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Biographie

Light Bearer

Formé en 2010, Light Bearer est un projet artistique, musical et littéraire, basé sur une histoire écrite par le chanteur, Alex CF (ex-Fall Of Efrafa, ex-MomentumMorrow, Archivist, ex-Worst Witch), influencé par les écrits de Philip Pullman (His Dark Materials), le Paradis Perdu de John Milton, et le Livre de la Genèse.

L'histoire se partage en quatre parties, Lapsus, Silver Tongue, Magisterium et Lattermost Sword complétées par plusieurs EP et splits dont Beyond The Infinite, The Assembly Of God, introduction au premier album. La narration débute avec l'éviction de Lucifer, déchu après avoir défié Dieu. Il est banni du Paradis. Dans les geôles Lucifer interroge le maître des lieux, une entité qui clame que l'Univers est sien. Il découvre alors que son maître est un menteur et fait alors le vœu d'apporter la torche de la lumière à toute vie dans tous les univers. L'histoire se poursuit avec Silver Tongue qui voit l'apparition d'un nouveau personnage: Eve. Celle-ci paiera le prix fort pour avoir embrassé la cause de Lucifer dans son combat pour la vérité.

Le 8 juin 2015, en plein processus d'écriture du troisième volet de la tétralogie, le groupe annonce sa séparation. 

Chroniques

Silver Tongue Lapsus
17 / 20
3 commentaires (16/20).
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Silver Tongue ( 2013 )

La déchéance de Lucifer a été prononcée, le point de non-retour définitivement atteint malgré les dernières injonctions de l’Autorité. A l’ordre de se soumettre « Yield! » Lucifer a pour seule réponse « I cannot, I will not, I will not yield! ». 

Ce second volet de la tétralogie Æsahættr (LapsusSilver TongueMagisterium et Lattermost Sword) voit l’émergence d’Eve, esprit ancêtre de l’humanité à venir. Confrontée à ces deux visions qui s’opposent (celle de l’Autorité et celle de Lucifer), Eve voit clair dans la volonté des faux dieux (« the false gods ») qui cherchent par tous les moyens à empêcher que l’humanité ne soit dotée de conscience et de libre arbitre : le mensonge sur la Création ne tiendrait alors plus et volerait en éclats. Elle choisit donc la voie du Porteur de lumière Lucifer. En représailles pour s’être détournée de la volonté du Créateur, Eve est condamnée à personnifier la chute de l’humanité. Bouc émissaire parfaite, le contrôle de son corps lui est désormais dénié par l’infliction de blessures éternelles, marques d’impureté : les menstruations et la douleur de l’accouchement. Cette bataille est certes perdue mais la torche, ce magnifique fardeau (« Beautiful is this burden ») symbolisant la vérité, a été transmise à Eve qui la léguera à ses descendantes. Un jour, dans plusieurs millénaires, elle arrivera dans les mains d’un enfant qui mettra fin à cette oppression et érigera le libre arbitre en principe fondateur. 

Si le récit d’Alex CF prend encore une fois la forme d’une fable mythologique, c’est pour porter un propos actuel et dénoncer le fait que le sexisme soit un des principes fondateurs des religions judéo-chrétiennes. Ce sexisme trouve son origine dans le « péché originel ». Cette justification métaphysique a servi de prétexte à tous les comportements misogynes, les femmes étant « par essence » moins dignes de Dieu et impures (impureté à laquelle échappe Jésus au travers de sa naissance virginale). Récit allégorique, Silver Tongue est donc une réinterprétation métaphorique de la bible et sa transformation en allégorie de la lutte pour l’émancipation des femmes et, plus largement, de l’humanité contre les croyances obscures.

Tel un plan séquence Beautiful is the Burden reprend les choses là où Lapsus les avaient laissées avec introduction toute en instruments classiques assurant une immersion quasi-immédiate dans l’univers de Silver Tongue. « Univers », le mot n’est pas de trop pour qualifier les 80 minutes qui vont suivre. Un rapide coup d’œil à la durée des six morceaux peut dissuader (18:15, 16:49, 19:40…) tant, nombreux sont les morceaux rendus inutilement longs par la répétition outrancière d’un pattern. Ce n’est pas de cette façon que Light Bearer a décidé d’occuper le vaste espace offert par la durée de cet album. Au contraire, la variété et la richesse des compositions ne cesse de surprendre et de séduire, une fois que l’on est en terrain connu, après quelques écoutes. 

J’avais déjà écrit cela à propos du Covenant of Teeth de Morrow : Alex CF, des instruments à cordes, une fresque épique… voilà donc une formule bien classique. Qu’est-ce qui peut bien justifier, sept ans après sa sortie, de se pencher sur ce disque au travers d’une chronique fleuve ? Certainement qu’il s’agit là, si ce n’est du meilleur, d’un des meilleurs albums de la longue lignée de groupes pour lesquels Alex CF a tenu le micro. Si l’influence de Fall of Efrafa est toujours en filigrane, l’étape franchie en termes d’écriture est tout simplement énorme. L’émancipation est cette fois bien réelle, on sent que le groupe n’a plus de complexes à sortir des sentiers battus par la défunte formation dans le sillage de laquelle il évoluait. Ecrire cela traduit certainement un manque de distance mais le fait est que tout semble sonner juste : les changements de rythme, les nappes d’ambiances, les accalmies et autres passages instrumentaux, les montées en puissance… L'album n’est d’ailleurs qu’une lente montée en puissance émotionnelle initiée dès Matriarch, chargé d’une mélancolie dont l’intensité va crescendo jusqu’à se transformer en révolte, le tout porté par une section rythmique magistrale. Succédant à un revendicatif Aggressor&Usurper, l’éponyme Silver Tongue est l’acmé de ces 80 minutes. Progressivement y prend forme une vague chargée d’émotion, porteuse d’espoir qui finit par s’imposer, se répandre et envahir tout l’univers sonore. Ce qui rend cet ultime morceau si particulier c’est qu’alors que tout semblait fini au bout de 13 minutes, il se relance de façon inattendue, illustrant une forme de perpétuel venant entrer en collision frontale avec la destinée du groupe qui se séparera environ deux ans après la sortie de Silver Tongue. Les derniers instants de l’album qui étaient censés préfigurer l’entame de Magisterium sonnent donc de manière amère. 

Bouclons désormais la boucle ouverte par la chronique de Lapsus : la suite fut effectivement grandiose mais hélas le manque de temps et, surtout, la réalité des relations humaines firent que la tétralogie Æsahættr, cette ambition démesurée, ne sera jamais achevée.

Silver Tongue s'écoute sur bandcamp.

A écouter : dans la continuité de Lapsus et en fantasmant une suite
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7 commentaires (16.43/20).
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Lapsus ( 2011 )

We are the sons of fire, we are the daughters of light...cette phrase marque le dernier défi lancé par Lucifer à l'autorité avant sa déchéance. Pour beaucoup, les croyants en général, Lucifer est l'incarnation suprême du mal, l'autre appellation de Satan, pour d'autres il est celui qui porte la connaissance, la vérité...Deux significations, deux manières de voir les choses et une nouvelle charge lancée à la face des obscurantistes de tout poil. Alex CF en avait fait l'un de ses chevaux de bataille dans Fall Of Efrafa. Light Bearer est sa suite, indéniablement. Le chapitre change mais l'oeuvre reste la même. Un pari ambitieux, peut-être davantage (sûrement même) que The Warren of Snares. Cette dernière avait pour elle ce coté instinctif mais qui n'aura pas su éviter tous les écueils. Lapsus reprend l'aventure là où FOE s'était arrêté. Une œuvre déclinée en sept actes, comme un livre, comme un opéra. Plus qu'un concept-album, un ouvrage où le texte et la musique font partie intégrante d'une même dynamique, en parts égales. Une source majeure pour ce premier volet, le Paradis Perdu de Milton, décortiqué et réinterprété.

Musicalement on reste dans le même esprit que FOE dernière époque, de grandes nappes sonores épiques avec alternance de silence et de longues phases bruyantes. Difficile d'extraire un morceau plutôt qu'un autre tant l’œuvre se décline telle un bloc massif et unique. Mais niveau ambiance, plutôt deux mouvements, l'un concernant une mise en place jusqu'à l'accusation, puis le signal de la déchéance qui occupe les vingt dernières minutes du disque. Une montée progressive, prudente, presque timide, incertaine, matérialisée par une longue plage introductive, ponctuée de murmures, de caresses de violoncelle qui fait son grand retour, pour illustrer la faute, la soumission ("Prologue", "Beyond the Infinite") ; puis le réveil, la prise de conscience après la confrontation avec le Metatron et le chœur des Zélotes, le quintet sonne la charge, remue ciel et terre, créé le chaos dans un final épique où Lee Husher vient donner un coup de main lyrique à Alex ("Prelapsus"). Light Bearer est une grosse machine organique qui vit, respire, tousse et remue, un monstre rampant qui s'empare de tous les espaces, étouffant, mais se ménageant des poches d'air pour nous permettre d'aller au bout. Avec ses 60 minutes, ce premier volet fait office de marathon pour les oreilles mais de la même manière que la qualité d'un livre ne se résume pas à son nombre de pages, un disque ne se résume pas à son nombre de minutes.

Lapsus est une entrée triomphale, d'une ambition certainement démesurée, une tentative de comprendre les nombreuses facettes de l’obsession humaine, parmi lesquelles la recherche du bien et du mal et toute la subjectivité qui va avec. Une œuvre complexe, massive, qu'il sera impossible d'assimiler à la première écoute, d'autant plus que la comparaison avec FOE sera inévitable. Une fois enterré le passé, on s'apercevra que Light Bearer possède sa propre légitimité et que le groupe devrait aller très loin si le temps et la patience le lui permet. La suite devrait être grandiose...

A écouter : évidemment, c'est un album du moment...