Après 5 ans d'existence et une grande expérience de la scène acquise (concerts avec Kargol's (RIP), Homeboys, Lofofora, Burning Heads...), le groupe a déja collaboré à de nombreuses compil' (avec Off Your Head, Minimum Serious, No Time to Lose...) dont la compil' Frenchcore 2 avec Nostromo, Inside Conflict, et commence donc à connaitre son sujet comme le prouve la maitrise de cet album.
Dès l'intro très atmosphérique, on est plongé dans leur univers à l'ambiance sombre, métallique, oppressante. Une grande violence ressort de cet album qui sait pourtant varier les thématiques, tantôt lourde, tantôt joyeuse, mais toujours avec cette rage des textes (en français) caractéristiques du groupe. Le son est énorme, la production irréprochable (certains trouvent les voix trop effacées mais bon...), on trouve des effets, des scratchs, des passages fusion, du chant hip hop, des cuivres bienvenus, des morceaux festifs, le chant déclame les textes sans jamais rendre l'ensemble indigeste. En effet Kobayes se réclame incontestablement de la scène hardcore mais contrairement à beaucoup, le chant et les choeurs rageurs restent toujours accessibles jamais hurlés, au service des textes et c'est très agréable à l'écoute.
Tout y passe, morceau après morceau ou au sein du même titre variant les styles, les rythmes, et les ambiances, du speedé aux riffs bien lourds, le head banging n'est jamais très loin! Qu'ils critiquent le rap "moyen d'expression aujourd'hui gangréné par le pognon", qu'ils dénoncent l'indifférence de notre "beau pays qui laisse crever les plus démunis" ou qu'ils encouragent à l'action citoyenne ("démarque-toi d'une jeunesse qui a déja laissé tomber"), les Kobayes sont à l'opposé de la scène mélo française en plein développement, encouragéé par le succès des UCMFM et consort.
Le groupe prend la tendance à contre-pied quitte à passer, auprès des moins ouverts et tolérants, pour un groupe fourre-tout au style patchwork sans identité. En assumant ses envies, ses influences multiples et en se foutant des étiquettes les Kobayes maitrisent tous les genres de la scène underground, du ska au hardcore intense, et à l'écoute d'Unité ce sont finalement les différents styles qui s'adaptent à leur son et pas l'inverse, la Kobayes-Touch quoi... Kobayes animaux d'expérimentations... Kobayes aussi en référence à leur révolte envers des conventions établies par un minorité de puissants qui dictent la vie de milliards d'autres.
Le maitre mot est donc le gros son, instinct hérité de la scène qu'ils devront affiner pour le nuancer et le diversifier mais qui, pour un premier album, suscite tous les espoirs. Petites critiques: les textes pourtant très réussis, ne sont pas dans la jaquette, avec 25 minutes l'album est un peu court mais à noter l'univers graphique très réussi, créé par Ian, le bassiste et infographiste, allez voir le site!
Moins punk-roots que certains dans la zik, Kobayes l'est surement beaucoup plus que d'autres par la mentalité et la démarche artistique. Toutefois certains pourraient avoir du mal à considérer Unité comme un album de punk et il serait dommage de passer à coté par simple sectarisme musical. Car si je les cite, "la vraie force n'existe que dans l'unité" et si le principal c'est de "toujours dans l'esprit rester hardcore", c'est aussi de la pluralité et de la volonté de rassembler que naissent les meilleures choses. A découvrir absolument si, comme moi, vous cherchez quelquechose de plus lourd, sombre et engagé entre deux albums de mélo à 100 à l'heure!
A écouter : Intro+Vengeance ; A Vendre ; Hcx 95 ; Unit