Lento
Sludge / Doom / Expérimental

Anxiety, Despair, Languish
Chronique
Il est étonnant de voir que lorsque l'on parle de Lento, on les associe très souvent à Ufomammut, leur voisin de palier transalpin. Mais hormis le fait qu'ils viennent tous deux du pays de la pizza et qu'ils vouent un culte aux lourdes vibrations qui sortent de leurs amplis (ils ont d'ailleurs enregistré une session improvisée ensembles), pas grand chose à voir dans l'approche et le rendu sonore.
En effet, Lento expérimente beaucoup plus que ses confrères, ce qui lui permet de sortir de la case Doom Metal dans laquelle on pourrait à tord l'emprisonner. Avec ce Anxiety, Despair, Languish, qui est déjà leur seconde sortie en l'espace de deux ans, les italiens continuent de faire avancer leur musique et d'aller plus loin dans les contrées malfaisantes et mystérieuses. En fait, Lento rajoute de nouvelles cordes à son arc en brouillant encore d'avantage les frontières stylistiques, car c'est un groupe qui derrière de sérieuses motivations copieuses, à décidément beaucoup de choses à dire, toujours en instrumental. Difficile de catégoriser simplement les expérimentations du groupe tant celle-ci passent de constructions monolithiques à des sphères aériennes en l'espace de quelques secondes. Anxiety, Despair, Languish est en mouvement perpétuel, en recherche constante d'évolutions et déclinaisons d'idées muées par le seul but de troubler l'auditeur qui aura bien intérêt d'être accroché pour tenir la distance sur ces treize morceaux.
Des lourdeurs Doom / Post-Metal des débuts, il ne faut pas longtemps à Lento pour arriver dans des contrées Postcore, Post-Rock voire Ambient. Résolument complexe, bien décidé à enchaîner les cassures et les ambiances, Lento n'a comme seul leitmotiv, celui de nous perdre. A ce jeu là on pourrait craindre un album foutraque, mais l'ensemble d'une quarantaine de minutes (point trop n'en faut avant que l'on décroche) se tient admirablement bien. Que Lento nous ensevelisse par son Sludge sinueux (Death Must Be The Place), nous balance en pleine face des plans impétueux (Questions&Answers), nous apaise (Years Later) ou nous angoisse avec l'inquiétant Inwards Disclosure, le groupe reste cohérent dans son approche.
On pourrait peut-être regretter que les italiens ne développent pas plus certaines atmosphères au lieu de systématiquement partir sur une autre idée, mais ils risqueraient de perdre leur aspect chaotique et intense. Dans tous les cas, si vous appréciez les disques denses, implacables, en constante progression qui ne ressemble à rien d'autre, alors Anxiety, Despair, Languish est fait pour vous.