Il n’aura fallu qu’un seul EP éponyme, paru en 2013, pour que Livhzuena se fasse remarquer non seulement par les critiques, mais aussi par le label français Klonosphère. Un seul EP c’est peu, c’est vous dire le potentiel de ce groupe originaire de Bretagne. Cette formation joue un Death Metal aux sonorités modernes, qui multiplient les références, tout en dégageant déjà une belle personnalité.

Dark Mirrors Neurons est un album qui tourne autour d’un concept, celui de la relation entre l’homme et l’espace. Tout un programme, audacieux même pourrait-on penser pour un premier full length. Il ne faut pas bien longtemps pour s’apercevoir que les Bretons sont des musiciens qui ont une technique formidable. Les riffs sont alambiqués, les changements de rythmes fréquents et soudains, la basse très présente et le batteur possède un touché très particulier, lourd et rapide à la fois. Musicalement Livhzuena est un cocktail d’influences, les principales se retrouvent sur les titres Mars et Wave The Banner, qui ont un côté Meshuggah et Gojira. Impossible de ne pas le remarquer, notamment pendant le refrain de Mars, le tempo devient plus calme, très oppressant, avant de repartir sur une accélération dont le riff aurait très bien pu se retrouver sur un album des Suédois. Mais ce n’est pas tout, il serait bien réducteur d’accorder le crédit du travail des Bretons à ces deux monstres du Metal contemporain. Shadow And Matter offre une vision encore plus large de la musique de Livhzuena, le groupe passe en revue tout son savoir faire et se permet même un passage des plus mélodiques, où très sincèrement les vocaux clairs de Franck sont merveilleux et emprunts d’émotions. Ceux-ci ne sont pas sans rappeler le chant de Nick Holmes de Paradise Lost sur le chef d’œuvre qu’est Draconian Times. Dark Mirrors Neurons manie habilement futurisme et Metal plus conventionnel, et c’est d’ailleurs ici que réside sa force. Ce mélange est subtile et bien dosé, le monde créé par cet album est une vraie fiction, les titres transportent et peuvent se voir comme étant des personnages dont l’aventure nous est contée. L’enchaînement se fait naturellement, sans forcer le trait, sans en faire trop. 

Les points négatifs sont eux peu nombreux. Peut-être une production un peu tendre, qui manque de puissance et pousse l’auditeur à monter le volume pour une immersion dans un milieu qui se veut malgré tout complexe. C’est le seul reproche qui peut être fait à Dark Mirror Neurons, qui pour un premier album est tout de même de haute volée sur sa globalité.

En 2015, la popularité est une histoire de likes et de clics, ce qui en soi, est bien dommage. Espérons pour Livhzuena que le compteur tourne, et que certaines portes puissent s’ouvrir. Le Metal made in France tient ici probablement un poids lourd en devenir, un diamant brut qui ne demande qu’à être poli et à s’affirmer pour briller encore plus fort.