Subtilité et avant-gardisme: voilà qui dépeint plutôt bien la paysage musical dessiné par Logh. Sur A Sunset Panorama, ces Suédois démontrent avec justesse qu’il est encore possible d’être inspiré en matière de rock indépendant.
"String Theory" ou une leçon de simplicité incarnée. Premiers arpèges, grincements de cordes, un silence instrumentalisé berce l’auditeur dès l’ouverture de cette production. Logh propose un indie rock longuement pensé, laissant la parole à chacun de ses membres, sans aucune contrainte de durée. Le Temps: clé musicale suscitant la moindre émotion. Celle-ci se véhicule via la plus infime des notes, et c'est bien ce que le combo tente de nous faire comprendre à travers cette oeuvre.
Minimaliste et pourtant tellement envoûtant, Logh avance un indie rock édifié sur de solides bases; un morceau tel qu’"Ahabian", sur fond de chuchotements éreintés , que Mark Linkous (Sparklehorse) ne renierait en aucun cas, se trouve à la limite de la mélodie purement instrumentale. Et c’est là la force de Logh, leur capacité à intégrer de façon brève et subtile le moindre élément, renforçant ainsi leurs mélodies, à l’image du métronome qui ouvre "Bring On The Ether". Oppressant et chaotique, ce morceau impose une atmosphère identifiable sur l’ensemble des pistes.
Mais cette leçon que livre Logh ne s’arrête pas là. Indie rock et éléments mélodieux (clavier) ne suffisent pas à l’originalité d’un groupe. L’avant-gardisme des Suédois passe ici par la tonalité post-rock prenant part à chaque morceau. Simple fond sonore, ou, à l’inverse, prise de position flagrante, Logh se complaisent à marier ces deux styles. Preuve en est faite avec "Asymmetric Tricks" : guitares criardes/dissonantes, arpèges répétés en boucle. Ainsi les morceaux ont cette faculté de paraître des heures, d’apaiser chaque seconde de A Sunset Panorama, avec toute la délicatesse que nécessite l’effleurement de chaque corde.
Intemporelle, la musique de Logh semble déstabilisante au premier abord ; ceci est probablement due à la lenteur propre à la majorité des chansons. De ce fait, le quatuor surprend lors de ses envolées. A Sunset Panorama, dans cette scène indépendante, sait tirer son épingle du jeu, mais l’accessibilité de l’album n’en est que peu évidente. De nombreuses écoutes sont donc nécessaires pour apprécier pleinement l’album mais au final, le jeu en vaut largement la chandelle. All You’ve Got To Lose... maxime qui pourrait refléter au mieux ce qu’il vous en coûtera de ne pas jeter une oreille attentive à cette œuvre.
A écouter : The Smoke Will Lead You Home, Trace Back The Particle Track, The Big Sleep