logo Knocked Loose

Biographie

Knocked Loose

Knocked Loose est un groupe fondé en 2013 à Louisville dans le Kentucky. Après un premier EP intitulé Pop Culture et sorti chez Little Heart Records, le groupe commence à se bâtir une petite réputation fondée sur la violence de leur musique. Après un split avec Damaged Goods ainsi qu'un EP éponyme, tous les deux sortis chez No Luck Records, le groupe enregistre son premier album qui sort en 2016. Laugh Tracks paraît chez Pure Noise Records et permet au groupe d'enchaîner les tournées, notamment en Europe avec Comeback Kid et Every Time I Die. Trois ans plus loin le quintet de Louisville sort A Different Shade of Blue toujours abrité chez Pure Noise, invitant notamment la voix d'ETID, Keith Buckley, sur un titre.

16 / 20
2 commentaires (15.25/20).
logo amazon

A Tear In The Fabric Of Life ( 2021 )

On ne présente désormais plus Knocked Loose : quelques EP et deux LP auront suffi au quintet de Louisville pour passer du statut de sensation du moment à celui de fer de lance de la nouvelle scène Hardcore américaine.

A l’instar de ses prédécesseurs, A Tear In The Fabric Of Life est frontal, brutal, rapide, agressif… Le sentiment d’agression sonore décrit dans les chroniques de leurs précédentes productions reste toujours d’actualité mais ce qui rend la trajectoire d’un Knocked Loose intéressante, et qui fait qu’on continue de vous en parler, c’est cette capacité à sortir de sa niche initiale tout en ne la reniant pas. Toute exaltante que puisse être la décharge d’énergie brute apportée par le Beatdown, on ne va pas se mentir, on en a souvent rapidement fait le tour. Les américains semblent bien l’avoir compris.

Creusant un peu plus profondément le sillon initié par A Different Shade Of BlueA Tear In The Fabric Of Life apporte encore un peu plus la démonstration de l’importance majeure de la subtilité dans l’exercice de la violence. Enrichis par des ambiances travaillées, les six titres font preuve d’une grande diversité et permettent au groupe d’explorer des voies qu’il n’avait jusque-là jamais empruntées. Forced To Stay, le troisième morceau, est ainsi une succession continue de sections très distinctes les unes des autres, ce qui est assez inhabituel pour le genre. Le morceau alterne ainsi entre nervosité et lourdeur tout en développant une atmosphère très sombre. D’une façon générale, la part laissée aux parties instrumentales, que ce soient au niveau des breaks ou des bridges permet aux musiciens de s’exprimer et d’annoncer des parties lourdes ou rapides avec pas mal de créativité. L’alternance entre le chant toujours plus aigu de Brian Garris, le growl du guitariste Isaac Hale, les passages en spoken words apporte sa pierre à l’édifice de la diversité. On notera également dans ce registre le feat avec Matt King de Portrayal of Guilt sur l’excellent God Knows.

ATITFOL est le résultat d’un plus soin grand accordé par le groupe au process d’écriture et de création artistique, en témoigne le court-métrage d’animation mettant en image le concept développé dans l’EP. Comme Bryan Garris, le chanteur, l’a récemment expliqué en interview, cet EP est leur première production réfléchie à l’avance, que ce soit au niveau des paroles ou de la composition. Jusque-là leurs albums étaient plutôt le fruit de sessions de jam. Quand on voit la différence, on ne peut que les engager à désormais prendre leur temps !

Avec ATITFOL, Knocked Loose poursuit sa mue et s’installe encore un peu plus définitivement dans le paysage de la scène Hardcore actuelle en signant l’un des meilleurs disques du genre de l’année.

ATITFOL s'écoute en intégralité sur bandcamp.

16.5 / 20
10 commentaires (15.85/20).
logo album du moment logo amazon

A Different Shade Of Blue ( 2019 )

Dans une même démarche de mise à jour hardcore amorcée par Code Orange, IncendiaryVein ou Harm’s Way, Knocked Loose avait déjà bien scotché son monde avec Laugh Tracks en 2016, premier album casse-nuques formidablement achalandé, ramassé, forcément propice à la guerre de tranchées une fois restitué en direct dans la fosse. A Different Shade of Blue surprend moins de fait, mais les petits gars du Kentucky s’échinent à perfectionner le bestiau, d’abord à travers une production exquise, ni trop propre, ni trop sale, au service d’un hardcore beatdown metallisé sans le moindre déchet, de la première à la dernière seconde.

L’effet du souffle se manifeste – à l’image de l’entame du précédent disque – dès l’écrasant et bouillant Belleville, où l’on savoure le grain d’une basse omniprésente, des guitares tractopelles au rendu démentiel, une batterie ultra carrée, précise sans non plus délaisser un groove permanent, et un hurleur possédé aux capacités décuplées, doublé ici et là par les vocalises plus grassouillettes (ou growlées) et tout aussi bandantes du guitariste (A Serpent’s Touch, Road 23). L’idée est toujours de casser des gueules sans virages, avec puissance et détermination, et ce deuxième long fait plus que valider cet objectif, dépassant même ce que l’on était en droit d’espérer, Knocked Loose ne se gênant pas pour y greffer des atmosphères un chouïa bruitistes ou nauséeuses, systématiquement bien senties (Guided by the Moon, Mistakes Like Fractures, ...And Still I Wander South), ou encore d’inviter l’excellent Keith Buckley (Every Time I Die) à venir pousser la chansonnette sur Forget Your Name, ainsi qu'Emma Boster (Dying Wish) sur A Serpent's Touch. Malgré cette avalanche d’uppercuts dans les gencives le menu reste équilibré, et le quintet déroule avec une aisance déconcertante, qu’il s’agisse des nombreuses cassures parsemant l’objet ou de la fluidité générale des changements de rythme. Pas un pet de travers, ça file droit et dru.

Ce qui caractérise globalement A Different Shade of Blue c’est une volonté de chaque instant, matérialisée en un bloc de violence implacablement humaine et viscérale, comme si les membres du groupe ne faisaient qu’un, le couteau entre les dents. Rien ne semble en mesure de stopper les coups de massue de Knocked Loose, bel et bien lancé pour rafler les honneurs dans la catégorie « meilleure collection de mandales » 2019.

A Different Shade of Bandcamp.

A écouter : dans une pièce non meublée.
15 / 20
3 commentaires (15.5/20).

Laugh Tracks ( 2016 )

Le Beatdown Hardcore répond à deux exigences : être le plus violent et lourd possible, ainsi qu'apporter le plus possible d'occasion de mosher aux auditeurs, que ce soit afin de détruire leur mobilier ou en concert. Et c'est précisément ce que se propose de faire Knocked Loose sur son premier album, Laugh Tracks

Les bons groupes de Beatdown sont nombreux, mais on parle bien plus souvent de leur performance live que de leur production studio. Laugh Tracks, au contraire est aussi un disque qui s'apprécie autant pour sa bestialité que pour sa personnalité. Les guitares notamment participent grandement à son ambiance assez oppressante par des petits procédés simples mais efficaces comme ces notes aiguës qui surviennent fréquemment lors du titre d'ouverture, « Oblivions Peak » ou bien sur « Blood Will Have Blood ». Mais Knocked Loose ne cherche pas à échapper à son patrimoine génétique et si quelques influences Metallic Hardcore (on pense à All Out War ou Merauder) sont disséminées ça et là, on reste bien face à un disque de Beatdown. On aurait d'ailleurs tort de prendre cela comme une critique car on a pu voir récemment ce que donnent un genre aussi fermé sur lui-même lorsqu’il est mal hybridé comme cela a été le cas avec le dernier Code Orange. On reste donc sur une base solide : riffs de bouchers charcutiers ayant pris l'option découpage à la hache de guerre, batterie qui distribue des patates de forain et hurlements pour accompagner le tout.

Est ce à dire que Laugh Tracks est prévisible ? Indubitablement. Mais n'oubliez pas que le but du Beatdown est aussi de danser et qui a envie d'être surpris quand il danse ? Oui, les parties les plus lourdes et lentes, propices au « moshing », doivent être annoncées (par un silence, un roulement de batterie, un cri ou n'importe quoi, en fait) et c'est bien cela qui les rend si puissantes. À la manière d'un Silent Hill qui annonce, par son ambiance et ses respirations que quelque chose se trame, Knocked Loose navigue en plein phare pour ne surprendre personne mais aveugle par sa vitesse et son moteur rugissant. L'auditeur doit sentir que quelque chose arrive, il doit imaginer ce qui est sur le point de se passer, s'en faire une idée. Que cela le surprenne ou pas n'a que peu d'importance car, dans le premier cas, il est frappé de plein fouet, dans le deuxième cas il accompagne cette violence qui vient de se relâcher, s'intégrant personnellement, émotionnellement et physiquement encore plus dans ce voyage sadique.

Dans le contexte des années 2010, Knocked Loose est intéressant car il ne surprend pas. Il annonce la couleur dès le départ, ne mélange son Beatdown avec quasiment aucune autre influence au contraire de groupes comme Xibalba ou Hatebreed et réussit pourtant à produire quelque chose d'assez intéressant. Et si les plus mal lunés pourront venir se plaindre, prétextant que le genre repose toujours sur les mêmes structures depuis plus de vingt ans, on leur répondra avec le sourire que partout dans le monde, on se trémousse encore sur de la Disco et qu'on ne voit rien de mal là-dedans, bien au contraire. Car ce serait une erreur de penser que la complexité et la surprise amènent forcément des qualités. De la même manière que l'on se fait bercer depuis 5000 ans par les mêmes réadaptations d'histoires de gentils héros contre de méchants anti-héros vieilles comme le monde, Knocked Loose joue du Beatdown Hardcore comme aurait pu le faire n'importe qui, mais ce sont eux qui l'ont fait. Et accessoirement, on aura bien du mal à nous faire changer d'avis sur le fait que « Counting Worms » est l'un des morceaux les plus brutaux et appréciable de l'histoire du Hardcore. Rien que ça. 

A écouter : Sur la piste de danse