Latitudes
Sludge / Post Metal / Instrumental

Old Sunlight
01. Ordalian
02. Body Within A Body
03. Amnio
04. Gyre
05. In Rushes Bound
06. Altarpieces
07. Quandary
Chronique
On aurait pu évoquer la splendeur de ce troisième long des Anglais bien plus tôt, puisque livré en début d’année via Debemur Morti, mais assimiler l’épais contenu d’Old Sunlight prend du temps, sans compter d’autres sorties de plus en plus nombreuses. Le généreux dernier album de Latitudes est de celles que l’on ne pouvait décemment pas ignorer. Après le Post-Metal gras et instrumental d’un Individuation au caractère déjà fortement trempé, le quintet approfondit là ses velléités émotionnelles, chatouillant un peu plus sa fibre Black Metal, encouragé par une production exhibant la chair nue de chaque instrument.
Comme ce fut le cas auparavant, les titres d’Old Sunlight sont empreints de mélancolie, allant parfois jusqu’au désespoir, porté notamment par un chant rare, lointain et désabusé, ou des guitares vigoureuses exprimant autant de mélodies fragiles que de lourdeur, mêlée de vélocité aux moments opportuns. Les premiers relents blackisés apparaissent dès le monstrueux Ordalian en ouverture, émanant des deux six-cordes intenables et d’une basse lancinante, ponctuellement soutenues par un clavier que l’on croirait échappé du dernier Aside From A Day. La voix fait son apparition sur l’un des climax de l’objet, Body Within A Body, avec lequel Latitudes compose un paysage obscur, habité d’une poignante tristesse, étalant tout son savoir-faire, pas trop éloigné d’un Burst période Origo.
Pour le reste on se retrouve constamment pris dans un déluge rythmique flamboyant, en particulier l’extase procurée par la précision, les nombreux breaks et roulements mesurés d’un frappeur au feeling désarmant. Structurellement on pense parfois à de la musique classique, ce qui peut rappeler les derniers Gorguts (In Rushes Bound, le fantastique et tortueux Altarpieces), en moins compliqué à digérer, et nulle trace de Death Metal chez Latitudes. Mais des traces, Old Sunlight en laissera forcément, par ses puissantes envolées de guitares, centrales, harmonisées, par son ambiance gorgée de spleen savoureux, capturant notre esprit envouté du début à la fin, ou encore par un ensemble plus compact, homogène et percutant qu’il y a quatre ans.
Malgré un secteur post-truc suffisamment encombré aujourd’hui, les discrets Anglais confirment et subliment des capacités créatives déjà en vigueur sur le très fameux Individuation. Old Sunlight est beau, autant par la forme que le fond, à tel point que les plus sensibles d’entre nous ne sont pas à l’abri de verser une larmichette. Avec cet album pertinent et sans lignes droites Latitudes se hisse nonchalamment tout en haut du panier de la scène.
A écouter : 1
Objet disponible sur le Bandcamp de Debemur Morti.