Estampillé Post-Hardcore et revendiquant les couleurs de la scène sur laquelle évoluent des groupes comme The Ocean, Cult of Luna et autres rolls-royce du genre, Luda, jeune formation du pas de calais pratiquant aussi bien les sentiers hardcore que les randonnées atmosphériques, invite le voyageur curieux à venir découvrir leur premier EP.

Genre où il est assez difficile de se démarquer et encore plus d'y faire son trou, ce post-hardcore là est pourtant plutôt généreux et exigeant avec lui même, nous déversant pendant plus d'une demi heure un flot quasi ininterrompu de très bonne qualité. Les p'tits gars de chez Luda démontrent assez rapidement qu'ils savent de quoi ils parlent : guitares puissantes, basse assourdissante, chant éraillé et alternance de rythmiques rapides et appuyées, voilà qui commence comme un skeud de post hardcore classique, mention spéciale pour la qualité de production. Une double pédale qui chatouille les oreilles, des grattes percutantes assez travaillées, et un frontman qui n'aura de cesse de déverser toute sa rage... et son stock de pastilles valda dans vos oreilles non averties.

Puis arrive le deuxième effet kiss-cool, les compos vous collent à la peau, tout ce qui peut être addictif fait son boulot, les refrains, les lignes de basse sournoises, les couches et sur-couches de 6 cordes, et un certain sens pour le song-writing bien ficelé. Sans forcément être original ou réinventer l'eau chaude, ce serait toutefois assez dommage de passer à côté d'un EP plus que réussi, alors ne boudons pas le simple plaisir de s'en prendre plein la tronche, de se laisser écraser par la puissance de titres comme Hell on my Back, Slavery by consent, ou de goûter aux atmosphères envoutantes, proches d'un The Ocean (Velvet Claw).
Généreux dans la longueur (hum...), les Luda le sont aussi dans la diversité des compositions, assez mise en avant pour le souligner. Avec une palette musicale ne se limitant pas à l’extrémisme pur, le groupe surprend, explorant de bout en bout les différentes facettes d'un post hardcore mature (Burn the Empire). Que ce soit par l'élaboration de murs de son assourdissants ou par une approche plus progressive (Beneath the calm, Dreadful Scavengers), les Luda maîtrisent aussi bien les développements atmosphériques que les cavalcades enragées.
Techniquement, rien de révolutionnaire, mais toutes les compositions de cet EP possèdent leur propre caractère, poussé par un frontman tantôt omniprésent et cinglant, tantôt en retrait ou en chant clair, pour mieux mettre en avant les émotions que suscite ces sept titres remarquables.

En bref, Luda nous régale avec cet EP ambitieux, développant un son et une âme très personnelle, bénéficiant d'une production de qualité, et proposant des titres accrocheurs et efficaces. Il n'en faut pas plus pour y trouver son compte, qu'on soit aficionado de ce genre ou simple amateur occasionnel, ce sera forcément un bon moment en perspective. La suite, vite !