assez bien rendu soulignons le, qui fera entre autres penser à Textures (Dissension), au premier album d'Hacride ou très légèrement à Meshuggah ou Gojira sur certaines structures (Amnesia, The Last Shepperd), et si l'aventure stylistique vous parle (les goûts, les couleurs, tout ça...), vous pourriez bien y trouver votre compte.
Une fois passée cette introduction très "Lovecraftienne" dans l'esprit, Mahestrya dégaine une grosse demi heure d'un metal riche et dense, qui globalement brille par son efficacité et la puissance de sa section rythmique, ultra bien rôdée. Ajouté à cela un certain penchant pour enrober le tout d'atmosphères tantôt aériennes, tantôt oppressantes, relevant de fort belle manière l'ensemble, et vous tenez là un album pas forcément très original mais inspiré, varié, efficace, et sincère.

Vous l'aurez compris, une très bonne impression générale se dégage de The Undying Thing, et cela même si la production semble parfois un peu décalée, ou trop neutre par rapport aux idées et aux intentions du groupe. Si la section rythmique, batterie et lead guitare notamment semblent à l'honneur, on pourra regretter une basse un peu trop discrète, et un chant assez inégal, parfois très inspiré (Dissenssion, The Cursed Shepperd), parfois peu percutant car trop peu varié. Certains riffs auraient également mérité d'être d'avantage développés, celui (monstrueux) d'Amnesia par exemple, lourd et entêtant, même chose pour certaines parties de chant, comme cet étonnant twist mélodique sur Dissenssion, ou la dernière partie de The Cursed Shepperd, magnifique, qui aurait pu être mise un peu plus en avant.
Ceci dit, et en prenant en compte le fait que les gaillards se sont débrouillés comme des grands pour mettre au monde leur bébé, force est de constater que pour un premier essai, Mahestrya met la barre assez haute, pour ce qui pourrait s'apparenter au premier abord à un énième album de djent / metal moderne / death mélo technique / truc prog technique qui tabasse (rayez les mentions qui ne vous plaisent pas). 

Savoir développer avec brio une palette technique et émotionnelle assez large, en digérant au passage des genres et influences très différentes, le tout au service d'un univers sombre et froid, voilà bien une chose qu'on ne pourra pas leur reprocher. 
On leur souhaite juste d'aller un tout petit peu plus loin dans la démarche, histoire de se démarquer un peu, car en l'état il ne leur manque que ça pour s'affirmer et s'installer sur un créneau (trop) souvent fourre tout. 
Bon album, on attend maintenant la suite avec impatience...