Knotwork, tout petit combo de la région de Philadelphie faisait partie de ces groupes underground à l’extrême, sûrement autant par obligation que par conviction. Conséquence logique : leurs travaux sont, à l'heure actuelle, de véritables raretés qu'il est extrêmement difficile (voire impossible) de se procurer. Dommage car sur cette démo sont présents cinq des huit titres jamais enregistrés par le groupe. C’est bête à dire, mais cela fait déjà plus de la moitié.
Son crade, basse en avant, conviction, jeunesse et énergie sont l’essentiel des composantes de ce petit bout d’années 90. Nos quatre gars à la dégaine de grands adolescents nous servent ici cinq petites bombes d’un Emo / Hardcore old school qu’ils semblent se sortir tout droit des tripes. Une déferlante d’énergie juvénile sans artifices qui suinte la sincérité et l’euphorie du moment présent. Le groupe semble agir comme dans l’urgence d’un besoin irréfrénable de laisser éclater son message, la conviction chevillée au corps et l’espoir en étendard malgré l’expression d’un malaise évident. Une certaine manière de combattre…
Direct au point de laisser une impression de quasi compulsivité, ce premier enregistrement n’en est pas pour le moins varié et réfléchi. Un titre comme Fuck your drugs - intitulé on ne peut plus explicite - prend littéralement à la gorge au cours de ses montées progressives vers deux explosions d’une révolte non feinte et toujours plus intense. A l’inverse All fall down, premier titre de la démo, rentrera directement dans le vif du sujet après un court riff de guitare avant d'accentuer continuellement la pression sur un auditeur probablement déjà à genoux en train de hurler « Aren’t we all / falling down ?!! » en cœur, le poing levé, et de venir l’achever sur une accélération punk irrésistible au cours d’une dernière ligne droite d’anthologie.
Le groupe met tout ce qu’il a dans cette démo qui fleure le système D à des kilomètres et qui,malgré le temps et un son suranné, aura su garder une fraîcheur et une spontanéité à se damner. Moins mature que le 7" qui paraîtra peu après, cette dernière contient cependant le potentiel latent que les trois ultimes titres des pennsylvaniens se chargeront de faire éclater au grand jour, éclaboussant de classe et de sincérité quiconque y prêterait l’oreille. Moins « essentielle », moins ultime que l’objet qui suivra, cette démo reste néanmoins le point de départ et le quasi aboutissement de la carrière éclair d’un groupe habité d’une sincérité rageuse qui marquera durablement le microcosme Emo Hardcore.
Knotwork ou l’incarnation même d’un genre et d’une époque ? Peut être. En tout cas une chose est sure : avec ou sans repères stylistiques, la nostalgie et l’émotion sont réelles à l’écoute de ces cinq titres aussi anecdotiques à l’échelle de l’histoire de la musique que passionnés, passionnants et fédérateurs.
A écouter : Intégralement