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Biographie

L'Effondras

L'Effondras prend forme en 2014 autour de trois humanoïdes de la région Lyonnaise (de Bourg-en-Bresse pour être précis) : Pierre Lejeune (guitare), Pierre Josserand (guitare baryton) et Nicolas Bernollin (batteur, de Ni également). Le trio s'articule sur un Post-Rock instrumental, intense et minimaliste à la fois, et sort un premier album éponyme peu de temps après sa formation, avec Niko Wenner au piano. Instrument que l'on retrouvera sur deux EP pondus en 2015, l'ensemble étant distribué par Dur et Doux. Discret, L'Effondras foule quelques planches de caves obscures et poursuit son processus créatif avec un deuxième album en 2017, Les Flavescences, abrité conjointement par Dur et Doux et Noise Parade. Deux ans plus tard le trio voit débarquer Raoul Vignal, qui remplace Pierre Josserand à la guitare baryton, et enregistre cinq nouveaux titres avec François Carle (DopplerVirago) au Little Big Studio de Grenoble. Pandémie oblige L'Effondras patiente jusqu'en 2021 pour sortir le troisième album, Anabasis, hébergé par quatre labels que sont Medication Time Records, Kerviniou Records, Araki Records et 98db.

17 / 20
3 commentaires (17.17/20).
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Anabasis ( 2021 )

Bien que les présents morceaux ont été enregistrés en 2019, quatre ans se sont écoulés depuis la sortie des bouleversantes Flavescences, et pourtant on pourrait imaginer que c’était hier, car Anabasis s’éveille dans un mouvement Blues crépusculaire identifiable entre mille. Les affres du temps n’ont de toute évidence aucune prise sur L’Effondras, créature païenne bienveillante à trois têtes bien pleines, et ce nouvel album le confirme en nous invitant à l’ascension des sommets du monde.

Un voyage découpé en cinq étapes aussi singulières qu’indissociables, où la contemplation d’un horizon infini se mêle à l’envoûtement de chaque instant. The Grinding Wheel démarre d’une roue assurée, électrifiée par les mélodies des deux guitares, dont la baryton cette fois tenue par Raoul Vignal, puis vite propulsée par une batterie qui n’a rien perdu de sa profondeur ni de sa justesse. Ainsi lancé, le périple nous embarque et nous fascine, les jambes sont légères mais les cœurs pèsent lourd. Alors on s’assied un instant pour faire retomber le sang, et observer Ce Que Révèle L’éclipse, ce qui se cache derrière les ombres lointaines. Après une phase d’émerveillement surnaturel, baryton et batterie nous ramènent sur Terre, percutant les parois rocheuses en une valse Rock / Blues transfigurée, emportant quelque poussière d’étoiles dans leur sillon.

Le tempo enlevé d’Aura Phase, titre le moins long, active l’adrénaline et nous encourage à courir sur les vastes plaines, à évacuer les dernières toxines avant de souffler sur le scintillant Anhedonia, grignoté tout de même par une lourde saturation, et terminé dans le lit d’une rivière synthétisée. Transition idéale vers l’escalade du mont Norea, d’où émerge une voix grave entre les interstices rocailleux, ciselés. La lumière s’intensifie au fur et à mesure et devient aveuglante à mi-parcours, les prises se font plus rares mais les guitares élaborent un matelas de sécurité, tandis que les frappes hypnotisent, automatisent nos gestes. A la fin nos corps ne font plus qu’un avec la montagne, le passé peut s’évaporer sereinement.

L’Effondras trace son chemin hors du temps et de l’espace, proposant avec Anabasis une forme d’odyssée vers une inconnue qui se découvre à force d’explorer ce qu’on ne voit plus. Cette idée n’a jamais quitté le trio, mais la Nature, dont nous sommes le fruit, est ici sublimée. La moindre pression de corde, chaque bruit ou claquement de baguettes font entrer nos organismes en résonance avec le vivant. S’en dégage une atmosphère moins émotionnellement touchante que sur Les Flavescences, mais pleine de sagesse et d’assurance, en équilibre sur les reliefs d’un paysage éternel.

Naturellement disponible sur Bandcamp.
Joli clip d'Anhedonia visible ici.

A écouter : et à vivre.
17 / 20
3 commentaires (16/20).
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Les Flavescences ( 2017 )

C'est l'aurore, le brouillard se dissipe, les silhouettes se dessinent. Les Flavescences envahissent le ciel, changent de forme à leur passage et s'évanouissent à l'ombre de la nuit. Elles apparaissent comme les fragments d'une étoile dorée, brillante, sereine et dangereuse par ses branches multiples, sommairement aiguisées.

Alors que nos sens captent le présent spectacle, le cerveau se rappelle du plaisir procuré par l'écoute du premier album de L'Effondras il y a un peu plus de deux ans. L'essentiel demeure, blues écorché, montée d'organes psychédélique, post rock en filigrane, nous, gisant là les yeux dans le cosmos et le sourire niais. Le format des morceaux a subi une mutation mais le fond, la sève de cette créature reptilienne se stabilise, et le trio Burgien nous gratifie d'une nouvelle itération de sa majesté instrumentale, cette fois en concluant par un titre plus long qu'un épisode des Simpsons. Sans calcul, sans boussole, L'Effondras fait avant tout parler les corps, l'instinct, à travers le prisme de quatre fragments donc, énumérés de X à XIII, ornés de guitares – dont une baryton – à la fois rugueuses et délicates, soutenues par une batterie habitée d'une grâce tribale, aussi précise qu'inventive. Là où s'exprimait un piano intervient un trombone, au milieu de la forêt peuplée d'oiseaux lors de quelques poussées d'adrénaline, comme l'ingrédient ajouté au rituel.

Les rayons de cendre permettent d'en goûter la saveur malgré la menace qui plane et martèle sa progression, les mélodies sinueuses de Lux Furiosa pénètrent l'organisme et s'installent, se muent ensuite dans la volupté harmonique. Le temps est désormais indéfini, le silence est d'or, en alerte sont les sens, Phalène tente de les berner par ce qui semble être des vocalises, tandis que les oiseaux ne cessent de converser jusqu'à donner la mesure, avant Le Serpentaire, ultime déambulation, d'où surgit le râle du trombone, l'instrumentation s'octroie une couche de vertige supplémentaire, cristallise les forces en présence afin de sublimer un blues toujours sous-jacent.

Les Flavescences doucement s'éteignent, laissent subsister le chant des volatiles, et de nombreuses traces de leur passage. Le corps et l'esprit sont une nouvelle fois marqués du sceau de L'Effondras, entité précieuse animée par trois êtres humains géniaux, mêlant sobrement leurs tripes à leur cerveau.

"La patience du feu sous la forêt et la primauté des soleils d'exil" sur Bandcamp.

A écouter : sans rien faire d'autre.