Less Than Jake est un de ces groupes chanceux. On s’étonnera toujours du succès qu’il connaît, comparé à d’autres groupes bien moins connus sortants des albums du même acabit. Alors, à quoi est dû leur renommée? Au nombre impressionnant de concerts et festivals qu’a assuré le groupe depuis sa création en 1992? A une bonne promo? LTJ est surtout un groupe de scène populaire, dont tout le monde a déjà entendu parlé…
Ce CD donc, dernier en date de l’énorme discographie du groupe, étonne. Non pas qu’il soit mauvais, bien au contraire, mais plutôt parce que LTJ nous avait habitué à son style si reconnaissable de ska-punk festif des débuts (Losing Streak, Hello Rockview…) . Et là, la première chose que l’on remarque sur le disque, c’est le coté rock bien plus prononcé, surtout sur la fin de l’album.
Les voix de Chris et Roger sont devenues bien plus émotives. Les mélodies des cuivres sont plus élaborées et plus expressives. Les parties guitares assurent un son plus saturé, de bien meilleure qualité et en définitive, plus rock (bien que moins 'sale') que sur les anciens albums où dominaient plutôt les rythmiques ska en son clair. Là au contraire, la guitare est bien plus présente avec des "bons gros riffs"! Les parties batterie et surtout basse sont toujours aussi bonnes.
Mais là où la différence tranche le plus avec les précédents albums, c’est au niveau de la production! Quel gouffre ! On était habitué à un son de qualité médiocre sans profondeur et en somme, un peu triste. Et bien maintenant, on sent la différence! On le remarquera surtout sur la guitare, bien moins 'fade', sur la basse, plus profonde et plus puissante, et enfin sur la batterie: on voit que des gros efforts ont été fait! La caisse claire a été particulièrement bien réglée, avec des sons différents en fonction des musiques, les toms gagnent énormément en énergie et en harmoniques et les cymbales peuvent enfin s’exprimer! Le mix est bien plus cohérent et permet à chaque instrument de trouver sa place… La voix est moins présente et plus soignée et laisse plus de place aux instruments… Franchement, chapeau bas à l’ingénieur du son! En définitive, le son de l’album est vraiment soigné et en séduira plus d’un!
Les musiques en elles-même sont énergiques, mais le tempo s’est un peu ralenti tout de même. De grands efforts ont aussi été faits sur la mise en place : c’est maintenant réglé comme du papier à musique. Malgré la mention 'Fat', il diffère des autres productions du label par le son, le ton mélancolique assez présent et l’originalité. Le groupe se démarque donc de ses congénères sur plus d’un point…
Tous ces changements mettent donc en évidence l’envie qu’a Less than Jake de passer à autre chose. Le groupe a évolué et veut nous le montrer. Il gagne ainsi en crédibilité. C’est peut être dû au vieillissement. En tout cas, LTJ semble en avoir un peu marre du ska-punk et s’attarde maintenant plus sur les émotions qui peuvent ressortir de leur musiques. Mais, peut-on leur en vouloir après autant d’EP,CD, cassettes et autre? La plupart des groupes font de même à un moment ou un autre…
En conclusion, je dirais que ce n’est pas le genre d’album qu’on écoute une fois et qu’on adore de suite. Il demandera du temps pour être assimilé mais mérite qu’on y prête attention. Oui Less Than Jake laisse tomber le ska, et ça en décevra plus d’un (moi le premier), mais passé ça, on découvre un excellent disque qui fait chaud au cœur, malgré ce que peuvent en dire les nombreuses critiques de fans déçus. C’est donc un album plus mûr que les précédents aux multiples atouts qui apporte un son et une vision différente de la musique comparé aux autres productions Fat. Essai transformé…
A écouter : Magnetic North ; Gainesville Rockcity ; Last hour of the last day of work ; Faction