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Biographie
Le trio composé de Mathieu Ricou (Guitar / Chant), de Katy Elwell (Batterie) et de William Knox (Basse / Chant) naît début 2006 à Limoges et enregistre sa première démo La Criée la même année. Ils enchaînent ensuite les concerts et se construisent un solide fan base menant jusqu'au premier ep, Venus, produit par Rhys Fulber (Paradise Lost, Fear Factory, Front Line Assembly) en 2008, et à de très bonnes chroniques, classant Lizzard comme un groupe étant dans la même ligue que Tool, King Crimson, Sigur Ros... En 2009, Lizzard organise une tournée nationale en ouvrant pour certains des plus gros groupes de Rock / Metal français tels que Gojira, Punish Yourself, Loudblast et Enhancer. En 2011, le groupe part à Los Angeles pour enregistrer leur premier album avec Rhys Fulber. Out Of Reach sort le 12 Octobre via Klonospherere. Une suite lui est donnée en 2014 nommée Majestic.
Voilà déjà plus de dix ans que Lizzard nous propose sa version très personnelle d'un rock exigeant, manipulant sans cesse les codes et artifices d'influences très précises, et très difficiles à amadouer. A l'intérieur, un trio talentueux, trois albums bien ficelés, et une volonté farouche de continuer sur un créneau musical assez rare... à l'extérieur une sphère musicale blindée de frontières de plus en plus strictes et sévères, qui font qu'à la longue, essayer d'apprécier Lizzard à sa juste valeur est bien souvent gâché par la somme de pesants parallèles qui leur colle aux basques. Out of Reach avait suscité l'intérêt, puis Majestic confirmé l'essai. Depuis quelques années Lizzard semble avoir progressivement trouvé sa place, notamment à force de venir défendre ses efforts sur scène et surtout, parce que les albums, quoi qu'on en dise, sont très bons.
Il faudra désormais se faire à l'idée que le trio semble avoir pris un tournant. Amorcé avec Majestic, déjà plus nuancé et moins homogène que leur premier album très fortement marqué par un son que tout le monde connaît (je ne les nommerai pas), le changement semble maintenant avoir atteint un point culminant. Maturation et prise de recul, un travail de fond pour nous proposer une vision plus personnelle d'une musique déjà très riche, avec des morceaux plus mélodiques, un peu moins techniques : quelque chose de moins immédiat et plus recherché. Tirant parfois sur des sonorités plus rock alternatif ou pop, les mélodies sont souvent incroyables : Bloom, Singularity ou Leaving the dream restent en tête et collent à la peau et c'est cette capacité à transformer et ponctuer les mélodies et harmonies en plans rythmiques efficaces, qui invariablement et sur toute la durée de l'album fait mouche. Sur les précédents albums on retenait surtout la dynamique et le son global très caractéristiques, passant souvent par dessus la mélodie et les arrangements. C'est tout l'inverse ici. Tout est beau (même parfois très beau), et de temps en temps, un plan, un break ou une structure alambiquée vient renverser le propos ; il faudra plusieurs écoutes pour s'en rendre compte, mais le fait est que cette façon de procéder, qu'elle soit voulue ou non est beaucoup plus marquante, intelligente, et donne de la chaleur à l'ensemble. Le soin apporté à l'écriture et aux voix est remarquable, on note des subtilités harmoniques sur Bloom, une technicité et une présence incroyable sur Min(e)d, ou encore une touche pop intéressante sur Open View et Passing By.
En somme un album varié, catchy à souhait, qui sonne un peu moins lisse que l'album précédent, et qui offre constamment d'agréables moments. Si ce nouvel opus est indéniablement très bon, on restera malgré tout un peu sur sa faim au bout du compte : il manque peut être une ou deux compos un peu plus marquantes, un peu plus de fougue par moments, ou des progressions plus marquées pour que ce Shift laisse une trace durable de son passage...
A écouter : Singularity, Gemini, Bloom, Leaving the dream
Avec ce premier opus, Lizzard compte bien faire parler de lui. Trio ayant ouvert pour des combos plus rythmés (Gojira, Punish Yourself ou Loudblast), Lizzard s'oriente plutôt vers une atmosphère plus Rock, moins rentre dedans. Alors quand la bio parle de Tool, Sigur Ros ou King Crimson, on tend un peu plus l'oreille, histoire de voir si ces mots ne sont là que pour attiser la curiosité ou si Lizzard s'en approche vraiment.
Dans un premier temps, Lizzard tient en effet plus du Tool ou Steven Wilson (Porcupine Tree) que des 2 autres nommés : Même manière d'orchestrer les compos, chant très proche, avec quelques passages ou le timbre vocal essaie sans doute de se calquer sur Keenan. Il n'y a rien a redire, Lizzard assume parfaitement l'une de ses sources d'inspiration et s'empare de la poésie de l'autre. Cela donne lieu à des titres prenants ("The Orbiter", "Across The Line") mais aussi à d'autres instants plus maladroits (le justement trop Toolien "Out Of Reach"). Car en se lançant dans un album, très agréable globalement mais trop inspiré des compositeurs de 10.000 Days, Lizzard laisse cette amère sensation d'inachevé dans les oreilles.
En effet, malgré toute la meilleure volonté du monde, Lizzard peine à effleurer Tool et même si l'on retrouve certaines sonorités proches, quelques agencements hérités des américains, il manque cette touche de folie, ces notes qui virevoltent pour créer une alchimie. Oui, Lizzard est un bon groupe, qui s'en sort très bien, mais la richesse d'un Tool n'est qu'apparente.
Pour la partie Sigur Ros, j'ai beaucoup plus de mal à trouver le rapprochement, sans y mettre de mauvaise volonté. Il en va de même pour King Crimson, dont la partie purement Prog est globalement absente ici.
Out Of Reach est un bon album, de ceux qui permettent de donner envie de jeter une oreille sur la suite. Les fans de Tool ou Steven Wilson y trouveront sans grande difficulté leur compte, notamment sur certains titres comme "The Orbiter", mais attendront peut être un peu plus la prochaine fois.
A écouter : Loose Ends
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