Initialement axé sur un Goth Metal mélancolique, Lacuna Coil a su au fil des ans évoluer, s’adapter, devenir plus heavy et plus mélodique. Aujourd'hui, probablement suite au récent chamboulement de line-up (le guitariste ayant décidé de quitter le groupe, les Italiens continuent en quatuor, Marco Coti Zelati assurant les basses, les guitares, et les claviers), Lacuna Coil avance encore vers un nouveau style musical. Delirium, ou comment transformer un groupe à la Within Temptation en combo de Metalcore moyen.
Malgré quelques parties mélodiques comme le pont de Blood Tears Dust ou celui très réussi de Downfall, l’album est principalement composé de rythmiques Core, tout en syncope, en saccades, sur des notes graves et peu variées. Les couplets de The House Of Shame annoncent la couleur, puis ceux de Broken Things, puis ceux de trois quarts des titres, lassant finalement l’auditeur. Mais il faut reconnaître que cette nouvelle formule sied à merveille à Andréa Ferro, dont le chant guttural est largement mis en avant. On peut aussi citer quelques plans plus recherchés tout en restant dans le domaine de la mosh-part, comme les contretemps du refrain de Take Me Home ou l’intro de Ghost In The Mist, un titre assez réussi au passage, qui incarne assez bien les possibilités que le groupe aurait pu s’offrir, entre approche dynamique et sens de la mélodie.
Mais cela ne suffit pas à rattraper un album en demi-teinte, mené par une Christina Scabbia inconstante. Habituellement figure de proue de Lacuna Coil, la chanteuse frôle parfois la faute de goût, comme dans le refrain de Delirium, qui revient cinq fois en trois minutes vingt et dont les paroles sont une répétition de son titre, pour un résultat chiant comme la grêle. On en vient à lui préférer un rôle de “vocaliste d’appoint” pour épauler Andréa Ferro, alors que le constat inverse s’imposait dans la quasi-totalité de la discographie des Italiens.
L’autre cruel point noir est la présence de titres essayant de construire un pont avec les précédents albums. Moins typés Metalcore et bien plus mélodiques, Downfall, Delirium ou Claustrophobia dans une moindre mesure, semblent sortis de nulle part. Bien que le refrain du morceau éponyme soit dur à encaisser, Downfall est excellente mais difficilement appréciable dans ce contexte, et passe plutôt pour un faire-valoir afin de justifier un changement stylistique mal assumé sur le reste du disque. Ainsi, Lacuna Coil réussi le triste exploit de sortir un album relativement répétitif et pourtant peu homogène.
Delirium fait grincer des dents. Non pas qu’il soit si affreux que ça en tant que tel, mais il donne l’impression que le groupe s’essaye à un domaine qui ne lui convient pas. Ces morceaux ne sont pas trop ambitieux pour eux, ou en deçà des espérances, ils sont simplement à côté de la plaque. Espérons que le combo saura rebondir, ce qui ne devrait pas être difficile s’ils ont la bonne idée de recruter un guitariste (voire deux, ou ajouter un clavier) afin d’opérer à un retour plus mélodique et de renouer avec le Lacuna Coil d’il y a quelques années.
A écouter : Downfall, Ghost In The Mist, The House Of Shame, puis revenir aux albums précédents.