Kruelty est une formation japonaise qui n’a jamais fait dans
la dentelle. D’une orientation artistique d’abord tournée vers un Hardcore Beatdown
ultra lourd, le groupe accorde une place beaucoup plus importante aux
influences Death Metal et Doom Metal. Leur premier album, A Dying Truth, sorti
en mars 2020 chez Profound Lore Records et Daymare Recordings, est la quintessence de ce que le
groupe a pu produire alors. Un tourbillon de tout ce que l’on peut trouver de plus
puissant et groovy, réunissant le meilleur de chaque influence en huit titres,
pour un total de quarante minutes.
Véritable parpaing, A Dying Truth propose une atmosphère
lourde, appuyée par une composition qui prend son temps comme il faut. La
majorité des titres, à l’exception du deuxième, Definition,
atteint facilement les cinq minutes. L’ambiance est donc écrasante, balourde,
se développe au fur et à mesure de manière pachydermique. Introduction To…, le morceau introduisant l’album (comme son nom l’indique), pose les
bases d’un voyage intense au sein de la scène underground du pays du soleil
levant à travers ses six minutes de long.
A l’instar des ricains de Xibalba, la musique y est extrême,
caverneuse, mêlant un son Death / Doom Metal à une attitude Hardcore Beatdown fâchée et
agressive. Attitude que l’on retrouve également dans l’esthétique du groupe, le
clip du titre Ancient Words montrent les membres du groupes
cagoulés sous la capuche de hoodies bien larges, arborant les logos de groupes
comme Nihilist ou Dehumanized, influences que l’on ressent dans les
compositions du groupe. Le chant guttural rappelle celui de formations Death Metal
de renom comme Incantation ou encore Sinister. La formation oscille alors entre riffs de
bûcheron aux allures Sludge et breakdowns surpuissants, le tout rythmé par une
caisse claire au son sec, impactant. Les japonais ont un panel d’influences
variées, allant de groupes comme Asphyx ou Entombed à des formations Hardcore
Beatdown japonais comme Denied ou Second To None. Les sonorités doomesques se
font tellement ressentir que parler de Deathcore ici ne serait pas assez
représentatif de la musique du groupe. En exemple, le morceau Darkside illustre bien cette sensation par une basse lente, à la résonance
profonde.
Le pit étant l’essence même de la musique du groupe, on
retrouve chez Kruelty cette volonté d’incorporer un groove omniprésent dans les
compositions, donnant alors ce côté parfois dansant à la musique, pourtant très
brutale et terne. Cela rend finalement le projet assez accessible d’un point de
vue musical, le groupe japonais préférant mettre de côté la technicité pour
privilégier le côté "senti" de leur œuvre, sans pour autant tomber
dans les standards de groupes Hardcore Beatdown un peu bas du front, donnant un
goût de "reviens-y" à la fin de l’écoute.
Avis aux amateurs de sensations fortes, la claque sonore est
réelle. Vraie démonstration de lourdeur et de violence, Kruelty réussit le pari
d’allier la brutalité avec des efforts de compositions intelligents, sans
jamais tomber dans le cliché. A Dying Truth est un album réussi qui plaira aux
amoureux d’expériences sonores extrêmes.