Les Caméléons ne baissent pas la garde, après plus de 700 concerts et 13 ans de vie commune, voici le sixième album studio, composé de 13 titres enregistrés comme à la 'maison' avec Nikotep (The Libertines, Zabriskie Point) et mixés par Lézart (Noah, Goldman, De Palmas). Une production extrêmement soignée, résolument rock, sans oublier ses racines ska et latino ("Le Soleil d’Italie" ou l’intro de "Mexicain") ; un virage "rock " qui fait un peu penser au tournant engagé, il y a quelques années, par la Ruda (ex-Ruda Salska), dans une musique qui gagnerait supposément en maturité parce qu’oubliant son côté ska/festif. Pas si simple comme équation, mais c’est un choix revendiqué.
Une des plus belles réussites de l’album est le titre éponyme, "Pas de Concession", avec des faux airs de Babylon Circus, une guitare qui a enfin le son dur et rugueux qu’on lui connaît en live, des cuivres (trompette/trombone) toujours aussi voltigeurs et talentueux dont la ligne mélodique entre instantanément dans l’encéphale, le tout appuyé par un texte intelligent. "Bouge pas" rappelle irrémédiablement un refrain typiquement Marcelien (et son orchestre) alors que "Indépendance" s’en va flirter avec la scène rock française.
La plupart des textes est en français, le reste, en espagnol ou en anglais, majoritairement positionné politiquement, ou au moins socialement, même si on reste parfois pantois sur l’intérêt de certaines paroles un peu formatées Rock One (que penser de "Very Nice Girl" ?), alors que la musique (les cuivres encore !), la mélodie et les backing sont si bien inspirés.
En cadeau bonux (au fond de la boîte, cherche bien), pas moins de 5 remixes qui évoquent, eux, des expérimentations sonores des feu-Spook and the Guay (flagrant sur le remix de "Soleil d’Italie"). Ces 5 remixes sont néanmoins de vraies réussites et ne sont pas là que pour rajouter des minutes (Félindra, tête de tigre !) sur la galette des rois.
Au final, on découvre un nouveau visage des Caméléons, tout en conservant la trame de base. Les Caméléons sortent l’album le plus audacieux de leur carrière, et comme à l’habitude, l’album prendra toute son ampleur en 'live'. Parce que rien ne vaut le live pour ce type de groupe. C’est leur force.
A écouter : "Pas de concessions"