Nul!
À écouter:Pop A Pill
Neuvième album en plus d'une quinzaine d'années pour un groupe qui avait pris un chemin discutable, mais osé. Korn III : Remember Who You Are, petit dernier d'une longue famille de disques de plus en plus controversés, se jette dans le grand bain en pleine chaleur estivale. Remember Who You Are ? Un vague coup d'œil à la pochette rappelle celle de l'éponyme, avec une fillette ayant pris de l'âge et un quatuor qui essaie de rentrer à nouveau dans son survêtement Adidas à paillette, la classe en moins.
Entrons directement dans le vif du sujet. J'entends déjà les remarques acerbes telles "t'as rien compris" ou "écris un album et on en reparle" et autres "t'aimes pas Korn !". De fait, le groupe partage et divise depuis Untouchables, prenait un virage à 90° en 2002 et tentait de renouer avec son succès l'année suivante. Mais entre-temps, d'autres sont passés par là, avec plus ou moins de talent et d'envie. La direction artistique prise sur See You On The Other Side et Untitled était pourtant risquée, mais néanmoins honorable, à défaut d'être fédératrice. Et le drame arrive fin 2009. Remember Who You Are, ou le retour aux sources tant attendu. Un nouveau Korn ? Life is Peachy ? La première écoute semble le confirmer. La seconde et les quelques suivantes aussi. Et les dizaines ou centaines qui se succèderont en seront la preuve. Korn is back, avec un son gras, lourd, un peu glauque et malsain. Mais sans envie, sans passion, avec une basse identique à Follow The Leader, un chant larmoyant tiré du premier album et des riffs qui rappelleront une paire de souvenirs. Tout se révèle exagéré, peu crédible, surjoué, à la manière d'une tragédie moderne aux faux airs grecs.
Comme une mauvaise sitcom américaine, tout est déjà joué d'avance : Davis se transforme en enfant gâté, Fieldy a décidé de laisser flotter les cordes de sa basse comme il y a 10 ans, Munky manque d'inspiration et le jeu de batterie passe inaperçu. Constat amer d'un fan déçu, qui sera ravi par la sensation de retour arrière enclenchée dès la première seconde mais dépité par Korn qui se parodie lui-même. Quand Deftones incorpore quelques sonorités "old school" dans Diamond Eyes, les autres font table rase et effacent 10 ans de culture et d'évolution. Enorme loupé au final, salto arrière qui se finit sur une nuque brisée et des sourires crispés.
Heureusement, comme par magie, certaines ambiances tiennent le choc. Are You Ready To Live? sonne comme une suite de Follow The Leader, les rythmiques torturées de Pop A Pill feront leur petit effet et le chant de Lead The Parade n'est pas dégueu' du tout. Basique, efficace. Trop peu malheureusement, dommage que cela ne dure qu'un temps et qu'il faille fouiller pour ne pas oublier la galette au fin fond d'un placard, entre le dernier Linkin Park et la tête verte de Limp Bizkit. Remember Who You Are ? Pas tout le temps en tout cas.
Il aurait fallu que Korn continue sur sa lancée, que le combo continue à lancer les dés de la chance. Korn III : Remember Who You Are est juste une tentative avortée de retour aux sources, encore moins crédible que Take A Look In The Mirror, et surtout fade et peu inspirée. Alors que Davis et ses sbires avaient tenté autre chose, faisant un pas en avant à la manière d'Enslaved dans un autre registre, ce nouvel opus est un immense bond en arrière, l'envie en moins. La prochaine fois qu'un groupe annoncera un retour aux sources, j'espère juste qu'ils ne parleront que du look...
Ou comment tenter un retour en arrière non réussi. On retrouve tout ce qui a fait le succès de Korn : les voix plaintives, la basse slappée, la lourdeur, ... mais pas l'état d'esprit. Tout semble un peu forcé, les refrains tombent d'on ne sait où. Korn essaye de se retrouver mais finit par se perdre.
Après, ce n'est pas vraiment mauvais, c'est juste un peu fade (le son est trop étouffé). Pris un à un, les titres sont même plutôt pas mal, il n'y en a pas un qui ressort du lot, ni un qui est vraiment à la ramasse. C'est plutôt une impression générale. Celle d'écouter un truc que j'ai déjà entendu 10 fois, un truc forcé, un truc qui ne me touche pas.
Avec un meilleur son, des morceaux moins formatés dans leur structure et moins de jérémiades "pour faire comme avant" cet album aurait vraiment pu être une tuerie.