Chronique

The Order Failed The Dream ( 2006 )

Que personne ne s’affole ou ne crie au scandale, il ne s’agit évidemment pas ici du groupe poprock français, ersatz de Noir Désir, mais d’un quatuor allemand, partageant avec quelques groupes de la scène germanique (Slut, Three Minute Poetry, Scumbucket) une conception de la musique, un talent, et malheureusement un manque de notoriété ; mais qui à l’image des Unbelievable Truth, il y a quelques années, ne se soucie ni de sa popularité ni des genres en vigueur, et garde toute son énergie pour tracer dans l’ombre son chemin au sein de la scène rock indie.

L’homonymie, c’est tout ce qu’on gardera de commun. Notre Luke en question est l’antithèse du groupe formaté radio, et The Order Failed The Dream, la preuve qu’on peut être efficace sans pour autant être simpliste. Aussi à l’aise dans les rounds intimistes (« De Luxe », « Drowning ») que dans les tours de pistes popisants (« How Long is Too Long », qu’on aurait bien vu figurer sur le Green Mind de Dinosaur Jr), Luke explore les différentes facettes de l’indie rock, avec en toile de fond une singulière mélancolie (la ballade brumeuse de « Disconnect » ou la composition Lo-Fi de « 35/91 »).
Emmenés par une voix changeante, dont le timbre délicat peut évoquer aussi bien Sting (« A Whole New Idea ») que Jim Adkins (JEW), les natifs de Cologne s’appliquent à instaurer des atmosphères, intronisées par des effets, des arrangements et des variations d’instruments (passage acoustique, apport du piano). On notera au rang des petites améliorations possibles un chant pas toujours évident à apprécier, voire par moment à la limite de la justesse, chant qui malgré tout, enveloppé dans les étoffes mélodiques renforce par ce côté imparfait l’impression « d’interprétation habitée » (« 35/91 ») et non standardisée qui sied si bien à l’esprit de l’opus.

En place depuis près d’une décénnie, Luke accouche, grâce à cette expérience, d’un effort bien ficelé et convaincant. Capables de morceaux entraînants en format pop rock (« Wrong By far »), tout en montrant dans l’enchaînement une capacité à fignoler ses structures (la montée finale de « Close The File »), Luke démontre une fois de plus comme il est bon de sortir des sentiers battus pour y cueillir les fleurs ayant éclos à l’abri de l’agitation médiatique.

En écoute sur myspace.

A écouter :