Si dans la mythologie grecque la "tanière du Minotaure" n’est autre qu’un labyrinthe élaboré par Dédale sur l’île de Crète, la musique du trio chicagoan n’a toutefois rien de mathématique ni de cérébral. Loin de là. LOTM donne immédiatement le ton, après Carnage voici The Ultimate Destroyer, nouvelle agression en neuf titres perpétrée sous l’inspiration des racines et des pans les plus virulents du métal.
A la manière du groupe High On Fire dans sa dernière évolution, LOTM s’inspire du thrash des années 80 dont Celtic Frost et Venom étaient les principaux fers de lance. Un métal aux motivations inavouables, profondément sombres, et imprégné encore par l’insalubre énergie punk/crust. The Ultimate Destroyer s’en fait donc l’écho vingt ans plus tard, avec ses titres assimilables à un grizzly au pas de charge : une vitesse certaine, pataude, mais définitivement belliqueuse. Le batteur de Pelican profite d’ailleurs de l’occasion pour balayer d’un revers de main, on peut même dire d’un coup de double pédale, les reproches émis à son encontre sur les dernières productions de la formation postcore. Son jeu est varié, passant allègrement du sprint thrash aux blasts beats instantanés, sans oublier évidemment les parties plus lourdes. Les guitares ne sont pas en reste avec ces riffs à la hargne typiquement urbaine, s’apparentant tantôt à un Sepultura plus graisseux, ou rappelant fugacement Slayer pour les pointes dans les aigus. Hélas, elles sont rapidement rattrapées par la tendance trop "bourrine" du groupe qui les rend excessivement rébarbatives, voire pénibles, d’autant qu’elles bénéficient d’un grain très massif occupant l’espace sonore comme un ours des Montagnes Rocheuses au garrot. Un animal décidément omniprésent, puisqu’on ne peut s’empêcher de s’y référer en ce qui concerne le chant de Steven Rathbone. Le grand gaillard privilégie en effet vociférations caverneuses et autres grognements coléreux conformément à la violence ostentatoire entretenue par le groupe, quitte à être à la longue un peu crispant.
Un chant qui se fait également très criard puisque LOTM va piocher modérément dans les ténébreux styles qu’il affectionne. En témoigne les passages sludges très écrasants et efficaces incorporés au milieu de ce ravage (l’intro martiale de Behead The Gorgon, ou encore Cannibal Massacre), le black métal éloquent de Engorged With Unborn Gore qui n’aurait pas dépareillé sur les deux derniers opus de Satyricon, ainsi que le final doom de The Hydra Coils Upon This Wicked Mountain et ses sept minutes de noirceur rampante.
Une diversité réellement salvatrice pour le disque, car en dépit de sa courte durée (38 minutes), son écoute intégrale s’avère assez éprouvante au final. Le Minotaure et ses riffs assommants, passablement répétitifs dans l’ensemble, font preuve d’une intransigeance telle qu’on a le sentiment déplaisant que la créature nous saute à "sabots joints" sur le crâne pour que çà rentre.
Les atmosphères ne sont donc pas à la fête sur The Ultimate Destroyer. Le but n’était vraisemblablement pas là au vu de la carrière du groupe et de son background, mais il n’en reste pas moins que Lair Of The Minotaur tombe dans l’écueil de la monotonie malgré ses rares appels aux gimmicks d’autres scènes. On lui préfèrera largement le Blessed Black Wings d’High On Fire qui, tout en s’appuyant sur les même références, restitue un condensé plus maîtrisé, réfléchi, et personnel du thrash/métal old school.
Ecouter : Deux titres (The Ultimate Destroyer et Cannibal Massacre) sur la page MySpace du groupe.
A écouter : Behead The Gorgon, Cannibal Massacre, Engorged With Unborn Gore.