On a annoncé sa mort imminente beaucoup trop tôt. Certains oracles du dimanche furent ravis d'annoncer son déclin, mais les années écoulées nous l'ont prouvé plusieurs fois : le Post-Rock n'a pas dit son dernier mot. D'ailleurs, il semble se passer quelque chose en Suède ces derniers temps, comme si le climat de ces froides contrées renouvelait un Post-Rock trop souvent entendu avec une émulation lancée par Immanu El, Ef ou Pg.Lost pour cultiver un terreau propice à de nouvelles fondations.

Ici, Lights&Motion, projet d'un seul homme originaire de Göteborg, ville bien plus célèbre pour ses saturations que ses douceurs Rock, apporte un argument supplémentaire à cette renaissance. Une frêle existence et pourtant un savoir-faire digne de ses aînés. Christoffer Franzen a bien compris que le format étiré montées / explosions était éculé et a préféré se focaliser sur des compositions aux formes plus réduites, mais toutes aussi intéressantes. En fait, ce Reanimation est à la croisée du Post-Rock et de l'Emo, que l'on pourrait recommander à ceux qui se sont brisé l'âme sur les travaux The Appleseed Cast et Moving Mountains. Ainsi, ce premier album est à l'image de son nom, lumineux, scintillant (Epilogue) qui rayonne même de positivisme (Home). On penserait presque au Recitation d'Envy sur Aerials car par ses morceaux en apparence assez simple, le suédois arrive à instaurer des climax de béatitude savoureuse. De l'art d'user de la simplicité pour mieux immerger l'auditeur. Des mélodies gracieuses, mouvantes, jusqu'à la section rythmique délicates ou plus soutenues jusqu'aux arrangements soignés, Christoffer en orfèvre minutieux, sculpte son monde onirique, expose une à une des pièces envoûtantes et s’affranchit de ses propres limites avec un Ambient doucereux éclatant en une myriade de particules colorées (The March). Chaque titre esquisse son paysage, fascine à sa manière, qu'il évoque un songe d'une nuit d'été sur Texas, provoque les bourrasques du tourbillonnant Drift rappelant les débuts de Tides From Nebula ou en conclusion, nous surprenne par l'acoustique Dream Away, la seule composition où s'évadent quelques lignes de chant.

Mais il faudra surtout retenir que ce Reanimation est habité par une essence bien particulière, de celles qui font que l'on pourra qualifier ce disque de beau, de magique, de captivant. Peu importe les mots qui le dessinent, si vous écoutez Lights&Motion vous comprendrez et créez votre bande son de vos nuits d'errances.