Fut un temps où Lost Society faisait du Thrash. Un Thrash assez basique, d'ailleurs, probablement très efficace sur scène mais sans grand intérêt sur album. Puis les Finlandais sont passés au niveau supérieur avec Braindead, qui paraissait d'autant meilleur qu'il était inattendu. Après quoi, place au très bon No Absolution, qui a pu faire grincer certaines dents en déviant ostensiblement du genre d'origine. Deux ans plus tard arrive If The Sky Came Down, qui va encore plus loin dans cette évolution, en osant s'acoquiner avec le Neo Metal (!).
Le Néo, voilà bien un genre qui nous ramène en arrière, évoquant une tripotée de groupes et d'albums qu'on a aimés mais qu'avec le recul on classerait plutôt parmi les déchets (ah, l'adolescence)... mais aussi d'autres qui nous ont laissé un bien meilleur souvenir, et qu'on peut réécouter avec plaisir.
Par chance, Lost Society a encore la fougue nécessaire pour capter l'énergie propre à ce courant, tout en bénéficiant d'une maturité, d'une maîtrise dans la composition comme dans l'exécution de ses morceaux, qui lui permet de la canaliser et de l'exploiter habilement. En somme, le groupe ne réinvente rien, et certaines influences viendront immédiatement à l'esprit lors de l'écoute, mais l'efficacité est telle qu'on ne leur en tiendra pas rigueur.
Pour donner l'exemple le plus flagrant, (We Are The) Braindead rappelle furieusement Slipknot... mais (cet avis n'engage que moi) ça fait belle lurette que je n'ai pas entendu les Iowiens sonner de façon aussi convaincante, alors difficile de s'en plaindre. Et il s'agit là d'un cas isolé, ce n'est pas comme si chaque morceau s'inspirait d'un groupe en particulier. Histoire de citer un autre nom connu, on notera le chant dont les intonations, sur certains passages, pourront rappeler feu Chester Bennington (Linkin Park), sur Awake notamment.
Après, on pourrait balancer d'autres noms, des formations qui ont sûrement été les héros de jeunesse de nos ex-thrasheux tout autant que les deux déjà évoquées, mais dans l'ensemble, If The Sky Came Down ne se limite heureusement pas à un name-dropping passéiste et mêle toutes ces influences, les saupoudrant de quelques touches d'Indus, de Groove Metal, voire de Grunge (Creature) pour en tirer des compositions étonnamment solides, depuis 112 qui annonce la couleur jusqu'à Suffocating qui clôt l'album en mode piano/voix évitant l'écueil de la ballade insipide.
Bref, Lost Society ne joue plus de Thrash. Un changement qui, comme tout revirement stylistique, fera immanquablement des mécontents. Pire, le combo s'adonne actuellement à un genre qui n'est pas en odeur de sainteté chez les adeptes du « vrai » Metal. Mais il le fait bien, et dans le fond, c'est tout ce qui compte.