Bon album!
À écouter:Just Like This,Nookie,Break Stuff,N 2 Gether Now
Un jour, une fameuse reprise de George Michael avait propulsé quelques jeunes brulôts au sommet des ventes MTV. Depuis ce jour, Limp Bizkit est devenu le canard boiteux du métal, un parce qu'il fait du néo rap métal et deux parce que de surcroît, il vent son néo rap métal. Tréve de plaisanteries, le significant other est la suite de la bombe qu'était le Three dollar bill'.
Concrètement, l'album incarne une coupure avec le précédent. D'entrée, la production est propre et léchée, avec une intro inutile (nombre de plages?). Pourtant, les chansons se succèdent et convainquent toutes. Toutes sont sincèrement des bombes péchues, groovy et entrainantes. De "Just Like this" à "Break stuff" incluse, le format est conservé, nouveau plan de bataille des biscuits mous, le tube en puissance. Durst adoucit son chant précédemment si rageur et rape toujours, mais avec une production le mettant en valeur.
Et dès "Rearranged", l'évolution se fait réellement sentir : le côté rageur n'existe plus du tout, on se lance dans la pop métal, étrangement proche de Incubus parfois (je vous le dis de suite, Durst n'a pas la voix de Brandon Boyd). Le cd joue en fait sur une apparence intimiste, d'un groupe mûr et adouci, car plus réfléchi. Peut-être est ce vrai, le problème n'est pas de remettre en question la démarche mais d'en apprécier le résultat : un enchaînement de chansons bien fades, toutes ressemblantes et perdant rapidement de son entrain et de de sa capacité a nous motiver.
En cela le pari est perdu, Limp Bikzit faisant du rock mièvre montre énormément de lacunes. Primo, cette voix, mise en avant est souvent horippilante lorsqu'elle part dans les aigus. Ca n'est pas l'apparition de Jon Davis sur "Nobody like you" qui changera quelque chose à la sauce. On sent que Limp Bizkit cherche à montrer qu'ils sont tristes, que tout comme Korn, le désespoir est aussi leur quotidien. Mais ceci est tant surjoué, que çà en devient exécrable (cf "No sex").
Mais l'album présente des points forts indéniables, qui l'ont transformé en album marquant de toute une génération mine de rien. Tout d'abord, la base musicale est basique, mais somme toute très solide. John Otto est affreusement talentueux. Il a toujours le rythme hallucinant, entrecoupé de cymbales discretes mais définitivement hip-hop. Sam Rivers appuie ce son groovy avec une basse lourde, certes gachée par cette production mais servant à l'ensemble. Lethal est égal à lui meme, un peu plus utilisé dans cet album mais toujours en retrait et surtout parfois ennuyant avec ses scratchs déplacés. Enfin, la pièce maitresse se situe en la personne de Wes Borland, le guitariste qui à lui tout seul résume Limp Bikzit : des riffs répétitifs (ça n'est pas forcément une tare, regardez WIll Haven), puissants, efficaces et toujours bienvenus.
L'album n'est donc pas bon dans l'ensemble mais ne peut pas être catastrophique, car pas du tout énervant, juste un peu passager et facilement laissé en musique d'ambiance. Puis, il est notable qu'il présente des surprises comme "Don't go off wandering" cette fois ci réussie. Enfin, l'album présente une homogénéité impeccable, ponctuée par des interludes ma foi assez agréables. A écouter donc, mais il faut avouer qu'en soi c'est un échec, un album de pop de plus avec, saupoudré par dessus, une classe indéniable.
J'ai toujours beaucoup aimé cet album bien qu'il soit un peu foutraque. Y'a de sacrées pépites.