Trait de caractère assez commun aux formations portées par des musiciens possédant un riche passé musical, LLNN fait partie de ces formations qui avancent vite : en quatre années d’existence, les danois ont ainsi déjà enregistré un EP, deux splits et deux LP.
Dense, abrasif, lourd : Deads satisfait à merveille le cahier des charges type que l’on attend de tout album revendiquant tout à la fois des racines Sludge, Hardcore Post-Metal. D’un côté des guitares aux riffs acérés, de l’autre des plages de synthé puisant leur inspiration dans les films de science-fiction des années 80 et au milieu un chant rappelant forcément celui de Johannes Persson. Qu’il semble en apparence simple de décrire et de vendre la musique de LLNN ! Pour parachever l’exercice, ne resterait plus qu’à convoquer les grands noms de ces dernières décennies : Neurosis, Cult Of Luna, Isis, Godflesh, The Body, Botch, Breach et Converge.
Rien de cela ne serait ni faux ni trompeur et pourtant, s’y tenir et ne pas aller au-delà serait passer à côté de Deads et rester aveugle à cette sensation de voir se dessiner, au milieu de cet amoncellement de distorsions inhospitalières, ces paysages éthérés, fragiles et insaisissables. Les deux composantes caractéristiques de la musique de LLNN (les guitares et les synthés, faut-il le préciser ?) ne font pas que cohabiter à distance, dans des pièces séparées. Si, assez classiquement, les plages électroniques sont essentiellement utilisées pour former des intros, des conclusions ou des interludes (Civilizations / Structures), c’est lorsqu’elles viennent se mêler aux autres instruments qu’elles confèrent aux morceaux une autre dimension. Armada et Deads s’en retrouvent ainsi enrichis et acquièrent une certaine verticalité, une forme d’élévation vers un niveau supérieur, plus aérien.
Officiant dans un genre au sein duquel la recherche du rif abrasif peut facilement conduire à une certaine paresse de composition, où le monolithique peut aisément se transformer en monotonie, LLNN réussit, en huit titres et à peine 38 minutes, à modeler un album duquel se dégage une atmosphère envoûtante.
A écouter : Parallels, Armada, Deads