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Biographie

Lurk

Lurk est un quatuor Finlandais officiant dans un mélange de Doom Metal, Sludge, Death. Formé en 2008, le groupe sort son premier disque quatre ans plus tard puis un deuxième en 2014 nommé Kaldera. C'est principalement le troisième effort des nordiques qui les fait connaître en dehors de leur scène avec la sortie chez Transcending Obscurity de Fringe en 2018. 

Chronique

14 / 20
1 commentaire (16/20).
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Fringe ( 2018 )

Ce soir-là, pour amadouer mes paupières encore trop en alerte pour dormir, je décidai de provoquer l’entrée du marchand de sable sur fond de Lurk. Un Doom rocailleux sans artifices, à peine teinté de Sludge poisseux et de Death âcre, celui qui vous fait entrevoir des paysages désolés en quelques notes claires inquiétantes. 

Ostrakismos ouvrit le bal et épaissit l’obscurité, alourdissant cette nuit déjà grise. Je sentais mon souffle ralentir et mon pouls entrer en léthargie quand une brise inattendue me tira de ma torpeur. Je fis de mon mieux pour percer la pénombre mais rien ne semblait anormal, bien que la brise se manifesta une seconde fois. Voilà que j’étais sur pied, prêt à chasser ce courant d’air indésirable, et il ne me fallut pas longtemps avant d’atteindre à tâtons la fenêtre mal fermée. Au dehors, les arbres chenus de la forêt semblaient danser sous la lune pleine, et curieusement je ne pus me résoudre à courir après le sommeil, fasciné que j’étais par le mouvement las des conifères. Il fallait que j’aille les rejoindre, que je foule le sol terreux et irrégulier, que je sente l’écorce humide sous mes doigts, et quelques secondes suffirent à m’engager dans cette vaste étendue brumeuse fendue par ces lances célestes ornées d’aiguilles. 
J’avançais d’un pas traînant (Tale Blade) sous l’astre nocturne, chancelant sur les pierres mousseuses. La nuit était belle mais sans étoile, seule une voûte noire d’encre accompagnait le craquement des branches mortes sous mon poids. Je me prenais à rêvasser de tout et de rien quand des échos lointains me firent comprendre que je n’étais pas tout à fait seul. Stoppé net, je tendis l’oreille et commençais à blâmer mon imagination trop fertile, mais les cris rauques redoublèrent d’intensité. Je ne saurais dire pourquoi ni comment, pourtant mes jambes flageolantes me portèrent malgré moi vers la source du danger. 

J’aperçus la clairière, la seule au beau milieu de ces bois inhospitaliers. De là résonnaient des sons mystérieux entrecoupés de grondements ricochant sur les roches environnantes (Elan). Quelqu’un avait allumé un feu et des ombres allongées me firent deviner qu’une foule étrange s’était rassemblée en ce soir de pleine lune. Mieux valait ne pas se montrer, car des hurlements terrifiants emplissaient l’air, et c’est seulement une fois abrité dans des fourrés et retenant mon souffle que je pus contempler un spectacle morbide. Les hommes, qui paraissaient venir d’un autre âge, dansaient autour du brasier, certains vêtus de robes sombres psalmodiaient dans un dialecte inconnu. Je tremblais à l’idée d’être vu, qui sait de quoi ces curieux pèlerins étaient capables ? Je ne tarderais pas à avoir une réponse à ma question. L’un des prêtres aboya un ordre à des disciples jusque là hors de mon champ de vision, et quelle ne fut pas ma stupeur lorsque je compris le destin du pauvre hère ligoté que l’on amenait près du feu. Une dernière incantation, et voilà que le damné fut jeté aux flammes. Je ne distinguais même pas son visage, mais le son de sa trachée à vif maudissant ses faux frères et les dieux cruels (Offshoot) me glaça le sang. Tétanisé, rien ne put s’échapper de ma bouche béante tant le malheureux vous oppressait le cœur et les entrailles. 

J’essayai avec peine de retrouver mes esprits, il fallait rebrousser chemin sans éveiller l’attention des meurtriers encapuchonnés. Mais mon corps me fit défaut une nouvelle fois, incapable de quitter sa cachette. Que faisaient-ils ? Ils allaient bien finir par me trouver, m’entendre, peut-être même m’avaient ils repéré depuis mon arrivée. Pourtant, c’est vers les cieux que s’étaient tournés tous les regards depuis le sacrifice, et les voilà qui attendaient probablement un signe divin. Allait-il falloir une victime supplémentaire pour satisfaire l’appétit de l’au-delà ? Non. Le silence, l’obscurité, tout cela fut brisé en un fragment de seconde (Nether). Dans un ciel incandescent, il apparut comme né du néant. Un dieu-oiseau, peut-être aussi grand qu’une ville entière, aux ailes rougeoyantes et au bec acéré rempli de cadavres calcinés. Jamais je ne sentis plus proche de la Mort elle-même, et je considère même aujourd’hui que mourir sacrifié eût été un sort plus heureux que de croiser le chemin de cette engeance féroce. Je crois qu’il lui fallut un battement de cil pour s’emparer de moi. Broyé par des serres plus chaudes que les Enfers, je ne pus même pas adresser une dernière prière mais il me semble que je mourus mille fois avant de quitter ce monde, pour de bon. 

Alors que j'ouvre les yeux, les premières lueurs du jour percent à travers les volets. Rien d’autre qu’un mauvais rêve. Mais tandis que j'observe autour de moi des murs familiers, je ne peux retenir un cri d’effroi. Partout sur le sol et sur mon corps, jonchant et voletant dans l'air par la fenêtre ouverte, des plumes rouge et ocre crépitent encore au milieu des flaques de sang. 

Lurk

Style : Doom/Death/Sludge
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Origine : Finlande
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