Le Klub des Loosers, c'est avant tout Fuzati, un MC Versaillais masqué qui chante les déceptions d'une vie de jeune bourgeois. Vive la Vie, un premier véritable opus considéré comme un monument dans cette mouvant défaitiste et maladroite. Comme il aime à la clamer lui-même, sa vie n'est pas rose, une succession de déceptions humaines qui l'amène à poser son flow petit à petit jusqu'à ce Vive la Vie. Maniant l'ironie et les mots comme certains manient l'épée, Fuzati se venge de son quotidien peuplé d'amers sentiments ("Sous le signe du V", "De l'amour à la haine") à la manière d'une psychanalyse douloureuse ou les syllabes sortent sur un rythme totalement décalé, bien loin des standards du moment.
En effet, la timbre du MC n'est pas que maladroit, il souffre aussi d'un débit irrégulier, avec un semblant de rythme mais un décalage face aux instrus. Pourtant, cela fait la force et la singularité, sur Vive la Vie, du frontman : jouer sur une espère de flux ininterrompu de mots, de sons (les jeux sur les sonorités dans "De l'amour à la Haine"). Il n'y a qu'a voir "Dead Hip Hop" pour faire le parallèle avec L'Atelier, qui joue sur le même terrain (on y retrouve d'ailleurs Fuzati) mais avec plus d'humour. Du moins, moins grinçant mais plus virulent.
Pourtant, Vive La Vie n'est pas un disque facile d'accès ni à mettre entre toutes les mains, à la manière d'un Nonstop. Trop de décalages par rapport aux standards, de cassure face aux habituels refrains, à un tel point que les instrus sont les éléments les plus abordables. Le Klub des Loosers n'est pas à aborder comme un groupe de HipHop classique, plutôt comme un assemblage de samples, de mots et de mal-être.
Les subtilités de ce disque ne se dévoilent que très lentement, à un tel point que la première écoute peut paraitre brouillonne, sous médocs. L'idée que Vive La Vie puisse plaire semble irréelle, impossible, et pourtant les 18 titres font leur effet. On y croirait presque pas la première fois.
Vive la Vie est une ironie musicale parfaite. A l'apparence maladroite, ce disque est pourtant savamment construit pour laisser brûler des titres comme "De l'amour à la haine" ou "Baise les gens". Bien que proche humainement des TTC ou Svinkels, Le Klub des Loosers manie plus l'ironie que le second degré, laissant Vive la Vie pour ce qu'il est : un album complètement à côté de la plaque à ne pas mettre entre toutes les mains.
Vraiment bon cet album, ça fait depuis...8 ans maintenant (le temps passe vite) que je l'écoute assez régulièrement, me surprenant à connaitre certains morceaux quasi par cœur, malgré le flow approximatif et geignard de Fuzati.
En fait cet album serait vraiment à chier s'il était bon, ce flow. Paradoxal, oui, mais ça colle tellement à ces textes ironiques, plaintifs, et agressifs. Bref, c'est un défouloir autre que le gros son métallique, et des fois, c'est bien, parce que... ça change.