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Biographie

Liturgy

Pour certains, le Black-Metal n'est pas juste qu'une construction musicale à base de guitares saturées à l'extrême, de tempos ultra-rapides, de chants gutturaux et de paroles blasphématoires. Liturgy, originaire de Brooklyn, fait parti de ces groupes tentant de redéfinir le genre depuis 2005, avouant pratiquer ce qu'ils appellent le « transcendental black metal » et s'inspirer de groupes d'avantage issus de la scène Noise ou Expérimentale comme les SwansGlenn Branca ou Lightning Bolt. Ainsi, Hunter Hunt-Hendrix (Chant / Guitare), Bernard Gann (Guitare), Tyler Dusenbury (Basse) et Greg Fox (Batterie) sortent leurs premières expérimentations sur un ep, Immortal Life, en 2008 suivit par l'album Renihilation en 2009 qui les propulse sur les devants de la scène comme Krallice ou Cobalt grâce à une approche originale du genre. Après des déclarations qui font grand bruit sur ce que devrait être le Black-Metal, par son leader Hunter Hunt-Hendrix, s'attirant autant de partisans dans sa vision de la musique que de vives critiques, Liturgy revient deux ans plus tard avec Aesthethica poussant encore plus loin leur démarche expérimentale.Après quatre années de silence, le groupe revient en 2015 avec The Ark Work, sorti sur le label indépendant Thrill Jockey, poussant encore plus loin leur vision personnelle de la musique. 

Chronique

11.5 / 20
1 commentaire (9/20).
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The Ark Work ( 2015 )

Si l’on devait résumer le parcours de Liturgy en très peu de mots, « Haters gonna hate » conviendrait sans doute parfaitement. Triste constat pour l’un des groupes à ranger parmi les plus maudits des Internets (avoisinant le degré 7 sur l’échelle de Nickelback) après seulement leur deuxième album, Aesthetica. Taxés d’intellos, hipsters, posers, les New-Yorkais ne virent leur audace et leur ambition qu’assez peu récompensées à leur juste valeur, dénigrés pour leur interprétation personnelle du Black Metal qui aura fait bondir plus d’un trve.
« Je pense avoir pour mission d’amener les gens à se questionner sur leur identification à une culture donnée » rapportait Hunter Hunt-Hendrix il y a quelques temps de ça au magazine Pitchfork. Le leader, décidé à se relever du split temporaire  du quatuor et du départ de deux de ses membres, n’avait semble-t-il qu’un seul choix s’offrant à lui : courber l’échine et aller de l’avant.

The Ark Work a tout du nouveau départ, quitte à déplaire ou même décevoir. L’innovation et le courage sont à saluer, le résultat lui, est tristement décevant.
Le virage à 180 degrés entamé par Liturgy laisse dans son sillage les cris torturés, riffs prenants et envahissants et autres martèlements incessants. Voix claire monotone et incursions électroniques grandissantes sont le nouveau credo de la formation, remettant de fait en cause leur appartenance au genre Metal. Si le duo « Follow »/ « Follow II » est le lien le plus direct avec l’album précédent, le groupe a cependant nettement refreiné ses penchants pour le Black, duquel on ne retrouve plus que le tremolo picking sur des guitares à l’agressivité anéantie. Creuses, sans saveur ou compo marquante, les notes des six-cordes semblent presque artificielles et effacées, reléguées au second plan sur « Quetzalcoatl » ou « Total War », ou bien clairement laissées au placard pour un bon nombre de titres. Comme pour pallier à ce manque de panache, le quatuor se montre très emphatique sur les trois premières pistes et leurs instrumentations aux allures d’arrivée royale, où clochettes et trompettes s’en donnent à cœur joie. Plus tard, les claviers ou autres kicks parfaitement Electro prennent le relai pour seconder un Hunt-Hendrix, notamment rappeur, sur un « Vitriol » ridicule, stupide et dispensable.

Se diversifier instrumentalement n’est pas un problème en soi, mais exige une certaine  maîtrise de ces nouvelles voies. Malheureusement, il est difficile d’estimer que ces dix pistes soient un succès : de la plus plate et redondante « Father Vorizen » à la bouillie sonore mal mixée  de « Total War » on s’interroge sur les possibles motivations de Liturgy à s’auto-détruire. Plus sérieusement, le tout souffre de ce chant sans intérêt et rebutant couplé à une cacophonie parfois pénible (« Kel Valhaal »). La cohérence sonore est discutable, là où se côtoient synthés 80’s (« Haelegen », soit deux minutes d’intro de l’intro du titre suivant) et cuivres solennels (« Fanfare »), difficile de ne pas voir un patchwork irrégulier malgré certains morceaux se répondant entre eux. Sans doute très en phase avec leur propre démarche, les musiciens laissent en revanche derrière eux un auditeur perdu au beau milieu de cet album bancal et plus maladroit que véritablement Avant-Gardiste. Les quelques instants de succès restent ainsi les plus proches des deux premiers albums, ou bien « Reign Array », qui parvient à mêler plus finement les deux facettes des américains.

The Ark Work a de quoi sérieusement décevoir, pour un peu que Renihilation et Aesthetica nous aient touchés. Beaucoup de mauvais choix entachent ce troisième effort et poussent à l’oublier assez rapidement. Paradoxalement, celui-ci ouvre de nombreux champs possibles pour l’avenir du groupe, pour le meilleur comme pour le pire.