Lokha

Rockin' Harcore / Emocore

EP

2009

Chronique

par Turtle

Avant de tomber dans ce fléau contemporain qu’on pourrait nommer par un piquant néologisme "la blasitude", il arrive que la jeunesse fasse parfois œuvre de création. Avant la peur du jugement, avant le reflexe de la critique systématique. Dans cet heureux moment, pensées et actes se confondent. La distance s’abolit. Il en ressort ce qu'on pourrait appeler la "voix des tripes", "le discours des entrailles". Et si un borborygme ne sonne pas toujours élégamment, il manifeste un mouvement ; il dit "je suis là". C’est avant tout ce qui compte.

Lokha appartient à cette catégorie qui a combattu la timidité du débutant et la paralysie du novice. Faire pour tracer une croix, et ensuite l’avoir en repère, en référent du chemin parcouru, voilà l'idée de ce jeune groupe formé en juin 2007. A ce point P., il y a beaucoup d’imperfection: le chant rockin’ screamo annihile ses effets lorsqu’il ne bénéficie pas de variations, le propos n’est pas nouveau, la production un peu légère, certains gimmicks font trop clichés, les 5 titres manquent un peu d’homogénéité et tirent dans tous les sens (on connait la justification "on a tous des influences diverses") etc. Ok, soit. N’empêche. N’empêche que "Kick You" et "The Rage comes from Blood" ne mettent pas les gants et dégueulent sans glosse un rockin’ hardcore avec chant screamé qui ménage pas ses efforts et qui fait clairement lever l’œil de son journal : Qu’ouïs-je ? On notera bien dans la noirceur des riffs et les durcissements des tonalités ce quelque chose d’un metalcore récemment écouté en masse (Norma Jean, Every Time I Die), metalcore qui vire à l’emocore en clin d’œil (la très Funeral For A Friendienne "How To Be") quand le quintet recherche l’introspection plutôt que la démonstration.

Un peu de disto, de la pédale écrasée, du hurlement qui chevauche rockin’ hardcore, metalcore et emocore et de l’envie visible comme une lune un soir d’été, c’est ainsi qu’on pourrait résumer ce premier Ep des lorrains. La suite à souhaiter ? Prendre de l’amplitude, gagner en identité, délaisser un peu le bancal rockin’ hardcore qui ne réussit à aucune formation hexagonale, et ce, sans perdre la relation immédiate cœur/instrument, surtout sans perdre cette relation.

3

En écoute sur MS.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 0
Avis 0