Mélangez des membres de Bishop, Oi Boys, Hyacinth, The Sioux… et vous obtiendrez Loth. Avec 616, ce nouvel album qui sort chez Specific Recordings, le label d’un des musiciens, le combo s’oriente à nouveau vers un Post Black / Black Atmosphérique que j’avais survolé sur Apocryphe. Loin d’un lien avec la terre 616 de Marvel, mais plus proche du nombre de la bête évoqué dans le Papyrus 115 (qu’évoque un confrère par ici), est-ce un contrepied au traditionnel 666, sorte de pied de nez pour des musiciens qui voudraient se réapproprier leur Black Metal ?
D’entrée de jeu, sur La Douleur Tombée Du Ciel (évidente référence à La Couleur Tombée Du Ciel de Lovecraft, ou passion pour l’adaptation avec Nicolas Cage), on s’oriente sur quelque chose d’épique, vite supplanté par un côté guerrier (qui me fait personnellement penser par moment aux premiers Satyricon, le côté froid en moins), notamment par la production qui permet de s’extasier sur certains passages (S.E.U.M.), avec un côté grandiloquent (La Douleur Tombée Du Ciel).
Lorsque Loth prend son temps, notamment sur S.E.U.M., tirant justement sur ce Post Black Metal éthéré, mélancolique plus que viscéral, on discerne un autre sentiment qui se fraie un chemin, tout doucement, jusqu’à annoncer ce Cœur Caligula qui se fait vecteur apocalyptique, sans pour atteindre celui de Bishop, au sein duquel on retrouve l'un des musiciens. Si l’on compara rapidement à Apocryphe, on retrouve certes quelques similitudes, mais énormément de différences. Exit l’intro médiévale, la prod claire : tout semble plus renfermé, comme si le son aspirait au lieu de s’ouvrir au monde. J’ai une préférence pour ce petit dernier, même si le morceau titre de l’opus précédent reste envoutant, la faute à des sonorités qui me parlent bien plus.
N’étant pas le plus grand fan du style de base, j’avoue qu’il m’est difficile de statuer sur l’importance de ce disque versus le reste du monde, néanmoins j’y ai passé un moment plus qu’agréable et j'ai l'impression de ne pas être le seul pingouin sur la banquise à penser cela. D’un part, parce que je pouvais le rapprocher à ce que j’apprécie dans cette scène (Der Weg Einer Freiheit par exemple), mais également car la production m'a vite happé.