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Biographie

Liquid Tension Experiment

Liquid Tension Experiment (souvent abrégé LTE) est créé sous l'initiative de Mike Portnoy (Dream Theater) en 1997 après que le label Magna Carta lui ai donné carte blanche pour un projet de son choix. Aux claviers, après avoir eu Jens Johanson (Stratovarius, Rainbow) dans sa shortlist, il invite finalement Jordan Rudess, qui avait décliné quelques années auparavant son ticket d'entrée dans DT, laissant la place à Derek Sherinian. A la basse, Billy Sheehan (Mr Big) est envisagé par Portnoy mais c'est Tony Levin (King CrimsonPeter Gabriel) qui obtient le poste. Quant au guitariste, Portnoy tente de recruter un joli paquet de monde, notamment Dimebag Darell (ex Pantera), Jim Matheos (Fates Warning) ou encore Steve Morse (Deep Purple). Personne n'arrivant à se libérer, le batteur à la tête du projet réalise qu'il lui faut impliquer son fidèle acolyte de DT, John Petrucci, pour que le projet puisse démarrer.
Le quatuor sort coup sur coup deux albums, en 1998 et 1999. S'en suivent une petite poignée de concerts sur le sol américain. Jordan Rudess remplace Derek Sherinian dans Dream Theater au début de l'année 1999, juste après la sortie de LTE2. Maintenant que trois des quatre membres sont aussi dans Dream Theater, le projet est abandonné, considéré comme trop similaire à leur groupe principal.

En 2007, LTE exhume des démos sans guitare (le groupe avait réservé un studio d'enregistrement pour mettre LTE2 en boîte, mais l'épouse de John Petrucci accoucha plus tôt que prévu, empêchant le guitariste de se joindre aux autres. Le studio étant réservé de toutes manières, Portnoy, Levin et Rudess ont enregistré de nombreuses pistes sans guitare, dont certaines deviennent ensuite des fondations pour LTE2). Ce disque, nommé Spontaneous Combustion, sort sous le nom Liquid Trio Experiment.

Dans la foulée, le groupe annonce une reformation en 2008 pour quelques concerts seulement, afin de marquer les 10 ans de LTE. Lors de l'un de ces concerts, le synthé de Jordan Rudess tombe en panne (une touche sur quatre joue une note un ton plus haut que prévu). Pendant que claviériste passe le plus clair du concert au téléphone avec la marque Roland, les trois autres improvisent des jams. Jordan Rudess finira par rejoindre ses compères à la guitare. C'est ce concert-là que le groupe avait choisit d'enregistrer pour en faire un album live, qui sortira l'année d'après sous le nom de When the Keyboard Breaks: Live in Chicago, à nouveau en tant que Liquid Trio Experiment.

En 2010, Mike Portnoy quitte Dream Theater, ramenant Liquid Tension Experiment à sa situation initiale : deux membres dans DT, les deux autres pas. La raison d'être du groupe peut donc exister à nouveau, mais les liens entre Portnoy et ses anciens compères semblent amoindris. Il faudra attendre fin 2020 pour qu'une reformation soit annoncée. LTE3 sort au printemps 2021.

Chronique

Liquid Tension Experiment 3 ( 2021 )

Depuis que Jordan Rudess a rejoint Dream Theater en 1999, Liquid Tension Experiment était devenu une sorte de doublon pour trois quart de ses membres. Depuis 2010 cependant, retour à la case départ : seuls deux des quatre musiciens jouent ensemble dans DT (le claviériste Jordan Rudess et le guitariste John Pertucci), puisqu'à partir de cette fatidique année, Mike Portnoy quitte sa formation historique (et le bassiste Tony Levin (King Crimson) n'en a jamais fait partie). LTE pourrait donc redevenir d'actualité, mais la rupture s'étant avéré douloureuse, il faudra laisser couler environ une décennie d'eau sous les ponts pour que le contact se rétablisse entre le batteur et ses anciens camarades. Liquid Tension Experiment revient donc en 2021, de façon aussi inattendue qu'espérée, après vingt-deux ans de silence.

L'aspect le plus frappant de LTE3, c'est justement qu'il ne laisse absolument pas suspecter qu'un tel gouffre temporel s'est écoulé. La pochette, le titre de l'album, le format des morceaux, et surtout le style et la qualité des compositions sont autant de points de repères pour les personnes ayant déjà écouté les premiers efforts du quatuor. Dès le "run" introductif de la première piste, le ton est donné et on se rend bien compte que les virtuoses sont restés fidèles à leurs racines.
Peut-être que les premiers concernés ont justement révisés leurs propres méfaits de 1998 et 1999. Mais ce sont-ils arrêtés là ? Même si on ne regarde que quelques mois en arrière, Beating The Odds à tout pour figurer dans le récent album solo de John Petrucci. Dans ce titre, ainsi que sur The Passage Of Time, on trouve des moments faisant écho à The Ministry Of Lost Souls, et un passage de Beating The Odds semble calqué sur le riff principal de The Dark Eternal Night (deux titres de Dream Theater figurants sur Systematic Chaos, donc pendant la période Rudess-Pertrucci-Portnoy). Et quoi de mieux pour incarner le fait d'être tournés vers le passé, qu'une reprise centenaire (Rhapsody In Blue, du compositeur George Gershwin) ? L'interlude au milieu de cet hommage est d'ailleurs traité un peu à la façon de celui d'Octavarium, encore un repère du DT période Rudess-Pertrucci-Portnoy. Tous ces clins d'oeil ne sont pas dérangeants et n'empêchent pas Liquid Tension Experiment de commettre des titres qui, même s'ils ne surprennent pas, fonctionnent globalement très bien.

"Globalement", oui, car en cherchant bien il y a quelques légers travers. Le duo basse-batterie Chris&Kevin's Amazing Odyssey n'apporte pas grand chose et sera facilement passé après quelques écoutes de l'album. Et le disque-bonus (5 pistes supplémentaires et inédites, qui sont en fait 55 minutes d'improvisation), même s'il recèle d'excellents moments (Blink Of An Eye, Your Beard Is Good, la seconde moitié de Ya Mon), ne propose pas, par nature, de titres suffisamment structurés pour que l'écoute soit aussi plaisante que celle des morceaux "principaux". Peut-être que leur écoute doit se faire dans un autre contexte, plus jazzy, plus "fond sonore" ? On notera aussi une production un peu moins bonne sur ce second CD.

Liquid Tension Experiment livre donc un troisième album relativement évident, mais bien entendu chargé de bonnes idées. Ça tricotte de partout, ça groove, et même si ça ne dépayse pas on y prend toujours autant de plaisir. Espérons juste que LTE4 sorte avant 2040.

A écouter : Hypersonic, Beating The Odds, The Passage Of Time