Sept ans! Sept putains d’années auront été nécessaires aux
vétérans thrash / death de la scène française pour préparer leur grand retour.
Après un Planet Pandemonium en demi-teinte et le live Loud, Live and Heavy qui
mettait l’eau à la bouche, bon dieu, il était plus que temps.
Et autant le dire tout de suite : Frozen Moments Between Life And Death (FMBLD) remet les pendules à l’heure et s’annonce comme l’album
le plus mature et réfléchi de Loudblast. Un grand écart en équilibre parfait
entre les bancs de la vieille école, que le groupe ne quittera décidément jamais,
et une modernité sous la forme de deux nouveaux membres au sang chaud qui
apportent une bouffée d’air frais bienvenue. La pochette du disque, signée une
fois encore Bolek Budzyn, renoue avec les premiers amours du
groupe, une fresque étrange et psychédélique
représentant des lutins jouant de la musique au milieu de crânes de chevaux.
Pas de scène d’orgie cette fois-ci, mais cela aurait été hors de propos: FMBLD n’est pas du même bois que Cross The Threshold ou Fragments, n’invite pas
à repousser ses limites et à laisser libre cours à ses instincts les plus
bestiaux. Non. FMBLD est résolument plus sombre et déchirant que les précédents
albums de Loudblast. Un simple coup d’œil au nom des pistes pour s’en
convaincre (Emptiness Crushes My Soul, Towards Oneness, The Bitter Seed…). La
solitude, le passage vers l’au-delà, la rengaine… Autant de sujets abordés dans
les neufs pistes que contient FMBLD.
N’allez cependant pas croire que Loudblast soit tombé dans l’emo
attitude ! Les frenchies savent encore « envoyer le bois »,
« défourailler du poney » comme on dit. Preuve en est avec les
rythmes rapides de l’éponyme FMBLD, Emptiness Crushes My Soul, The Bitter Seed,
le groove extrême dont eux seuls ont le secret sur Hazardous Magic, Cold
Blooded Kind, Nosce Te Ipsum, ou encore les morceaux de bravoure à coller des
frissons que sont Neverending Blast et To Bury An Empire. Les cht’is gars du
nord ont également conservé leur goût pour la mélodie sensuelle, qu’ils ont
pris un malin plaisir à disséminer à travers tout l’album via des soli et lead
guitares à tomber par terre.
Question prestation, Loudblast nous surprend également avec une production bien
loin de ses premiers EP à peine audibles. Pour leur grand retour, le groupe a
en effet mis les petits plats dans les grands, et c’est à l’incontournable
Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain, Bloodbath), heureux propriétaire des célèbres
studios Abyss (Septic Flesh, Dimmu Borgir, Amon Amarth, Immortal etc.) qu’ils
ont fait appel pour le mixage de leur bébé. C’est donc sans surprise que
l’album, sous ses airs de mastodonte écervelé qui ravage tout sur son passage,
révèle de subtiles nuances plus mélancoliques quand le besoin s’en fait
ressentir. On pense notamment à l’ouverture épique de FMBLD, ou à l’excellente outro
de Nosce Te Ipsum. Et c’est évidemment au chef de meute Stéphane Buriez que
revient la palme d’or de cet album. Le gaillard nous livre un show aussi
étonnant que détonnant, et, sans démordre à ce qu’il savait déjà faire (eeuh...
hurler comme un démon ?), nous balance en pleine tronche un chant rauque et
parfois presque douloureux qui dépasse de loin ses précédents efforts.
Qu’on se le dise, Loudblast est de retour, et armé de son
nouveau joujou, le groupe compte bien envahir de nouveau notre belle patrie, et
pourquoi pas, tenter une bonne fois pour toute de s’exporter à l’étranger. FMBLD est une nouvelle étape pour le groupe, qui, on n’en doute pas, le mènera
vers de nouveaux sommets.
L’expérience de 26 ans de service condensée en neuf titres
consistants et surtout bien remplis.
A écouter : Frozen Moments Between Life And Death, Neverending Blast, Nosce Te Ipsum, To Bury An Empire