Biographie

Loomer

Loomer est un tout jeune groupe originaire de Brisbane, Australie. Créé dans la seconde moitié des années 2000, le quatuor influencé par les patrons des courants Noise Rock et Shoegaze met quelques années avant de boucler son premier album. Ceiling sort en Octobre 2010 chez Bon Voyage.

Chronique

14.5 / 20
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Ceiling ( 2010 )

Avec un nom et une pochette pareille, inutile d'aller chercher bien loin: les quatre jeunes gens de Loomer ont tété du My Bloody Valentine au biberon. Les premiers instants de Ceiling semblent d'ailleurs vouloir le confirmer. Pourtant quiconque se laisserait prendre au piège risque bien d'être surpris.
Car contrairement à leurs très appliqués (agréables) et britannisants homonymes brésiliens, ce Loomer ci dégueulasse aussi allègrement que brillament l'héritage des anciens. Oui, vous l'avez probablement déjà compris, ce Loomer là nous vient d'Australie.

Un cheptel ovin quatre fois plus important en nombre que les autochtones, un coeur aride s'étendant à l'infini, une cote interminable parsemée d'une poignée de villes et mégalopoles étalées comme des chiure de moineau sur un pare-brise... l'île-continent est un territoire étrange mais qui, force est de le constater, n'en finit plus de nous sortir avec une régularité déconcertante des formations fortes en gueule et/ou en talent, souvent atypiques. En face, au Sud-Est, sa version miniaturisée, en moins loufoque et plus luxuriant n'est pas en reste non plus d'ailleurs, mais passons.
Le groupe du jour est encore loin du génie d'un Sea Scouts (quoique quasiment déjà plus connu) que ce soit en terme de composition ou de singularité mais on ne peut pas leur enlever un certain quelque chose. Ce petit truc que l'on nomme liberté et que les formations du coin semblent se refiler en secret comme la recette de la potion magique. Loomer fait partie de cette scène un peu à part qui ne fait rien comme tout le monde aussi, alors même que l'on (je?) s'enthousiasmait sur le délicieux revival de Pinkshinyultrablast il y a quelques temps de cela, le quatuor fourbissait ses armes et déboulait l'année suivante avec un premier jet Shoegaze hanté, punky et malmené au Noise Rock. Ceiling, le remuant, venait de sortir de sa coquille rendant par la même occasion un peu de dissonance à un genre parfois trop propre sur lui lorsqu'il n'était pas carrément mais mollement vampirisé (l'interminable descente de Jesu, l'apparition de la très floue scène "Metalgaze", les trips Nugaze réservés aux indie-freaks etc). Loomer laisse proliférer le cheveu gras et cultive ses pellicules la tête coincée dans ses amplis, entièrement absorbé à laisser se développer son affaire bruitiste, ne semblant daigner se désencastrer que pour y asséner quelques coups de griffe Noise/Punk nerveux (Saving daylight) ou y apporter des sonorités étrangères (Enchated et son reverb Desert/Surf Rock souriant ala Yawning Man, Ride et ses notes Post-Rock perlées). Alors certes, le chant féminin éthéré est présent, oui Audition conserve des accents MBV plus que prononcés et la chanson titre doit certainement beaucoup à Ride mais Loomer conserve l'urgence et le déséquilibre nécessaire pour ne pas aller s'engluer dans la (formidable mais trop souvent massacrée) mousseline rose mi-cotonneuse, mi-inquiétante de Loveless. La preuve en est cet ultime titre, Bolt, ralenti, chargé de romantisme kitsch sauce 80's, malmené avec une délicieuse application. Ou encore cette impression générale de retrouver ici et là un peu de Flying Saucer Attack et de sa vision définitive et jusqu'auboutiste du Shoegazing.
La basse est grasse, la batterie bastonne, refuse de tenir en place et la dissonance typique du genre est poussée dans les extrêmes jusqu'à en devenir paradoxalement aussi caricaturale que digne des assauts live surpuissants de feu-Ride (tiens encore eux, finalement). Et transformer un premier jet prédestiné à l'anonymat hors de ses frontières en un disque qui mérite véritablement d'être écouté.

Rien n'est parfait chez Loomer et Ceiling en est l'illustration même. Ca tombe bien puisqu'il semblerait bien que le but n'était de toute façon pas là mais bien dans la volonté de la jeune formation de faire une musique directe, brute, dense, puissante, authentique et un peu à l'image de leur pays. Si elle ne se veut révolutionnaire, elle est tout du moins suffisamment "autre" pour se donner les moyens de se faire remarquer. Ce n'est pas donné à tout le monde.

Du son et un shop par ici.

A écouter : plus souvent que l'on ne le croirait
Loomer

Style : Shoegaze
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