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Biographie

La Gale

Derrière La Gale, se cache Karine Guignard actrice mais aussi rappeuse originaire de suisse. Membre de groupes de Punk dans ses jeunes années, Karine est technicienne du spectacle, elle organise des concerts et s'implique également auprès des enfants de sa région. C'est en 2006 que sa carrière de rappeuse débute, après quelques apparitions sur diverses Mixtapes et en live auprès d'artistes de son entourage (tels Malikah et Rynox), elle participe à l'élaboration de Gaza Meets Geneva, disque enregistré entre Lausanne, Gaza et Genève avec des rappeurs suisses et palestiniens. Son premier album éponyme sort en Mars 2012 chez Vitesse Records, la production est assurée par Christian Pahud batteur des Honey For Petzi. Trois années seront nécessaires à Karine pour revenir avec un second méfait, Salem City Rockers produit par Al'Tarba (Droogz Brigad) et I.N.C.H. débarque à l'automne 2015, il est précédé par le premier single Qui M'aime Me Suive dont la vidéo est réalisée par In Filmo Veritas.

14.5 / 20
1 commentaire (16.5/20).
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Salem City Rockers ( 2015 )

C'est le deuxième opus pour la MC suisse, qui succède au très bon album éponyme qui avait fait pas mal de bruit en 2012. La Gale a toujours la rage et n'est pas près de se taire.

Sur ce Salem City Rockers, elle s'est entourée des beatmakers Al’Tarba et I.N.C.H. qui donnent à cet album une nouvelle couleur, toujours grisâtre, sale, mais d'avantage nourri d'influences Abstract, Trip-Hop, Blues ou Punk, finalement plutôt éloigné de l'aspect Electro / Hip-Hop du premier album. Du coup, La Gale tente de nouvelles choses épaulé des deux compères ainsi que plusieurs invités sur certains titres. Il y a évidemment cette énergie Punk/Hardcore qui se dégage des morceaux sur Chiens Galeux par exemple dont on a envie de hurler les refrains ou ces contestations sociales et politiques portées en étendard (« Scandaleuse presse suspendue à chaque lèvre, imprimée sur les flancs jusqu'à décoller la plèvre, la rétine en face sur cadran prioritaire, et une existence sur fond de régime autoritaire » sur Pétrodollars, le sample d'Easy Rider au début de 5000 Km). Les problèmes ne sont pas forcément explicitement pointés du doigt comme chez La Canaille, mais l'auditeur avisé les décéléra sans problèmes. Contre culture, liberté, addictions, révoltes sociales sont autant de thèmes qui peuvent être glanés ici et là, et l'impression de ne pas appartenir à la norme, d'être à part dans une société qui ne nous correspond pas est constante (« Je suis qu'au pied de la montagne, j'hésite franchement à la gravir, pour me retrouver dans un monde auquel je pense pas appartenir » sur Chiens Galeux).

Salem City Rockers témoigne de cette envie de pousser le Hip-Hop vers de nouveaux horizons. Le morceau éponyme confère d'ailleurs au disque une ambiance particulière, avec ces sorcières (de Salem), qu'on pourrait voir plus largement comme les gens à part (« L'utopie comme cible, sorcellerie passée au crible, l'étincelle, le combustible, les cafards, les instables, les nuisibles »), mais fait aussi le lien avec le morceau Quand La Justice sur le précédent disque. La pochette ocre et noire, au style graphique très "Doom" font que l'album reste attaché à ses racines Rock, point de départ de ces teintes Blues (les lignes de guitare sur Qui M'aime Me Suive ou 5000 Km) ou ces envies d'ailleurs (le sample de  5000 Km d'Easy Rider, les influences orientales fort bien amenées de Pétrodollars). De même les éléments Trip-Hop / Abstract comme sur Rubrique Des Chiens Écrasés à l'atmosphère presque Burtonienne, ou Sous Une Rafale De Pierres, noir et abrupte et dronisant fait penser à mix des prod de Psykick Lyrikah et ou de Casey dans le phrasé. Les feats apportent un petit truc en plus, surtout Obaké sur Fantômes Froids 3.0 et Virus sur Sous Une Rafale De Pierres.

Trois ans après son premier effort La Gale ne se répète pas. Bien sûr les thèmes et contestations sont similaires, parce que les problèmes n'ont toujours pas disparu, mais l'écriture est toujours soignée, les textes forts, portés par une rage et une émotion sincère. Et puis la rappeuse explore d'autres pistes et sait s'entourer avec Al’Tarba et I.N.C.H. qui apportent le truc en plus. On conseille, une nouvelle fois !

15 / 20
2 commentaires (16/20).
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La Gale ( 2012 )

Ne vous fiez pas à la gueule d'ange où la nationalité de La Gale, car elle en a certainement plus dans le bide qu'une bonne partie des rappeurs français bidons. Hip-Hop revendicatif, plume corrosive et instrus tapageuses, voilà ce qui vous attend dans ce premier album éponyme qui fait un bien fou parmi toutes ces productions médiatisées et consensuelles.

Le parcours de La Gale est étonnant, mais loin d'être foutraque il semble être l'aboutissement concret de ce qu'est la rappeuse aujourd'hui. De père suisse et de mère libanaise et ses origines métissées, de ses débuts dans des groupes Punk et de ses engagements de chaque instant à l'apparition dans le film De L'Encre par Ekoué et Hamé de La Rumeur, tout semble cohérent pour aboutir à ce premier effort solo. Et quoi de mieux que le patronyme de La Gale pour faire un Hip-Hop qui démange qui dérange. La seule ligne directrice de cet album semble être ce rejet des normes sociétales, complètement Punk dans l'esprit et finalement pas si éloignée des textes de La Rumeur ou de rappeuses comme Casey et Keny Arkana, sous des allures différentes. 

La rage au commissures des lèvres, le verbe aiguisé et tranchant, La Gale touche la corde sensible, appuie là ou ça fait mal et ne fait certainement pas dans la demi-mesure. Elle passe en revue la frime et les faux-semblants sur Tes Balafres au refrain imparable (« On se tape pas mal de tes balafres, Tes thunes et tes palabres, J'suis encrée par la peau et scarifiée au candélabre, Tes rancunes sont bas de gamme, Tes tirades n'ont pas d'âme, Tes théories sont bonnes à être décimées au lance-flamme ») y aborde des thèmes sérieux dont la justice et pauvreté et plus généralement les institutions (Quand La Justice... / Frontières / La Gueule De L'Emploi) et se fait aussi parfois plus abstraite (Fantômes Froids V2.0) où à la limite de la désillusion lorsqu'elle livre ses angoisses (Passe Ton Chemin, Fais Ta Vie). Les instrus Hip-Hop / Electro au groove et basse profondes soulignent la dureté des lyrics et font très bon effet comme sur Trop De Temps (s'il n'y a qu'un titre à écouter de l'artiste, c'est celui-là). On Mate Sur Les Côtés et le bien nommé Frontières se permettent quant à eux des sonorités orientales qui sonnent plutôt bien, alors que Un Singe En Hiver du style Electro club est clairement de trop.

On pourra regretter un disque trop homogène car des nuances auraient pu être appréciable que se soit dans les instrus qui se ressemblent un peu trop et le flow de la rappeuse trop monocorde et répétitif dans les tons comme dans les thèmes traités. D'un autre côté, il faut aussi le prendre comme tel, un pavé dans les vitres des instances sociétales, un coktail molotov qui incendie tout à portée et où les concessions n'ont pas leur place. Malgré ces défauts, la durée de l'album (35 minutes) joue aussi en sa faveur ce qui fait qu'on ne se lasse pas de se l'écouter jusqu'au bout et se le repasser régulièrement.

La Gale est un très bon disque de Hip-Hop pour son flow particulier, son registre dur, vrai et ombragé et ses textes inspirés encrés à l'acide. Certains diraient qu'il n'est qu'à mettre entre des mains expérimentées et ils n'auraient sans doute pas tord, mais ce disque est aussi plus que ça. Il est le témoin de ce qui fait encore vivre et avancer le genre aujourd'hui. Et rien que pour ça, il faut en féliciter son auteur.

A écouter : Tes Balafres, Passe Ton Chemin, Fais Ta Vie
La Gale

Style : Hip-Hop
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Origine : Suisse
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